vendredi 17 mai 2024

Penny Arcade - Backwater Collage [Tapete Records]

Chamber folk, post-hardcore, black metal atmosphérique, indietronica, country honky tonk, metalcore, neo-psychedelia, pop hypnagogique, neoclassical : il existe des centaines, des milliers de genre musicaux, et chaque nouvel album semble en amener un nouveau. C'est souvent assez vain au final mais plutôt drôle de voir l'ingéniosité de certains pour arriver à définir le style particulier d'un groupe ou d'un disque pas si différent de beaucoup de ses congénères. Pourtant, un genre manque à l'appel : la sunday pop. Ou la pop du dimanche. Celle qui sied parfaitement à ce jour de repos qui se doit d'être paresseux, où sieste et assoupissement doivent être les maîtres mots. 

Le premier album de Penny Arcade, groupe anglais formé autour de James Hoare de The Proper Ornaments est de ceux-là. 'Backwater Collage' est un disque de pop résolument fatiguée, dont les mélodies, le rythme, la voix comme effacée et une production ronde et cotonneuse vous bercent par leur langueur et leur beauté. Un album court (onze chansons pour à peine trente minutes) mais absolument délicieux de bout en bout.

Il était donc curieux de savoir si Penny Arcade arriverait à recréer sur scène l'ambiance ouatée de 'Backwater Collage' et embarquer son monde dans la torpeur de sa pop, un jour de semaine qui plus est. Les quelques spectateurs présents au Sonic de Lyon ce jeudi soir vous répondront par la négative. Car le quatuor anglais a préféré s'appuyer sur One More (dernière chanson du disque et qui révèle quelques nervosités aiguisées) et donner un tour tout à fait électrique à ses chansons. Au diable l'indolence, vivent les guitares qui n'en finissent plus de riffer, la batterie qui claque, la basse qui assourdit, les morceaux qui s'éternisent (le dernier a bien du durer une dizaine de minutes), le bruit qui s'intensifie et l’enthousiasme qui s'impose peu à peu.

Certes on pourra ergoter que le son était trop fort (ce n'est pas ce soir que j'ai amélioré l'état de mes acouphènes), que la voix de James Hoare n'était assez mise en avant. Mais à part ça ? Réussir à donner une version aussi nerveuse et réjouissante d'un 'Backwater Collage' si beau et lazy au possible (quand bien même quelques chansons laissaient à voir quelques timides percées électriques), c'est du grand art de la part de Penny Arcade ; et ce n'est pas donné à tout le monde. De la sunday pop qui se transforme thursday night pop sur scène en somme. Pour un résultat tout aussi épatant. (Sortie : 3 mai 2024)

Plus :
'Backwater Collage' de Penny Arcade est en écoute sur la page bandcamp du groupe
'Backwater Collage' de Penny Arcade est en écoute sur la page bandcamp du groupe
'Backwater Collage' de Penny Arcade est également
en écoute et à l'achat ici


Trois chansons de 'Backwater Collage' de Penny Arcade en écoute aujourd'hui. One More et sa fin riffeuse à souhait (
en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis le magnifique Don't Cry No Tears. Et enfin, Jona, la chanson d'ouverture :

Trois singles ont été extraits de 'Backwater Collage' de Penny Arcade, dont voici les clips, avec par ordre d'apparition Don't Cry No Tears, Jona et When The Feeling Is Gone :

mercredi 15 mai 2024

[Track of The Day] Cloud Cult - I Am A Force Field

Tout juste deux ans après un 'Metamorphosis' qui les voyait reprendre de très belles couleurs, les Cloud Cult sont de retour avec un nouveau single, I Am A Force Field. Une chanson Cloud Cult à souhait, mélancolique évidemment, mais aussi nerveuse et puissante (leur nouvelle marque de fabrique depuis quelques disques), avec la voix de Craig Minowa toujours pleine d'affliction qui chante le manque d'estime de soi, cette incapacité que nous avons tous (certains beaucoup plus que d'autres) à dévoiler nos sentiments ; mais aussi cette force qui sommeille en chacun de nous et qui nous permet, parfois, de casser ces barrières qui nous contraignent chaque jour un peu plus.

