Mais avant de se plonger dedans, prenons du temps pour avoir voir ce qu'il se dit du côté des blogs et autres sites amis (ou non) :
Vingt albums donc pour finir l'année. Une excellente année d'ailleurs, rock au possible (qui a dit qu'il était mort ? Parce qu'il avait tort, disons le clairement), particulière car ça doit faire bien longtemps qu'un de mes tops albums ne comporte pas un album de chez Domino.
Une année marquée surtout donc par un album dingue (qui aurait mérité de faire les unes de magazine et qui il y a quelques années auraient enfanté une génération de futurs musiciens), le disque d'un australien qui vit à Berlin auteur d'un album sidérant de beauté, de retrouvailles avec un groupe perdu de vue depuis 15 ans, de l'épitaphe d'un groupe français, brillant comme bruyant, d'un groupe mythique qui se réinvente sans cesse et autres folk éthérée canadienne. Entre autres, et beaucoup de choses.
Évidemment, lire c'est bien, écouter c'est mieux. Donc au bas de ce papier se trouvent deux lecteurs (un Spotify, un Deezer) proposant - dans l'ordre croissant - une chanson de chacun des albums présentés ci-dessous. Bonne(s) écoute(s) et à très vite dans ces pages !
Bilan 2018 :
Top « Albums » (40-21)
Top 50 « Chansons »
Top 15 « Ep, 7", Compilations & Rééditions »
20. Dakota Suite, Dag Rosenqvist and Emanuele Errante - What Matters Most [Karaoke Kalk]
De mémoire, la dernière fois que j’ai écouté Dakota Suite ce devait être pour leur 'This River Only Brings Poison' de 2002. Sachez donc que 16 ans plus, au-delà de la surprise de les savoir toujours actifs, leur musique, entre ambiant-pop et drone, est toujours aussi belle et évocatrice. Et rappelle énormément Jesse Poe, l'homme derrière ce fabuleux groupe qu'était Tanakh.
19. Adrian T. Bell - The Navigator [-]
Découvert par le biais de
« J’écoute une K7 de la vedette » (dont j’avais parlé ici), ce disque d’un musicien anglais parti vivre à Prague - et accessoirement leader du groupe The Prostitutes - m’aura saisi immédiatement, quand bien même sa production m’a plutôt dérouté. Mais il a pour lui une voix, des mélodies captivantes et de vraies bonnes chansons. Et quand il marie son timbre à une voix féminine (voir ici), ce sont les images de certains des plus beaux duos de l’histoire qui ressurgissent. Pas mal pour un disque aussi confidentiel.
18. The Limiñanas - Shadow People [Because Music]
Après un
'Malamore' décevant, les Limiñanas retrouvent hargne, fougue et une production tout sauf lisse et qui leur va bien - mieux - au teint. Sur ce disque, on trouve plein de superbes chansons, d’invités de marque apportant tous leurs pierres à l’édifice et un tube vénéneux et presque drogué
(écouter ici). Plus que jamais, leur psychédélisme sixties (d'aucuns diront yé-yé) est imparable.
17. Soft Kill - Savior [Profound Lore]
Album marqué par le décès prématuré du fils du leader du groupe, il s’en dégage une atmosphère assez mélancolique. Pour autant si l’on est en plein post-punk, shoegaze et tout ce qui peut s’y accrocher, il ressort de ce disque un côté lumineux. Mélancolique certes mais lumineux.
16. Dominique A - La Fragilité [Cinq7]
Grosse année pour Dominique A qui aura sorti deux albums, un « électrique », l’autre plus « acoustique ». Et c’est le second qui nous intéresse, le premier étant un peu décevant. Mais ce 'La Fragilité' rattrape le tout, avec une simplicité et une beauté fascinante. Monsieur Ané à son meilleur.
15. Marissa Nadler - For My Crimes [Bella Union / Sacred Bones]
Huitième album pour la formidable Marissa Nadler. Un disque à la très belle pochette et à la beauté renversante, comme à chaque fois. Mélancolique, blues-folk (ce
Blue Vapor !), il confirme que l’américaine est l'incarnation musicale de la beauté.
14. The Innocence Mission - Sun on the Square [Bella Union]
Malgré ses trente années d'activité, et contrairement à pas mal de leurs contemporains, on dirait que les nouveaux disques de The Innocence Mission sont encore plus beaux que les précédents. La preuve avec ce 'Sun on the Square' qui reprend les mêmes recettes, mais en mieux. Toujours la voix de Karen Peris, toujours ces compositions au charme incroyable, toujours ces arrangements soyeux et soignés, toujours ces textes aussi tristes que plein d’espoirs.
13. The Beths - Future Me Hates Me [Carpark Records]
Sans conteste la découverte power-pop de l’année. Un disque pied au plancher de la part de ces néo-zélandais qui tombent l’album le plus efficace de 2018, où derrière l’énergie et les mélodies se cachent parfois des histoires pas si ensoleillées.
