Depuis un premier album éblouissant sous l'entité Pain-Noir en 2014 (financé par Microcultures et réédité quelques mois plus tard par un sous-label de Sony, Tomboy Lab), François-Régis Croisier s'était fait discret.
Dernièrement, il était revenu annoncer la sortie prochaine de l'album de sa compagne, qui se produit sous le nom de Balzane (on en reparlera sans doute très vite). Avant de sortir un nouveau morceau, prélude à un nouvel album de Pain-Noir prévu pour la fin de cette année.
Plus produite que lors de 'Pain-Noir', Dix Ans Plus Tôt n'en est pas moins magnifique. Une chanson folk lumineuse et superbe, sur le temps d'avant, celui qui passe (« Nos pères ne sont plus qui ils étaient dix ans plus tôt / leurs yeux nous disent le temps perdu / et même leur corps semble de trop »), la nature qui dépérit (« Nos terres ne donnent plus ce qu’elles donnaient dix ans plus tôt / ici les arbres ont disparu / et seules les pierres portent beau ») mais qui ne s’appesantit pas sur un « c'était mieux avant » ni se morfond dans la nostalgie (« Nous gagnons les villes, nous brûlons les champs / nous quitterons les villes, nous laisserons le temps faire son histoire »), comme si tout n'était qu'histoire de cycle et que le retour à la nature était, si ce n'est pour demain, au moins « pour un jour ».
130701 est un label formidable, son roster est un vivier de découverte inépuisable. Après Max Richter, Johann Johannsson, Sylvain Chauveau, Set Fire to Flames ou encore Hauschka, après Shida Shahabi l'an passé, voilà donc le moscovite Dmitry Evgrafov, dont 'Surrender' sera la quatrième livraison pour le sous-label de Fat Cat.
Inconnu à mes oreilles jusque-là, il aura fallu moins d'une minute d'écoute de Sparkle, premier single de ce nouvel album, pour que j'ai envie d'en savoir plus, beaucoup plus sur le compositeur russe. Scintillant, ce morceau ne l'est peut-être pas. Mais son rythme saccadé, sa mélodie très cinématographique et pleine de tension et ses envolées de cordes sur la fin rendent l'ensemble très prenant.
Si le reste de 'Surrender' est du même acabit (Dmitry Evgrafov promet du piano autant que du marimba, du xylophone, du glockenspiel, de la basse, de la guitare et des synthés, ainsi qu'un orchestre de cordes - qu'on peut entendre sur Sparkle), on devrait reparler bien vite de cet album. Le vendredi 31 juillet promet d'être beau.
Quelques notes faisant office de beat. Puis une voix pleine d'écho, avant qu'un synthé ne lui emboîte le pas et fasse corps avec elle : voilà Radel, nouveau single d'Admlithi, écossais de son état, signé chez In Black Records, lui aussi basé dans la patrie de naissance d'Aidan Moffat et Malcolm Middleton (oui, il est toujours bon de citer en toutes occasions ces deux larrons).
Une chanson d'électro-pop belle comme tout, atmosphérique au possible, planante et mélancolique, et qui n'est pas sans rappeler quelques ambiances à la Apparat. Joli voyage en apesanteur.
Fondé - notamment - par James Murphy et label phare des années 2000, porté au pinacle par LCD Soundsytem, Hot Chip ou The Rapture, DFA est depuis rentré dans le rang. Le label existe toujours mais ses sorties font moins de bruits et n'affolent plus les magazines. Pourtant, certaines de leurs sorties méritent franchement le détour. 'Mother' de Cold Beat est de celles-ci.
Il n'est pas dit que le cinquième album de ce groupe de San Francisco change la donne pour DFA. Alors qu'il a tout pour. Première sortie pour le label new-yorkais, 'Mother' est même un disque en forme de renaissance pour Cold Beat, ceux-ci expliquant qu'« à bien des égards, cet album est comme notre premier ».