Pour l'instant, aucune annonce quant à un nouvel album qui viendrait accompagner I Am A Force Field. Mais on peut parier sans trop se tromper qu'il est dans les tuyaux. Et ça sera à nouveau une belle nouvelle : le monde a plus que jamais besoin de chansons de Cloud Cult et de leur mélancolie qui vous étreint et vous bouleverse.

Album : -
Année : 2024
Label : Earthology Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, I Am A Force Field de Cloud Cult est également en écoute ci-dessous :

Le clip de I Am A Force Field de Cloud Cult :

mardi 14 mai 2024

[Track of The Day] Laetitia Sadier - Don’t Forget You’re Mine

Ce n'est pas toutes les semaines qu'on a l'occasion de passer son lundi soir avec une légende. Alors il était hors de question de rater le concert de Laetitia Sadier au Sonic de Lyon hier, qui ouvrait par la même la tournée de son nouvel album 'Rooting for Love'. Devant une salle bien remplie, entourée d'une clavier/machine, d'un bassiste et d'un batteur (elle s'occupant de la guitare), l'ancienne chanteuse de Stereolab a pendant une heure très bien honoré toutes ses dernières compositions devant un public très à l'écoute - mais enthousiaste -, qu'elle dominait de sa stature assez imposante (je ne l'imaginais pas aussi grande).

Pas avare de petites blagues, de quelques messages d'amour ('Rooting for Love' ne vient pas de nulle part), laissant à Nina la clavier le soin de - très bien - chanter The Dash, Laetitia Sadier a mené le sourire aux lèvres cette heure de musique, dont on peut ressortir notamment deux moments. Le premier, très anecdotique et qui m'a fait rire, lorsqu'elle a dédié un morceau au philosophe Bernard Stiegler et qu'un membre du public a lancé un « wouhou » tout à fait euphorique (ce qui n'est pas anodin dans un concert pop vous admettrez).

Le second beaucoup moins drôle, lorsqu'elle a présenté la chanson Don't Forget You're Mine (en écoute aujourd'hui), accessoirement ma préférée de l'album. Un titre qui commence de manière tout à fait banale mais qui très vite prend une grande ampleur avec une orchestration fournie et délicieuse. Ce que la musique ne dit cependant pas (et ce que Laetitia Sadier a eu le bon goût de préciser), c'est que Don't Forget You're Mine parle de violences domestiques. L'histoire d'un homme qui, au retour d'une conférence de sa femme où celle-ci a pris toute la lumière et a croulé sous les félicitations, ne supporte pas cet état de fait, l'accable de reproches («Since we came back from your lecture, you were quite overexcited, no time for hugs and kisses, too many calls from your friends; who's your man, who's your first corrector?») avant de l'accabler de coups («A good slap is what you need, a good slap is what you want, take that, take that, get up get up babe»). Un contexte essentiel et qui rend la chanson, s'il était besoin, encore plus réussie et puissante. Un morceau qui est sans doute le grand moment de ce bien joli concert, parfait pour un lundi, de la part, répétons-le, d'une légende.


Album : Rooting for Love
Année : 2024
Label : Duophonic Super 45s / Drag City

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Don’t Forget You’re Mine de Laetitia Sadier est également en écoute ci-dessous :
 

Autre très belle chanson de 'Rooting for Love' de Laetitia Sadier, voilà New Moon :

lundi 13 mai 2024

[Track of The Day] The Lostines - Southwest Texas

Malgré sa liste d'invités longue comme le bras, The Lostines est avant tout un duo. Celui de Casey Jane Reece-Kaigler et Camille Wind Weatherford, toutes deux originaires de l'Oregon, passionnées de musique et qui, dès qu'elles ont été en âge de le faire, ont décidé de migrer vers la Louisiane et, surtout, la Nouvelle-Orléans pour assouvir leur passion.

C'est là que leur duo est né et a longtemps maturé. Quelques Ep donc, beaucoup de scènes et au bout du compte, 'Meet The Lostines', leur premier et tout à fait remarquable album, publié en février dernier. Un disque entre pop et country, mais celles des années 50 et 60, avec du doo-wop, de l'americana et une certaine idée de comment raconter des histoires. Pour autant, rien de passéiste là-dedans ou de rétro pour faire rétro : la production très juste met bien en valeur l'ensemble de leurs compositions, aux mélodies et aux harmonies vocales (toutes deux sont au chant et à la guitare) très belles, où même un thérémine apporte son joli écot à l'ensemble. 

