Il y a cet orgue, là comme compagnon de chanson. Il y a cette voix belle qui marmonne plus qu'elle ne chante. Il y a cette mélodie lente et déprimée. Voilà ce qu'on trouve dans Salesman, la troisième chanson de 'Thanks for That', premier - et mini - album de Steph Green, américaine venue de la Nouvelle-Orléans, et nouvelle voix féminine qui ne fait pas tâche dans une scène de songwriteuse de haute tenue ces dernières années.
Salesman est la plus belle chanson de 'Thanks for That' (qui n'en manque pourtant pas), disque entre folk et rock à l'aura lo-fi plutôt délicieuse. Alors oui, c'est court (moins de vingt minutes, même si la version physique compte deux chansons de plus), mais c'est tout à fait recommandable. Et en plus, la pochette est très belle.
Album : Thanks for That Année : 2022 Label : Mashed Potato Records
Après le mélange arabo-gallois de mardi avec Adar Newlan d'Imarhan et Gruff Rhys, continuons sur notre lancée de « chansons dont on ne comprend pas un traître mot mais où la mélodie est si belle qu'on n'en a cure » avec cette fois du norvégien. La chanson s'appelle Tranøy fyr et est l’œuvre de Moddi, artiste très recommandable découvert en 2019 via son album 'Like in 1968'.
Sur ce disque là, Moddi chantait en anglais. Sur Tranøy fyr en revanche (et cela sera sans doute le cas sur l'ensemble de 'Bråtebrann', album à venir dont ce single est extrait), il chante dans sa langue maternelle - d'ailleurs si peu commune à mes oreilles que je la croirait inventée.
Mais si l'ensemble est incompréhensible, la mélodie, elle, est immédiate et ne nécessite pas d'avoir fait dix ans de norvégien pour la savourer tant elle respire la beauté et la mélancolie. Mieux, en s'entourant de chœurs absolument vibrants, Moddi donne une ampleur incroyable à l'ensemble ; le tout sans esbroufe, en préférant finesse et justesse à l'excès et la surenchère qui pourtant lui tendaient les bras. Comme s'il voulait tenir sa composition à hauteur d'homme, alors que plus les secondes s'égrènent, plus il lui fait tutoyer le paradis. Vous avez dit divin ?
Album : Bråtebrann Année : 2022 Label : Propeller Recordings
A bien y réfléchir (et après avoir tenté de vérifier), je ne suis pas persuadé qu'il y ait eu beaucoup de chansons a cappella diffusées dans ces pages. Alors pour une première, autant que ce soit d'un niveau épatant. Va donc pour Au-delà, magnifique morceau de Queer Faith & TheMany, collectif queer dont je ne sais rien et que Les Disques de Lobby (plateforme de découvertes d'artistes LGBTQI+), avec l'aide des si importants La Souterraine, ont décidé de mettre en avant, avec neuf autre groupes ou artistes, dans une compilation « pour promouvoir la diversité, la richesse et surtout la qualité de la scène queer française ».
Une sacrée réussite d'ailleurs, avec plein de belles découvertes (Cruelle de Vaudémont et sa pop à la Dominique Dalcan, l'électro de GÆRALD, Diamanda Callas) et donc Au-delà. Une chanson d'amour qui ferme le disque et qui commence à une voix, avant que d'autres la rejoignent un ensemble d'une belle unité et d'une belle ampleur. Rythmée par quelques clappements de mains donnant le tempo et un chat qui couine dans le fond, cette chanson est si simple et si belle qu'on se surprendra à la fredonner aussi rapidement que souvent. « Je veux emmener nos aventures au-delà d'un amour Disney... » (sing along)
Quelle beauté que voilà ! Adar Newlan ou la chanson qui clôt le troisième et nouvel album des touareg algériens d'Imarhan, 'Aboogi'. Un disque réussi et plutôt emballant à mes oreilles de profane, moi qui m'étais arrêté aux disques de Tinariwen. Mais la question n'est pas là. Revenons à Adar Newlan.