Construit autour de la grossesse de la chanteuse Hannah Lew (qui signe tous les textes), il est autant question ici de la peur d'enfanter dans un monde se dirigeant droit dans le gouffre que de la joie et de l'espoir qu'une naissance peut porter. Un album impeccable, sans temps mort - ou ne serait-ce que faible -, à la construction maligne et à la grande homogénéité, où guitares post-punk et shoegaze se confrontent à des sonorités synthétiques et à la voix belle et pure d'Hannah Lew.
Il y a d'abord cette face-A où Cold Beat étale une synth-pop délectable et très mélodieuse. 'Mother' s'ouvre par un court Smoke, dont la mélodie et la voix robotique donnent le ton et happent l'auditeur, avant que les titres mélancoliques et forts s'enchaînent, de Prism, qui sonne comme du Arcade Fire de 1983, à Pearls, et ses motifs presque kitsch mais à l'efficacité folle, en passant par la délicieuse Paper ; avant que Gloves ne fasse le lien avec la suite.
Car la face-B de 'Mother' change de braquet. Peut-être moins mélodieuse, elle n'en reste pas moins savoureuse. Cold Beat prend ici un virage new-wave (Double Sided Mirror), dark-wave (Mother), électronique (Through) ou lap-pop (Flat Earth), et compose Crimes, sublime titre indie-pop eighties comme on en fait plus - ou alors trop rarement.
Parcouru de fulgurances tout en restant cohérent tout du long, 'Mother' est un remarquable album, aux influences digérées et pas bêtement recrachées, aux compositions délicieuses et qui voit Cold Beat s'inscrire totalement dans l'ADN de DFA Records. Dans le très haut du panier 2020. (Sortie : 28 février 2020)
'Mother' de Cold Beat est notamment en écoute sur Spotify et Deezer
Trois chansons de 'Mother' de Cold Beat en écoute. Pearl, sa rythmique synthétique et sa progression très efficace (également en écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et Qobuz). Puis le sublime Crimes, chanson pop aux accents shoegaze. Et enfin Prism et son côté Arcade Fire 80s.
Cold Beat a sorti jusque là deux singles de 'Mother' : Prism, Double Sided Mirror et Flat Earth. A découvrir ci-dessous :
S'il y a bien un retour inattendu (et auquel personnellement je ne croyais pas), c'est bien celui de la fratrie Friedberger, aka The Fiery Furnaces.
Il faut dire que depuis leur dernier album en 2009, l'excellent 'I'm Going Away' (même si leur vrai ultime disque est 'Take
Me Round Again', sorti quelques mois plus tard, dont il n'était qu'une relecture pas très intéressante) et leur annonce d'un indefinite haitus du groupe deux ans plus tard, Elenaor et Matthew n'ont pas chômé : quatre albums, dont des fameux ('Last Summer' et 'Personal Record') pour elle, onze pour lui.
Les voir reformer The Fiery Furnaces est donc une surprise. Et une belle tant 'I'm Going Away' (donc), 'Bitter Tea' et surtout le gargantuesque, déstabilisant et brillant 'Blueberry Boat' m'ont accompagné tout au long des années 2000.
Down at the So and So on Somewhere est donc la chanson de leur retour. Une chanson qui sortira en 45-tours (un autre inédit, The Fortune Teller’s Revenge, se trouvera en face-B) et un ensemble synthétique mouvant, qui n'oublie jamais en route sa mélodie. Et si aucun nouvel album n'est encore annoncé, l'écoute de Down at the So and So on Somewhere fait vite comprendre que les Fiery Furnaces ne sont clairement pas revenus pour ne rien dire.
Avec quelques défauts mais plein de qualités, le premier album - éponyme - de Big Red Machine avait eu son petit effet sur l'auteur de ces lignes. Nous étions en 2018 et le projet de Justin Vernon (Bon Iver) et Aaron Dessner (The National) avait accouché de quelques beautés, dont People Lullaby, une toujours aussi belle chanson.
Deux ans plus tard, le duo est sur la voie d'un deuxième album, qu'ils travaillent depuis quelques mois déjà. Un jour, les Big Red Machine firent écouter quelques démos à Michael Stipe, ancien chanteur de R.E.M.. Emballé par ce qu'il avait entendu, Stipe choisit une des chansons, en composa le texte avant que la crise du COVID-19, avec ses doutes sur le futur et ses légitimes remises en questions, ne lui donne une puissance encore plus forte. No Time For Love Like Now était née.