A l'instar des disques de Tele Novella, autre duo adoré dans ces pages, 'Meet The Lostines' est un petit trésor hors du temps, dont on ressortira notamment Southwest Texas (en écoute aujourd'hui), avec ses choeurs en contrepoint des voix de Camille Wind Weatherford et Casey Jane Reece-Kaigler. Très recommandé.

Album : Meet The Lostines
Année : 2024
Label : Gar Hole Records

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Autre chanson tout à fait recommandable de 'Meet The Lostines' de The Lostines, voilà After Party :

Le clip de Full Moon Night, un des singles extraits de 'Meet The Lostines' de The Lostines :

mardi 7 mai 2024

[Track of The Day] St. Vincent - Violent Times

Difficile de ne pas aimer Annie Clark. Celle qui officie sous le nom de St. Vincent depuis bientôt vingt ans a quand même beaucoup de choses pour elle : une très belle voix, une certaine idée de la pop séduisante, un album absolument remarquable ('Masseduction') et peut se targuer, cerise sur le gâteau, d’avoir été membre des Polyphonic Spree autant que du groupe de Sufjan Stevens (si vous étiez de la tournée 'Illinoise', alors vous l’avez vue sur scène déguisée en cheerleader).

Pourtant, malgré toute l’affection que je peux lui porter, difficile de ne pas ressortir circonspect à l’écoute de 'All Born Screaming', son tout dernier album en date. Un disque chiadé, joliment produit, qui a du charme certes et, ce qui ne gâche rien, une très belle pochette. Le hic, c'est qu'il manque surtout de personnalité. Ultra-référencé, cet album sonne avant tout comme un conglomérat d’influences que St. Vincent aurait suivi doctement sans se les approprier et y mettre réellement sa patte, à tel point que sur chacun des dix morceaux, on se surprend à penser à beaucoup d'artistes (et pas qu'à Prince) mais jamais à St. Vincent.

Alors parfois, le charme opère malgré tout (et malgré nous), comme sur Violent Times (en écoute aujourd’hui), chanson que Mowno dans sa chronique a décrit très justement comme « l’une des meilleures chansons de générique James Bond jamais pondues (officieusement) ». Mais sur la longueur, 'All Born Screaming' sonne avant tout comme un pastiche pop finalement assez anecdotique

Album : All Born Screaming
Année : 2024
Label : Total Pleasure Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Violent Times de St. Vincent est également en écoute ci-dessous :
 

lundi 6 mai 2024

[Track of The Day] Leaf Dog - See Through the Smoke (feat. Sean Price)

'Photosynthesis' est sorti le 2 janvier dernier. Pourtant ce n'est pas le dernier album en date de l'anglais James Leigh. Ce n'est même pas son avant dernier. Ni même l'antépénultième. Non, car celui qui se produit sous le nom de Leaf Dog semble être du genre hyperactif, à sortir tous les beats qu'il a en stock. Ainsi, depuis 'Photosynthesis', Leaf Dog a publié pas moins de six albums, rien que ça. Le tout augmenté de quatre mixtapes de remixes d'albums hip-hop iconiques (Dilla, Fugees, Biggie...). Ce qui, on en conviendra, est plutôt conséquent en seulement quatre mois.

Je n'ai pas encore mis mes oreilles sur tout le reste (il faut dire que je découvre notre homme), mais 'Photosynthesis' est un album hip-hop de bon calibre, avec ses prods à l'ancienne, aux samples de soul (superbe The Official) ou de mélodies pleines de cordes stridentes et tendues (notamment toute la première partie du disque), sur lesquelles Leaf Dog vient - et très bien d'ailleurs - rapper, avec un flow qu'on dirait être celui d'un jamaïcain de cinquante ans.

Alors certes, l'album ne renverse pas la table et ne va pas changer l'histoire du hip-hop. De plus, il sans doute trop long (quasi une heure) et se perd en route. Pour autant, il n'est pas exempt de moments, comme ce See Through the Smoke (avec Sean Price en featuring) en écoute aujourd'hui. Un morceau qui ne sera sans doute pas le dernier de Leaf Dog publié dans ces pages cette année vu la profusion de production dont notre homme est capable.

Album : Photosynthesis
Année : 2024
Label : Real Life Drama Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, See Through the Smoke de Leaf Dog, avec le featuring de Sean Price est également en écoute ci-dessous :

Autre excellent morceau de 'Photosynthesis', voilà le très soul The Official :

jeudi 25 avril 2024

[Track of The Day] Belle & Sebastian - What Happened To You, Son?