Une beauté disais-je, qui voit là l'étonnant mariage entre musique touareg et voix occidentale, celle du talentueux Gruff Rhys. Adar Newlan c'est au départ une légère et superbe mélopée (qu'on jurerait être jouée à la kora) que l'ancien
Super Furry Animals habille de son chant en gallois. Puis, la chanson prend un tour plus pop (cette petite guitare
hispanisante) tout en restant très traditionnelle dans le fond, avec clappings légers, chœurs et chant en arabe, que la voix de Gruff Rhys rejoint inévitablement. Magnifique.
Février 2022 ou la vie et la mort d'un groupe qui commençait à se révéler vraiment passionnant : c'est un peu comme cela que l'on pourrait résumer le début d'année de Black Country, New Road, septet londonien qui affole les gazettes depuis trois ans.
Douze mois tout pile après un premier album 'For The First Time' qui voyait le groupe prendre ses marques et charmer son monde (mais pas spécialement votre serviteur tant le disque, sorti d'une
ouverture magistrale (Instrumental, morceau qui ne mentait pas sur la
marchandise et au free rock réjouissant), s'étirait en longueur et
partait un peu trop dans tous les sens pour se révéler au final assez anecdotique), les Black Country, New Road venaient de revenir avec un disque autrement réussi, 'Ants From Up There'. Un album ambitieux, superbement composé et qui délaissait les guitares de 'For The First Time' pour mieux exposer un côté folk-pop, aussi arty, orchestral que post-rock.
Un album sur lequel planait la voix de Isaac Wood au format montagnes russes, presque Bowie-esque par moment, et pas pour rien dans la qualité folle de ce disque. Mais patatras : à peine l'album sorti, le même Isaac Wood annonçait sa volonté de quitter le groupe, non pas pour des raisons conflictuelles avec ses six acolytes (il le dit lui même : « six of the greatest people I know, who were and are wonderful in a sparkling way »), mais pour un besoin de prendre du recul, pour mieux assumer cette situation et ne pas devenir fou. Black Country, New Road annonçait dans la foulée que la tournée était annulée et qu'en l'état, le groupe ne jouerait pas 'Ants From Up There' sur scène, tant le disque était lié à Isaac Wood.
Voilà donc un disque dont les merveilleuses chansons (Chaos Space Marine, Bread Song, en écoute ce jour, Basketball Shoes, ce genre de petits bijoux) ne connaîtront pas de résonance live. Et voilà un groupe qui va devoir se réinventer. A six ou en remplaçant son chanteur. Dans tous les cas, le Black Country, New Road que nous connaissions est mort et 'Ants From Up There' est son épitaphe. A eux de trouver leur nouvelle route.
Album : Ants From Up There Année : 2022 Label : Ninja Tune
En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Bread Song de Black Country, New Road est également en écoute ci-dessous :
Autre excellente chanson de 'Ants From Up There' de Black Country, New Road, voilà Chaos Space Marine, et son côté presque cabaret où David Bowie semble être de la partie :
Le clip de Concorde, une des chansons extraites de 'Ants From Up There' de Black Country, New Road :
Et vous vous souvenez de votre premier baiser ? Simple question rhétorique tant j’ai du mal à imaginer que ce souvenir là disparaisse dans les tréfonds de nos mémoires. Moi, elle s'appelait Mélanie. La fille d'amis de mes parents. On s'était embrassés sans vraiment savoir pourquoi un samedi après-midi d'ennui pendant que nos parents et leur bande de potes étaient partis se remplir la panse au restaurant 'Chez Georges'. J'avais 15 ans, il faisait beau et je n'en revenais pas qu'une fille aussi jolie puisse s'intéresser à un gamin à peine sorti de l'enfance et pas encore rentré dans l'adolescence, et dont la puberté tardait à venir (elle mettra encore un an cette conne). On était allés se planquer des autres derrière la maison. On s'était bien bécotés pendant 10 minutes, elle m'apprenant les rudiments de la pelle, moi essayant de répéter les conseils que j'avais pu glaner ici et là (« tourne ta langue doucement », « lui aspire pas la bouche, c'est pas un biberon »). Tout plein d'émoi, nous étions rentrés, comme si de rien n'était, rejoindre les autres ados qui occupaient leur ennui enfermés devant la télévision alors que le temps était si doux dehors. Elle était partie débriefer avec sa cousine et ses copines avant qu'on me rapporte quelques heures plus tard que j'embrassais très bien. Je ne sais pas si c'était vrai, mais vous pouvez imaginer la fierté pour le gamin de troisième à la voix de fausset que j'étais.