Et diable, quelle beauté ! Porté donc par un casting - indie - cinq étoiles (Aaron Dessner à la production, Justin Vernon à la
guitare électrique, Bryce Dessner à l'orchestration de l'ensemble et
Michael Stipe à la voix, sans oublier, tant leur importance est grande ici, Clarice Jensen au violoncelle, Yuki Numata Resnick au violon et l'alto, JT Bates à la batterie, Brad Cook au synthé et Doveman au piano), No Time For Love Like Now est une chanson magnifique, mélancolique, au tempo métronomique qui ne se départit jamais de son rythme initial, où les cordes sont d'une belle justesse et où la voix de Michael Stipe, toujours aussi magnifique, ne semble pas connaître les affres de l'âge tant on dirait qu'il l'a enregistrée il y a 30 ans.
Reste la question : No Time For Love Like Now est-elle une nouvelle chanson de Big Red Machine ou un troisième morceau solo pour
l'ancien chanteur de R.E.M. ? Finalement, un peu tout cela à la fois.
En plus des playlists Spotify, Deezer, YouTube et Qobuz, No Time For Love Like Now de Big Red Machine avec Michael Stipe au chant, est également en écoute ci-dessous :
Le clip de No Time For Love Like Now de Big Red Machine et Michael Stipe :
Sondre Lerche et moi avons une relation compliquée. Non pas que le bonhomme n'a pas de talent ou qu'il ne m'a jamais intéressé. Mais ma rencontre avec lui n'a pas été source de joie, littéralement à mon corps défendant.
Quant en 2001 sort le premier album de Sondre Lerche, celui-ci a 19 ans. Le disque s'appelle 'Faces Down' et la chronique de Rock & Folk me pousse à l'acheter - ah, douce époque où on achetait un disque sur la foi d'un critique qui avait comme parole d'évangile dans nos yeux.
'Faces Down' était un bel album, Sondre Lerche y chantait bien, ses chansons étaient accrocheuses. Sauf que son écoute me mettait mal à l'aise. Mais pas par ses paroles ou les thèmes qu'elles abordaient. Non. Ce disque me mettait physiquement mal à l'aise. Comme si ses mélodies provoquaient une réaction chimique chez moi qui me faisait me sentir mal. Comme si les suites d'accords qu'il faisait sonner déplaisait à mon corps, à mon sang, à mon cerveau. Incroyable et très désagréable sensation contre laquelle je ne pouvais - et ne peux toujours - rien. A tel point que j'avais arrêté de suivre - ou si peu - les aventures discographiques du jeune norvégien.
Il y a quelques jours, j'ai appris que Sondre Lerche continuait à officier et qu'il venait de sortir son douzième album (le dixième studio), le sobrement intitulé 'Patience'. La fin d'une trilogie en "P" si j'ai bien compris, après 'Please' et 'Pleasure'. Indécis et sur la défensive, ces retrouvailles sans rendez-vous se sont finalement avérées plus que jubilatoires. Aucun malaise à l'écoute de ce disque, aucun sang qui bouillonne et pas de cerveau qui vous intime l'ordre d'arrêter l'écoute. Alternant chansons douces aux ambiances mélancoliques (I Love You Because It's True), titres enlevés et synthétiques (That's All There Is), presque bossa (Why Did I Write The Book of Love), rappelant jeremy messersmith sur bien des chansons (You Are Not Who I Thought I Was, I Can't See Myself Without You), 'Patience' est une grande réussite, à l'agencement intelligent, où les mélodies font mouche.