Voilà une nouvelle chanson Belle and Sebastian qui m'a pris par surprise. Simple chute de studio de leur dernier - et plutôt quelconque - album en date 'Late Developers', What Happened to You, Son? est pourtant tout ce qu'il y a de réjouissant - et aurait mérité de figurer dessus.

Une chanson « à l'ancienne », genre époque 'Dear Catastrophe Waitress', euphorique comme il faut, pleine d'énergie, avec une mélodie qui a le bon goût de rester dans un coin de la tête et dont les voix doublées et les cuivres (cette trompette, n'est-ce pas là tout ce qu'on aime ?) sont faits pour emballer leur monde. 

Un What Happened to You, Son? qui aurait fait une formidable face-B, où Stuart Murdoch évoque ce sentiment de trahison (que lui même a ressenti dans sa jeunesse) qui étreint tout fan de musique, d'artistes et/ou de stars lorsque ceux-ci changent, évoluent et partent dans une direction qui n'est plus du tout celle de leurs débuts. Une émotion difficile à contester tant nous avons sans doute tous dû y faire face un jour.

Album : -
Année : 2024
Label : Matador Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, What Happened To You, Son? de Belle & Sebastian est également en écoute ci-dessous :

mardi 23 avril 2024

English Teacher - This Could Be Texas [Island Records]

Est-ce la hype anglaise qui m'a fait venir à reculons à ce 'This Could Be Texas', premier album de English Teacher ? Sans doute. Il faut dire que depuis le temps qu'on la suit, on s'est habitué à ses lubies et à ses emballements aussi éruptifs que sans lendemain. Pourtant, le quatuor de Leeds avait plus qu'éveillé ma curiosité l'an dernier avec Nearly Daffodils, épatant single à l'immédiateté dingue. J'aurais dû être le premier à me jeter sur ce disque. Mais trop de louanges, ça questionne, forcément. Alors, même si la première écoute de 'This Could Be Texas' a été plutôt convaincante, ça ne m'a pas bouleversé et j'ai remisé l'album de côté, convaincu qu'on était sur quelque-chose de finalement quelconque de la part groupe aussitôt apparu et qu'il allait aussitôt être oublié.

Quel sot je fus. Car j'ai évidemment donné une autre chance à ce premier album des English Teacher. Déjà parce que la première écoute avait été au débotté (c'est le souci quand on fait autre chose pendant ce temps là et qu'on est à moitié à son affaire). Et puis toutes ces dithyrambes, ça interpelle, ça interroge. C'est perturbant. On a envie d'être sûr de son coup. Mais plus d'hésitation : sachez-le, sûr, je le suis désormais. 'This Could Be Texas' n'est pas un bon premier album. 'This Could Be Texas' n'est pas un très bon premier album. Non, 'This Could Be Texas' est un excellent premier album, du genre qui a une autre période aurait fait date, marqué son temps et son époque. Mais quel disque en 2024 fait date, noyé qu'il est dans un nombre toujours plus grands de sorties hebdomadaires - quand elles ne sont pas quotidiennes ?

Alors plutôt que de vouloir le faire entrer de force dans un panthéon qui n'existe pas, félicitons nous de cette œuvre remarquable des English Teacher. Treize chansons pour cinquante minutes, au fil d'Ariane post-punk mais qui n'en fait pas pour autant un disque post-punk. Car il y a tellement plus ici : de l'indie-rock (I'm Not Crying You're Crying) aux relents slowcore (Albatross, parfaite entrée en matière), de la pop belle à tomber (This Could Be Texas) ou plus synthétique (Sideboob) de balades majestueuses (Mastermind Specialism, You Blister My Paint ou Albert Road, chanson de conclusion à la fin brutale, comme pour rappeler qu'ils viennent du post-punk), de points d'exclamations presque free-jazz (Broken Biscuits), et même de simili R’n’B (sublime The Best Tears of Your Life).