Le premier baiser de Lucy Dacus a eu lieu bien plus tôt que le mien. Et il y avait un peu moins de passion et beaucoup plus d'envie de savoir comment faire. Elle avait demandé à son ami Rachel, un an plus vieille qu'elle, de l'aiderdans cette entreprise. « To win my man » comme elle dit. Ce premier baiser, l'américaine la raconte dans Kissing Lessons, son dernier single en date, court et nerveux, où elle prouve une nouvelle combien elle sait raconter des histoires. Et alors que la chanson se termine presque abruptement et sans demander son reste, Lucy Dacus questionne « And wonder if she thinks of me as her first kiss ». A dire vrai, ne nous posons nous pas tous la même question ?
Album : Kissing Lessons / Thumbs Again 7" Année : 2022 Label : Matador Records
Les projecteurs braqués ailleurs, Animal Collective continue son petit bonhomme de chemin, loin des playlists, des sélections « Best New Music » et autre effervescence qui accompagnaient chaque sortie de leurs albums au mitan des années 2000. La preuve en est que moi-même, fan inconditionnel d'une grande partie de leur discographie, j'ai raté leurs deux derniers.
Pourtant, leur nouvelle sortie 'Time Skiffs' prouve à quel point le groupe, s'il ne fait plus le buzz, a toujours ce petit truc en plus de composition, cette folie qui n'appartient qu'à eux - quand bien même beaucoup se sont inspirés de leurs travaux. Un album qui est une sorte de retour aux sources, un melting pot de 'Spirit They're Gone Spirit They've Vanished', 'Sung Tongs', 'Feels' et 'Strawberry Jam'. De la folk-pop sous acide, que l'on imagine dirigée par un Panda Bear, réel patron de l'organisation animale, d'où s'échappent encore des petits bijoux si ce n'est bricolés au moins tordus dans tous les sens.
Et si 'Time Skiffs' n'est sans doute pas leur chef d'oeuvre, on retiendra beaucoup de choses de ce douzième album, et notamment Strung With Everything, sorte de véritable condensé de sept minutes de leur début de carrière. Une chanson qui démarre doucement par quelques sons ambiant, quelques instruments effleurés, idéal introductif pour une mélodie d'acid-folk qu'on jurerait avoir été enregistrée à Hawaï. Mais c'est sur la fin du morceau que le quatuor de Baltimore emporte tout sur son passage, tel un Brian Wilson de 26 ans : deux dernières minutes dingues comme dans l'esprit d'un jeune Brian Wilson, entre piano martelé, respirations éphémères et chants extatiques. Quelle folie !
Album : Time Skiffs Année : 2022 Label : Domino Records
Tellement de disques sortent chaque semaine ou même chaque jour qu'il est, au-delà de tout écouter (encore heureux), parfois difficile de persévérer sur un album qui ne nous a pas marqué après une ou deux écoutes. C'est le cas de 'Archive Material', troisième et nouvel album des irlandais de Silverbacks, dont les précédentes sorties m'avaient plutôt indifféré. Un disque dans lequel je ne trouvais pas de quoi m'extasier et où j'avais du mal à trouver des chansons qui tiennent la route, sorti de I'm Wild, chanson de clôture d'une qualité indéniable, dont les grands riffs du refrain me rappelaient le Neil Young de Cowgirl in the Sand.
Pour autant, vu l'enthousiasme partagé par quelques unes de mes connaissances, je lui ai redonné une chance. Et il s'avère que j'ai bien fait car sans crier gare, cet album est en train de petit à petit s'imposer comme un de ceux qui rythment, si ce n'est mon quotidien, au moins mes semaines. Oui, 'Archive Material' a de sacrées bonnes chansons. Oui, le fait qu'ils soient deux à se partager le micro selon les morceaux rajoute de la profondeur au disque. Oui, 'Archive Material' ne se perd pas dans un post-punk lambda - et en profite même pour faire quelques jolis clins d’œil à l'histoire du rock de ces 50 dernières années. Alors certes, on n'en fera sans doute pas l'album de l'année ni même du mois, mais il y a ici largement de quoi passer l'hiver au chaud.