Porté par Why Would I Let You Go, chanson merveilleusement ouvragée et qu'il est difficile de ne pas écouter en boucle, ce disque de Sondre Lerche, avec l'amour et ses aléas comme thème principal, est un très bel album de pop sophistiquée, de mélodies lumineuses, d'arrangements léchés et travaillés. Il m'aura fallu 19 ans pour apprécier comme il se doit un disque de sa part. L'attente valait le coup. (Sortie : 5 juin 2020)
'Patience' de Sondre Lerche est notamment à l'écoute sur Spotify et Deezer
Trois morceaux de 'Patience' de Sondre Lerche en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, commençons par la très belle Why Would I Let You Go (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et Qobuz), sublime composition et apogée du disque. Puis l'entrainant I Can't See Myself Without You. Et puis Are We Alone Now et son clavecin :
Pour finir, deux clips tirés de 'Patience' de Sondre Lerche, That's All There Is et Why Would I Let You Go :
Sans le vouloir, il est tout de même beaucoup question d'espace ces derniers jours dans ces pages. Après Proxima B de Benjamin Gibbard, Astronaut de Annabel Lee, voilà donc Flowers of Neptune 6, le nouveau voyage musical de The Flaming Lips, un groupe qui m'a perdu depuis des années - depuis 'Yoshimi Battles the Pink Robots' en 2002 pour ainsi dire.
Mais des Flaming Lips pour lesquels je ne demande rien d'autre que de retomber amoureux, surtout s'ils continuent de produire des chansons comme 'Flowers of Neptune 6'. Une chanson d'été, mais pas de 15h de l'après-midi. Plutôt le genre de début de soirée, qui se déguste à l'ombre de quelques arbres en fleurs, lorsque les couleurs tournent pastel et qu'un vent léger vient rafraîchir la chaleur écrasante des heures précédentes. Délicieux.
Pour ceux qui ne seraient pas, comme moi, des cinéphiles assidus, sachez que Caleb Landry Jones n’est pas un inconnu et ne sort pas de nulle part. Il n’est peut-être pas (encore ?) l’acteur le plus connu des plateaux de cinéma, mais sa filmographie compte quelques films, si ce n'est majeurs, au moins remarqués : des apparitions dans 'No Country For Old Men' des frères Coen ou 'The Social Network' de David Fincher, et des rôles plus importants dans 'Three Billboards', 'Get Out', 'The Florida Project', la troisième saison de 'Twin Peaks' ou encore 'X-Men : Le Commencement'. En 2019, il tourne dans 'The Dead Don’t Lie' de Jim Jarmusch. Et cette rencontre va s’avérer décisive dans la production du disque dont il est question aujourd’hui, 'The Mother Stone'.
C’est lui qui va mettre en relation le jeune texan de 30 ans et le label new-yorkais Sacred Bones. Une maison de disque défricheuse, à la discographie de haute volée et qui ne fait pas dans la compromission. Et où 'The Mother Stone' de Caleb Landry Jones trouve toute sa place.
Car le résultat est déroutant. Une œuvre gargantuesque, dérangée, déjantée, mais qui ne lâche jamais son fil d’Ariane mélodique. Si tout est ici extravaguant, rien n’est expérimental. 'The Mother Stone' est un disque pop et de folk, de rock, de psychédélisme et de glam, fait de rupture, d’orchestrations travaillées, de refrains alambiqués, de chants extatiques et de cris perturbés. Caleb Landry Jones y conte (et en bon acteur, y joue) des histoires cryptiques, difficiles à suivre, sans doute celles d’un homme seul, faites de souvenirs, de choix regrettés, de digressions impromptues et de désespoirs éternels.
Ici, on entend tour à tour les Beatles (référence mélodique évidente et revendiquée), Syd Barrett, les Foxygen de 'Hang' ou Joanna Newsom dans cette façon d’agréger ses chansons, de faire vivre ses longues mélopées, et de raconter des histoires, fussent-elles torturées et difficilement compréhensibles. Et plus que Jim Jarmusch, 'The Mother Stone' est une sorte de version musicale de 'Mulholland Drive' de David Lynch, un disque où rien n’est totalement vrai, où tout est partiellement faux et où Caleb Landry Jones emmène l’auditeur dans des recoins pas aussi reluisants que veut le faire croire sa musique.