Auréolé d'une production remarquable qui ne subit pas les chansons mais sait s'adapter à elles, d'un mix méticuleux, de basses terriblement soignées, de guitares qui jouent le feu et la glace, d'une rythmique impeccable (élément moteur de l'album), de textes pas anodins et bien dans leur époque, le tout soutenu par la voix toujours plus surprenante et belle de Lily Fontaine qui alterne avec subtilité spoken word et chant, 'This Could Be Texas' est un disque immense, aux compositions, à la construction et à l'unité éclatantes. Un album, un vrai, pensé comme tel, écrit comme tel, assemblé comme tel. La marque des très grands. Ce que sont les English Teacher, assurément. La perfide Albion ne s'est pas trompée. (Sortie : 12 avril 2024)

Plus :
'This Could Be Texas' de English Teacher est à l'écoute sur bandcamp
'This Could Be Texas' de English Teacher est à l'achat sur bandcamp
'This Could Be Texas' de English Teacher est disponible à l'achat et à l'écoute un peu partout


Trois chansons de 'This Could Be Texas' de English Teacher en écoute aujourd'hui. I'm Not Crying You're Crying pour ouvrir le bal, entre post-punk et indie-rock (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis la chanson de conclusion Albert Road, belle et ample comme tout. Et enfin le superbe The Best Tears of Your Life, R’n’B en diable et qui a tout d'un tube :

Beaucoup de singles ont été tirés de 'This Could Be Texas' de English Teacher. Et donc beaucoup de clips. Comme on ne va pas tous les publier, optons pour ceux de The Best Tears of Your Life et Albert Road :

lundi 22 avril 2024

[Track of The Day] Outer World - Forms of Knowing

Beaucoup de belles choses dans ce 'Who Does the Music Love?', premier album des américains de Outer World, le nouveau projet de deux anciens de Positive No, Tracy Wilson et Kenneth Close. Un disque qui a plus des allures de long Ep que d'un véritable album (sept morceaux pour tout juste vingt-trois minutes) mais qui ne manque pas de sacrées chansons, le plus souvent garage-pop psychédéliques, lorgnant parfois vers des sonorités sixties, le tout auréolé d'une production post-punk plutôt parfaite.

Un disque sur lequel plane l'ombre de The Sweeping Promises (c'est le premier nom qui m'est venu à l'écoute de 'Who Does the Music Love?'), de l'ambiance générale en passant par des petits détails (l'intro de Have qui ne peut pas être autre chose qu'un gros clin d’œil à Cross Me Out). Et le fait que les premières démos d'Outer World aient été enregistrées dans leur studio ou que Lira Mondal soit de la partie sur la chanson d'ouverture The Drum the Beat n'y est évidemment pas pour rien. En quelque  sorte donc, Outer World est le petit frère psyché de The Sweeping Promises. Espérons pour lui qu'il suive la même trajectoire.

Album : Who Does the Music Love?
Année : 2024
Label : Happy Happy Birthday To Me Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Forms of Knowing de Outer World est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson très réussie de Outer World, voilà The Drum the Beat qui ouvre 'Who Does the Music Love?' :

Le clip de The Drum the Beat de Outer World :

vendredi 19 avril 2024

[Track of The Day] Lionlimb - Dream of You (feat. Angel Olsen)

Quoiqu'en dise son titre, Dream of You n'est pas une énième chanson d'amour. Enfin si. Mais pas comme on l'entend habituellement. Car celle-ci est dédiée à un chien, celui de Stewart Bronaugh, un des deux membres des américains de Lionlimb. Décédé il y a deux ans, Limbo (c'est son nom, qu'il donne à l'album d'ailleurs) avait une telle place dans la vie de Bronaugh qu'il a longtemps habité les rêves de son propriétaire - des moments, comme il le raconte lui-même, joyeux et quasi réels.

Si les paroles expriment très bien cette sensation (« Darlin', until then I'm gone to sleep again, pleadin' and hopin' for each new day to end, 'Cause all that I can do 'til it comes true Is dream of you »), la joie est plutôt absente de Dream of You. Mais pas la beauté. Chanson de blues rêveur à l'ambiance presque trip-hop, lancinante et langoureuse, elle est habillée par la voix de la formidable Angel Olsen, empreinte de mélancolie, dans lequel on entend quelques soupçons de Jennifer Charles d'Elysian Fields.