Album : Archive Material Année : 2022 Label : Full Time Hobby
Deux ans après un deuxième album un peu trop lourd et moins fun que le premier 'Future Me Hates Me', véritable révélation pour votre serviteur et pas que pour des chansons comme Not Running, voilà que mes néo-zélandais préférés reviennent avec un nouveau single, A Real Thing. Prélude à un nouvel album ? Pour l'instant on ne le sait pas.
Ce que l'on sait par contre, c'est que cette chanson, à la croisée des chemins entre 'Future Me Hates Me' et 'Jump Rope Gazers', a tout pour plaire : une suite d'accords qui accroche immédiatement, une batterie métronome, la voix et les paroles d'Elizabeth Stokes (que cette femme est formidable), un pont qui n'en finit plus de riffer et une fin qui relance l'affaire, avec les voix des autres membres en soutien pour mieux donner de l'ampleur à l'ensemble. Bref, de la power-pop à la The Beths comme on l'aime : pied au plancher, mélodique comme jamais.
Album : - Année : 2022 Label : Carpark Records / Ivy League Records
Amis la disto et de la reverb, soyez heureux : les furieux d'A Place to Bury Strangers sont déjà de retour, après un 'Hologram Ep'très recommandable l'an passé et sur lequel on trouvait un Playing The Partqu'on écoutera encore longtemps.
'See Through You' est le sixième album et voit le trio de Brooklyn redevenir on ne peut plus intransigeant et bruyant au possible, avec une production au couteau. Et ce fatras est aussi jouissif que délectable, avec quelques titres sacrément renversants (So Low pour ne citer que lui). Pour autant, dans le dernier tiers de l'album, A Place to Bury Strangers remet plus de « pop » dans son moteur (tout est relatif, vous imaginez bien), reprenant sa récente trajectoire. Et cela continue de lui aller si bien au teint : l'enchaînement My Head Is Bleeding / Broken / Hold on Tight / I Don't Know How You Do It (en écoute aujourd'hui) et Love Reaches Out (très New Order) est éclatant, mélodieux et garni d'une basse addictive et délicieuse. Quel grand cru, noisy à souhait, une nouvelle fois.
Album : See Through You Année : 2022 Label : DedStrange
A bien y réfléchir, le dernier single que j'ai écouté de Röyksopp doit remonter à None of Dem, un des morceaux de Robyn en 2010. Quant au dernier album ? Cela doit remonter au premier du duo norvégien, 'Melody A.M.', en 2001. Vingt ans donc, pas moins. Et ce, sans véritable raison et encore moins de détestation du groupe.
De prime abord, je n'aurais donc pas dû poser mes oreilles sur Impossible, nouvel extrait du prochain album à venir du duo norvégien. Mais voilà-t-y pas que Svein Berge et Torbjørn Brundtland ont décidé d'inviter la voix délicieuse d'Alison Goldfrapp, dont le premier album en 2000 'Felt Mountain' retrouve régulièrement le chemin de ma platine cd. Dès lors, l'affaire était entendue. Et encore plus après écoute tant l'ensemble fait mouche : des beats robotiques et puissants sur lesquels Alison Goldfrapp vient poser sa belle voix. Un morceau electro aussi intense qu'évanescent et qui fait mouche.
Album : Profound Mysteries Année : 2022 Label : Dog Triumph
Combien de fois par jour nous plaignons nous de ne pas avoir de chance, de ne pas être verni ? Vous savez, ces matins avec ce camion poubelle devant vous qui s'arrête tous les
dix mètres alors que vous êtes déjà en retard ; ces feux rouges qui
se multiplient alors que vous devriez être au boulot depuis vingt
minutes ; ce chauffage qui tombe en panne en plein hiver avant que votre lave-linge lâche à son tour le lendemain ; ce foutu tirage de l'EuroMillions qui vous donne les quatre premiers numéros mais pas le cinquième ni les deux étoiles et vous fait gagner 14,5 € au lieu des 127 millions mis en jeu. Bref, ce genre de foutaises où l'on pense que l'on est maudit sans trop réellement savoir pourquoi.