'The Mother Stone' est un disque impressionnant dans sa capacité autant à émouvoir qu’à intriguer. Une sorte de balade dans le Desolation Row de Bob Dylan : un monde (de) freak, des histoires banales mais tristes, des peines qu’on arrive pas à dépasser. Et au-dessus de tout cela, une musique baroque, chaotique, qui exagère parfois autant qu’elle prend son temps pour distiller ses mélodies. De la grandeur et beaucoup de décadence en somme. (Sortie : 1er mai 2020)
'The Mother Stone' de Caleb Landry Jones est également en écoute chez, notamment, Spotify et Deezer
Trois chansons de 'The Mother Stone' de Caleb Landry Jones en écoute aujourd'hui : I Did Your Dog (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Youtube et Qobuz). Puis I Want to Love You et You're So Wonderfull, deux chansons baroques à souhait :
Le clip de Flag Day / The Mother Stone, premier « single » tiré de 'The Mother Stone' de Caleb Landry Jones :
Pour finir, le court-métrage de Jacqueline Castel, autour de 'The Mother Stone' de Caleb Landry Jones :
Je n'ai pas parlé ni ici - ni vraiment ailleurs - des Warlocks pendant 18 ans, et v'là-t'y pas que je leur consacre deux papiers en un an. Ceci dit, avouons qu'ils font tout pour. Leur précédent 'Mean Machine Music' était bizarrement construit, mais ses chansons tenaient la route. 'The Chain', son successeur, ressemble a un vrai nouvel album, sans versions instrumentales des mêmes titres (pour combler le manque d'inspiration ?). Et est, de facto, plus réussi.
Certes, il se perd un peu en route, mais ses guitares fuzz répondant à d'autres plus lourdes, sa basse diabolique
et ses ambiances comme hantées rendent l'ensemble très appréciable. Et puis difficile de ne pas rester sous le charme du disque à chaque écoute vu que les Warlocks ont mis les deux meilleures chansons aux deux extrémités : Dear Son en ouverture, balade langoureuse aux guitares psychédéliques, absolument charmante. Et I'm Not Good Enough / Party Like We Used To pour clore l'affaire, chanson blues-psyché classieuse à souhait et qui à elle seule résume 'The Chain'.
En à peine plus d'un an, les Fontaines D.C. n'auront pas chômé. Vous me direz, autant battre le fer tant qu'il est chaud. Après le buzz - plutôt mérité - autour de leur premier album 'Dogrel' en avril 2019, les revoilà avec le second, 'A Hero's Death', qui sortira fin juillet prochain, une nouvelle fois chez Partisan Records.
Histoire de bien lancer l'affaire, les Irlandais sortent ce vendredi un 45-tours, avec deux face-A, qui se retrouveront toutes deux sur l'album. Et si la chanson titre reste dans une veine connue du groupe, c'est surtout I Don't Belong qui intéresse. Fontaines D.C. prend ici son temps, se pare d'atours plus sombres, ne se départit jamais de son rythme lancinant et porte haut une sorte de mantra répété plus que de raison, « I don't belong to anyone, I don't wanna belong to anyone ». Prometteur.
Les deux pieds coulés dans le béton des années 90, le trio Annabel Lee n'a pas eu envie de prendre des chemins tortueux ou de traverse pour son nouvel (et deuxième) album, 'Let The Kid Go'.
Non, les bruxellois sont allés à l'essentiel en faisant dans le court (32 mns), l'énergique et surtout l'efficace. Une efficacité aussi soutenue que continue tout du long des neuf
chansons de ce disque et qui passe autant par ses guitares (tantôt lourdes, tantôt acérées et qui n'auraient sans doute pas dépareillées dans la scène rock d'il y a 25 ans) que par la voix d'Audrey Marot et la qualité de mélodies accrocheuses (Astronaut, You Never Came) qui fleurent parfois bon le tube (Let The Kid Go, Blue Dress).
Il y aura donc bien eu un ultime chant du cygne. On ne pouvait pas se satisfaire pour tout adieu d'une relecture du premier album solo de Tom Petty ('Full Moon Fever' en 2018) ou du quelconque 'The Echo of Pleasure' l'année précédente. Non, il fallait une fin en bonne est due forme à The Pains of Being Pure at Heart, un des plus formidables groupes de ces 15 dernières années.