Album : Limbo
Année : 2024
Label : Bayonet Records

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Le clip de Dream of You de Lionlimb et Angel Olsen :

mercredi 17 avril 2024

[Track of The Day] RJD2 - Through It All (feat. Jamie Lidell)

Il était question d'ambiance soulful hier avec la magnifique December In Her Eyes de Pernice Brothers ? Continuons donc sur la lancée avec aujourd'hui en écoute Through It All, morceau qu'on n'avait pas vu venir de la part de deux artistes plus si jeunes, à la longue carrière mais dont la gloire est désormais derrière eux.

Les deux en question sont RJD2 et Jamie Lidell. L'un américain, auteur d'un album mémorable en 2002 'Deadringer' (et d'un titre Ghostwriter d'une classe toujours aussi folle plus de vingt ans après, même après avoir été pendant longtemps le générique d'une émission radiophonique humoristico-sportive quotidienne ou d'avoir enchainé les synchro), homme charmant, tiré à quatre épingles au début de sa carrière et qui un jour tomba sous le charme d'Arnaud Fleurent-Didier par l'entremise de votre serviteur. Et de l'autre un anglais, synth-funkeur du futur chez Warp et qui aurait mérité sans doute un peu plus de succès à l'époque.

Sauf que les années 2000 c'était il y a vingt ans. Et que depuis, nos deux amis sont rentrés dans le rang. Et que je les ai totalement perdus de vue. Si RJD2 continue de publier de nouveaux albums tous les deux ou trois ans, c'est dans une indifférence plutôt générale. Quant à Jamie Lidell, il semble s'être rangé des voitures. 

Les voir réunis pour le premier single du prochain disque de RJD2 'Visions Out Of Limelight' est donc une surprise. Et elle a une belle gueule la surprise, car Through It All est une sacrée chanson : plus de cinq minutes d'un r&b smooth et aérien, porté par le chant soul au possible de Jamie Lidell - dont quelques fulgurances évoquent Stevie Wonder - et par une production légère mais travaillée de RJD2, à la rythmique juste et délicate, et aux bruits de bouche inspirés (c'est lui qui le dit) par quelques vieilles et grandes prod de Timbaland (avant qu'il aille fricoter avec M. Pokora en somme). 

Bref, Through It All un titre aussi incroyable qu'inattendu, venu en quelque sorte du passé, mais pas passéiste pour autant. Une chanson qui prouve une fois de plus que ce n'est pas forcément mieux avant : c'est surtout bon maintenant.

Album : Visions Out Of Limelight
Année : 2024
Label : RJ’s Electrical Connections

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Through It All de RJD2 et Jamie Lidell est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Through It All de RJD2 et Jamie Lidell, premier extrait de 'Visions Out Of Limelight' :

mardi 16 avril 2024

[Track of The Day] Pernice Brothers - December In Her Eyes

December In Her Eyes est une chanson pivot. Celle de 'Who Will You Believe', nouvel album de Pernice Brothers (le premier en cinq ans, le deuxième en quatorze). Car c'est à ce moment là que le disque prend son envol, après quatre premiers morceaux d'indie-pop assez anecdotique (quoique sympathique).

Ici, l'ambiance se fait plus cotonneuse, plus soulful. La voix de Joe Pernice a un phrasé et un grain qui font penser à un chanteur soul des seventies. Quant au reste, on jurerait que Burt Bacharach s'est occupé personnellement de la production de l'ensemble. Le résultat est tout à fait merveilleux, avec son tempo lent, la beauté de ses arrangements et un chant comme fait pour bercer.

Chanson merveilleuse, December In Her Eyes est donc le véritable point de départ de ce 'Who Will You Believe'. A partir de là, l'album se fait beaucoup plus inspiré, aligne quelques très bons moments (Hey Guitar, le beau duo I Don't Need That Anymore avec Neko Case, How Will We Sleep entre autres) ; et si rien n'arrive à la cheville de ce magnifique December In Her Eyes, si les Pernice Brothers mettent leur côté Burt Bacharach au rancart (même si The Purple Rain s'en rapproche), ces morceaux là rendent le disque tout à fait recommandable.

Album : Who Will You Believe
Année : 2024
Label : New West Records / Ashmont Records

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Autre chanson remarquable de 'Who Will You Believe' des Pernice Brothers, voilà I Don't Need That Anymore, avec la participation de Neko Case : 

lundi 15 avril 2024

[Track of The Day] Pedro The Lion - Modesto

Modesto est une ville californienne de 250 000 habitants environ, fondée en 1870 par William Chapman Ralston, un grand financier américain de l'époque, qui se situe à mi-distance entre la Baie de San Francisco et Sacramento, capitale de l'état (go Kings !). Voilà pour le point Wikipédia.