Pourtant, à bien y réfléchir, ne sommes nous pas de sacrés veinards d'être encore là trente, quarante ou soixante ans plus tard ? En ce qui me concerne, j'ai plutôt tendance à le penser. Parce que oui, après réflexion, je peux sans hésitation dire que pendant les quarante-deux années de ma vie, j'ai été chanceux à bien des égards.
Chanceux à 5 ans lorsqu'un soir, alors que je prenais un bain avec ma petite sœur de trois ans ma cadette et que, les pieds
dans l'eau, j'étais en train de lui sécher les cheveux au sèche-cheveux, mon père était rentré dans la pièce et sans crier ni paniquer devant pourtant la scène d'électrocution qui nous attendait, avait débranché la prise à la vitesse de l'éclair, avant de m'engueuler et de nous prendre dans ses bras.
Chanceux à 14 ans d'avoir eu ma petite sœur à mes côtés pour me raisonner alors que dans un élan dépressif aigu et fatigué des moqueries continuelles sur ma taille et mon corps qui tardait à entrer dans l'adolescence, j'étais monté sur le rebord de la fenêtre de ma chambre située au deuxième étage de l'immeuble où nous habitions, prêt à faire une connerie.
Chanceux à 30 ans, un soir de début d'été, d'avoir escaladé des rochers abruptes au petit matin d'une soirée bien trop longue et alcoolisée, pour rejoindre un promontoire situé à huit mètres de haut, pour sauter dans une rivière, remonter à la surface, recommencer une seconde fois, comme pour mieux tirer le diable par la queue, et de m'en sortir indemne.
Chanceux encore de toutes ces soirées trop
arrosées où, inconscient comme jamais, je suis rentré au volant sur plusieurs kilomètres sans tuer
ni moi ni une autre personne,
Des exemples comme ceux-ci, j'en ai cent, j'en ai mille, j'en ai dix-mille - et vous aussi sans doute. Ces moments, aussi anecdotiques que marquants, où le destin s'est suspendu un instant et a décidé de me laisser une énième chance de m'en sortir en se disant sans doute que j'allais bien finir d'arrêter de jouer au con.
C'est tout ceci qui est au programme de De Justesse, le nouveau single de Florent Marchet, artiste aimé de ces pages depuis la sortie de 'Rio Baril', chef d'œuvre absolu de pop à la française et jamais égalé depuis sa sortie en 2007. Un Florent Marchet discret - en solo - depuis huit ans déjà et 'Bambi Galaxy', et qui revient là avec un titre à la mélodie mélancolique et sublime, où il raconte des souvenirs qui parleront à tous (certains de ceux qu'il énumère nous les avons tous vécus, voir plus haut) où tout s'est joué à rien et où l'on s'en sort de justesse. Une chanson magnifique, chantée de cette voix qui n'a pas bougé et qui manquait, où l'insouciance de l'enfance se confronte à la peur irrépressible de parents jamais préparés au pire et qui espèrent que la vie ne sera pas trop dure avec leur progéniture en leur permettant à chaque fois de s'en sortir. Fut-ce de justesse.
De ce premier album des canadiens de Bliss Fields, il y aurait de belles choses à dire, car il est plutôt réussi à se balader entre shoegaze et dream pop. Mais pour une fois, respectons le titre de cette rubrique et concentrons nous sur Away, la chanson qui ouvre la deuxième partie de 'Slowly, Forever'. Car elle est superbe et qu'elle m'a sauté aux oreilles sans que je ne demande rien ; pour mieux quémander d'innombrables écoutes depuis.
Une chanson à la production noisy et qui a un zeste d'Oasis, un soupçon de The La's et une ganache de shoegaze. De la belle ouvrage, mélancolique et emo à souhait, dont on voudrait que la deuxième partie et ses guitares nerveuses ne s'arrêtent jamais.
Album : Slowly, Forever Année : 2022 Label : Acrobat Unstable Records