Mais rendons avant tout à César ce qui lui appartient. Car c'est à Hatchie que l'on doit ce dernier single pour la route. L'Australienne a convié Kip Berman et sa bande sur la face-A de son nouveau single pour reprendre avec elle le Sometimes Always de The Jesus & Mary Chain, paru en 1994, qu'eux mêmes partageaient avec Hope Sandoval. Une belle relecture, sans doute plus nerveuse et fuzzy que l'originale, mais tout aussi délectable. Un ultime soubresaut très réussi en guise d'adieu pour The Pains of Being Pure at Heart. Merci Hatchie.
En plus des playlists Spotify, Deezer, YouTube et Qobuz, la reprise de Sometimes Always de The Jesus and Mary Chain, repris par Hatchie et The Pains of Being Pure at Heart, est en écoute ci dessous :
Être originaire de Vancouver mais signé sur un petit label français, ce n'est pas courant. Mais c'est le cas de Be Afraid, quatuor canadien qui vient de sortir 'Remember Fun' (son premier Ep plus de deux ans après un unique album) chez les toulousains de Hidden Bay Records.
Si la composition du groupe a évolué depuis 2017, il y a un point commun entre leurs deux sorties : elles sont disponibles (en plus du digital) uniquement en cassette, format qui certes reste à la marge mais dont la résurgence est bien réelle.
Et musicalement me direz-vous ? Hé bien, c'est du solide. Six titres et 15 minutes de jangle-pop et d'indie-pop, un brin de lo-fi, quelques descentes de manches et des guitares tantôt lourdes tantôt joueuses mais qui ne s'en laissent jamais compter, un tube potentiel (Automatic Worry) et une petite merveille de 97 secondes, Crawling Now, à la mélodie qui n'est pas sans rappeler celles d'Elliott Smith. Très recommandé.
A croire que tous les musiciens associés à Kevin Morby se sont lancés en solo. Après Meg Duffy et son très bel album'Placeholder' sous le nom de Hand Habits l'an passé, voilà donc Night Shop, projet de Justin Sullivan, ancien batteur de l'auteur de 'Singing Saw'.
Deux albums au compteur jusque là, et un nouveau single, Hello Take My Anywhere, et publié chez Dangerbird Records dans la collection Microdose (un titre par mois d'un artiste ou d'un groupe de Los Angeles et de ses environs). Une bien belle chanson, où l'on entend aussi bien le Get It On de T. Rex que le Johnny B. Goode de Chuck Berry (version smooth), avec l'empreinte de Kevin Morby jamais bien loin.
Après nos parents qui s'étaient levés une nuit de juillet 1969 pour voir l'Homme marcher sur la Lune, notre génération aura t-elle à son tour la chance de voir ça ? Il y a fort à parier vu que les américains viennent de se relancer à la conquête de l'espace - de la Lune dans un futur proche et de Mars (dans un futur lointain pour le coup) - avec le lancement ce week-end de la fusée Dragon Crew de Space X. Et tout ceci est fort excitant, et y retourner (2024 disent-ils) avec 60 ans d'avancées technologiques supplémentaires dans les bagages promet une redécouverte incroyable.
De l'espace il en est question dans le dernier single de Benjamin Gibbard, chanteur et leader de Death Cab For Cutie. La chanson s'appelle Proxima B et parle autant de partir découvrir un autre monde que de quitter le nôtre, gentiment en train de péricliter.
Quel autre monde ? « Proxima Centauri B », l'exoplanète la plus proche du Système solaire jamais découverte à ce jour (mais tout de même située à 4,2 années lumières de la Terre, soit 40 billions de km, une paille) et qui aurait potentiellement quelques caractéristiques communes avec la nôtre, dont celle d'avoir de l'eau liquide en surface. Alors oui, tout ceci est très théorique. Et il faudrait pas moins de 20 ans aux sondes (nouvelle génération et pas encore au point) pour l'atteindre. Mais diable, tout ceci est passionnant.
Le plus drôle dans tout cette histoire, c'est que Proxima B est sorti jeudi dernier en single. Quasiment au même moment arrivait la confirmation (car oui, on attendait une confirmation des relevés de 2016) de l'existence de « Proxima Centauri B ». Benjamin Gibbard ou le sens du timing.