Pour les férus de musique, Modesto c'est surtout la ville d'origine de Grandaddy, le groupe derrière le merveilleux 'The Sophtware Slump'. Depuis quelques semaines, c'est également le nom d'une chanson de Pedro The Lion, le groupe de David Bazan, à la carrière et la discographie erratiques (quatre albums entre 1998 et 2004 avant une pause de onze ans et un retour aux affaires en 2017). 

Modesto est le premier extrait de 'Santa Cruz', troisième album post-reformation à venir en juin prochain de Pedro The Lion ; et à l'évidence un hommage à la bande de Jason Lytle. Un morceau magnifique, plein de guitare et de langueur et qui est sans aucun doute la meilleure chanson de Grandaddy publiée cette année.

Album : Santa Cruz
Année : 2024
Label : Big Scary Monsters / Polyvinyl Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Modesto de Pedro The Lion est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Modesto de Pedro The Lion :

vendredi 12 avril 2024

Sam Forrest - Caught Under a Spell [Desert Mine Music]

S
am Forrest est le secret le mieux gardé d'Angleterre. Point. Oui, ne cherchez pas plus loin, l'artiste dont personne ne parle et qui pourtant mériterait qu'on en fasse des gorges chaudes, c'est bien lui. Connu pour avoir été le leader de Nine Black Alps, groupe qui avait eu son petit succès dans les années 2000, l'anglais n'évolue plus qu'en solo depuis une dizaine d'années - dans une veine beaucoup plus pop. Et vu la qualité de ses compositions, cela serait dommage de bouder son plaisir.

Découvert via le magnifique 'Aeroplane Days' (publié en 2021 par Hidden Bay Records), disque savoureux plein de pop/folk joliment ciselée, Sam Forrest vient de remettre le couvert, toujours dans une indifférence assez générale, avec 'Caught Under a Spell', un album qui mérite qu'on y pose plus qu'une oreille distraite.

S'il est sans doute moins immédiat que son prédécesseur (il n'y a pas de chansons qui vous renversent instantanément comme The Best Is Yet To Come), 'Caught Under a Spell' est tout aussi remarquable. Dans cet album où l'anglais joue de tous les instruments, rien n'est à jeter (douze morceaux, pas un à mettre de côté) avec un Sam Forrest qui fait montre à nouveau d'un grand talent de composition, avec toujours cette vibe Elliott Smith très prégnante et qui infuse tout du long, autant au niveau des mélodies, des constructions des morceaux, des intros, de cette façon de faire sonner sa guitare, sa batterie, que de cette voix et ce chant qui rappelle plus que jamais l'auteur de 'Either/Or'.

Finalement, à l'instar de The Maureens il y quelques jours, la seule chose qu'on peut reprocher à Sam Forrest, c'est que ses derniers albums ne soient disponibles qu'en (ou presque) version digitale ; et rien d'autre. Pourtant, des disques comme 'Aeroplane Days' (devenu un classique chez moi depuis sa sortie) ou 'Caught Under a Spell' (qui devrait suivre le même chemin très vite) mériteraient d'exister physiquement. Pour qu'ils ne se perdent pas dans les limbes de catalogues streaming toujours plus fournis. Pour qu'on en garde une trace. Pour qu'ils ne deviennent pas « un disque de plus » qu'on oublie à force de ne jamais le croiser sur une étagère. Ces albums le méritent. 'Caught Uunder a Spell' le mérite. Un disque qui semble ressusciter Elliott Smith à chaque nouvelle chanson ne peut pas rester sur le bas côté. Ni laisser insensible. (Sortie : 26 janvier 2024)


Plus :
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est en écoute sur bandcamp
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est à l'achat sur bandcamp
'Caught Under a Spell' de Sam Forrest est également en écoute, notamment, chez Deezer et Spotify


Trois chansons de 'Caught Under a Spell' de Sam Forrest en écoute. Far Away, peut-être la chanson la plus immédiate et nerveuse de l'album
(en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis She Was a Friend of Mine. Et enfin The Man in the House at the End of the Street. Toutes trois nimbées de l'aura d'Elliott Smith :

jeudi 11 avril 2024

Adrianne Lenker - Bright Future [4AD]

C
omme si ce n'était pas assez, Adrianne Lenker a gardé la plus belle composition de son nouvel album solo pour la toute fin. Elle s'appelle Ruined et pour peu qu'on ait pas encore le coeur en miettes après les onze premiers morceaux, elle s'apprête à le briser en mille morceaux.

Ruined est une chanson qui sert le coeur (« So much coming through, every hour too, can't get enough of you, you come around, I'm ruined, You come around, I'm ruined »), d'une beauté époustouflante, qui se diffuse petit à petit, au son de quelques notes de piano qui semblent un temps vouloir s'effacer derrière le texte la voix comme habitée d'Adrianne Lenker.

Ruined est aussi l'apothéose de 'Bright Future', un disque renversant dont la première écoute m'a totalement soufflé et bouleversé. Un album qui s'ouvre par un Real House (dont il est honnêtement difficile de se remettre) et qui tout du long transpire de sincérité, de textes brillants, de petits vers d'une beauté folle (« You have my heart, I want it back » sur Evol). Ses chansons sont simples de prime abord mais on se rend vite compte qu'elles débordent de petits détails mélodiques (un violon grinçant par-ci, un piano discret par là, quelques voix en soutien) et que l'ambiance générale, plutôt ténébreuse, sublime.

Mais surtout, et c'est là la grande force de 'Bright Future', il y a la voix d'Adrianne Lenker. Ici, elle est divine, d'une sincérité et d'une justesse folle. De la première à le dernière note, la chanteuse de Big Thief ne feint pas ses chansons, ne surjoue pas son chant, et ne l'afflige pas plus qu'il n'a besoin de l'être, alors qu'il y a ici tout pour tomber facilement dans ce travers là.

Produit à la perfection, 'Bright Future' est un disque qui m'a pris par surprise alors que je n'en attendais rien. Un album immense, et qui prend une ampleur à chaque nouvelle écoute. En un mot comme en cent, un chef d'oeuvre comme on en voit peu dans une année. Une reine est définitivement née le 22 mars dernier. (Sortie : 22 mars 2024)

Plus :
'Bright Future' d'Adrianne Lenker est en écoute (en partie) sur bandcamp
'Bright Future' d'Adrianne Lenker est à l'achat sur bandcamp
'Bright Future' d'Adrianne Lenker est également en écoute et à l'achat un peu de partout


Trois chansons de 'Bright Future' d'Adrianne Lenker en écoute. Ruined, climax du disque et chanson de clôture divine (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis le merveilleux Evol. Et enfin, le bouleversant Real House, qui ouvre 'Bright Future' :

mercredi 10 avril 2024

[Track of The Day] Chappell Roan - Good Luck, Babe!

Avec comme bagage un album chez Island Records et une quinzaine de singles éparpillés sur sept années de carrière, Chappell Roan est une artiste américaine née dans le Missouri l'année où je m'apprêtais à passer mon bac (misère, déjà). Une jeune femme qui a semble-t-il connu son petit l'année passée avec la sortie de son premier album 'The Rise and Fall of a Midwest Princess', disque qui lui a notamment ouvert les portes de la tournée mondiale d'Olivia Rodrigo pour laquelle elle assure désormais les premières parties.

Chappell Roan a-t-elle déjà ajouté son dernier single Good Luck, Babe! à son tour de chant ? Evidemment. Une chanson aussi efficace, avec son ambiance rétro eighties, son refrain qui éclate, sa voix qui monte haut et qui emporte son monde avec elle, on ne la laisse pas de côté. Un morceau où on entend beaucoup de l'irlandaise CMAT, et à beaucoup de niveaux : le chant, la mélodie, les inspirations et cette capacité à raconter des amours déçus avec talent (ici le choix d'une femme qui, plutôt que s'avouer l'amour qu'elle avait pour Chappell Roan a préféré suivre la voix toute tracée que la société lui avait dictée avant de se rendre compte l'erreur qu'elle avait faite: «And when you wake up next to him in the middle of the night, with your head in your hands you’re nothing more than his wife. And when you think about me all of those years ago, you're standing face to face with "i told you so"»). Grande chanson. Futur tube ?

Album : -
Année : 2024
Label : Island Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Good Luck, Babe! de Chappell Roan est également en écoute ci-dessous :

Le clip « paroles » de Good Luck, Babe! de Chappell Roan :