12. Iceage - Beyondless [Matador]
Album de rock absolument terrible,
'Beyondless' est d’une justesse et d'une efficacité quasi sans égal cette année : proto-punk, punk-soul, rempli de mélodies marquantes
(écouter ici), fortes et évidentes et portées par un chant toujours aussi impressionnant. Le tout sans jamais aucune compromission. On l'oublie souvent, mais Iceage est décidément un des groupes majeurs de la décennie en cours.
11. IDLES - Joy as an Act of Resistance. [Partisan Records]
LA confirmation de l’année, après le très prometteur 'Brutalism'. Que ce soit sur disque ou sur scène, le quintet de Bristol aura plus qu’animé cette année musicale - que ce soit sur disque ou sur scène. Et aura prouvé (avec d’autres) que le rock, dans son assertion la plus large évidemment, est décidément une bien vilaine bête qui ne veut vraiment pas mourir.
10. Thousand - Le Tunnel Végétal [Talitres]
Alors que j'étais totalement passé à côté du premier album de Stéphane Milochevitch, aka Thousand, rattrapage complet avec 'Le Tunnel Végétal', disque de chanson française comme on en fait plus (ou peu). Pop pleine de spleen, parlé plus que chanté, aux textes riches et foisonnants, ce disque s’il évoque aussi Bashung, Murat que La Blanche, est avant tout un disque vraiment unique.
09. The Dead Mantra - Saudade Forever [Cranes Records]
Fin de partie pour les manceaux de Dead Mantra. Mais quelle épitaphe. Un album aussi brillant que bruyant, avec des sonorités maltraités, un shoegaze concassé, une noirceur à tous les étages, pour un résultat puissant, puissant et encore puissant. Incroyable de bout en bout. C'est quand même rageant de tomber fou d'un groupe qui met la clé sous la porte.
08. Fog Lake - Captain [Stack Your Roster]
Découvert grâce à
Ninie, derrière Fog Lake, il y a Aaron Powell, canadien de talent (parfois entouré) qui aime la folk éthérée, placer sa voix comme en deuxième rideau et dérouler des chansons poignantes qui rappellent We Are Catchers. Un des plus « beaux » disques de l’année.
07. Tim Hecker - Konoyo [Kranky]
Retour chez Kranky pour Tim Hecker, avec pour une fois une pochette particulièrement laide. Tout le contraire de l’album et ses sonorités cristallines au possible. Un commentaire sur sa page bandcamp résume bien l’affaire : « heartbreaking, mesmerizing, terrifying and beautiful all at once ». Et pour en savoir plus sur ce nouveau très brillant nouvel album, lisez l’excellente chronique ci-dessous.
06. Tony Molina - Kill The Lights [Slumberland]
Quatorze minutes et 30 secondes de musique, 10 chansons. On a vu des Ep plus remplis. Et pour autant, difficile de ne pas tomber sous le charme de ce disque si l’on aime la belle pop, celle des Beatles et d’Elliott Smith, les guitares de Teenage Fanclub et celles de David Gilmour, ou plus simplement si l’on aime les Byrds et Nick Drake. Un medley-album presque frustrant mais passionnant.
05. Smokescreens - Used to Yesterday [Slumberland]
Énième disque de pop à guitares ? Aucunement tant 'Used to Yesterday' s'échappe de la masse du genre par la qualité de son écriture, de ses guitares, de sa basse et de ses mélodies sur lesquelles il serait insultant de ne pas se déhancher.
04. Low - Double Negative [Sub Pop]
Il y a des groupes qui continuent leur carrière dans une indifférence générale, à force de redite et de manque d’inspirations. Et puis il y a Low. Le trio de Duluth au Minnesota n’en finit plus de surprendre. Sur 'Double Negative', ils malmènent leur traditionnel slowcore avec une production lourde et pleine d’aspérités. Un disque étouffant, parfois expérimental. Et absolument brillant.
03. Deafheaven - Ordinary Corrupt Human Love [ANTI-]
Porté par une chanson phénoménale (Canary Yellow, écouter ici), le quatrième album du quatuor de San Francisco est disque remarquable mariant post-rock, black-metal, hard-rock, prog, pop, avec toujours ce « chant » guttural et hurlé. Un album clair-obscur incroyablement mélodieux, à la puissance époustouflante. Jamais guitares et hurlements n’auront été aussi lumineux et mélancoliques.
02. Ned Collette - Old Chestnut [It Records]
Australien vivant à Berlin, Ned Collette est la révélation de cette année. Une révélation qui n'a failli jamais avoir lieu, tant le premier morceau de l'album est déroutant... avant d'enchainer avec un sublime deuxième titre, bouleversant, renversant. De la folk qui démarre de façon basique mais qui prend au fur et à mesure une ampleur insoupçonnée. Soixante-dix minutes pour 14 chansons, notre homme ne fait pas dans la demi-mesure. Mais le voyage musical (et bien plus) qu'il propose est tellement hypnotisant, charmant et vibrant, qu'il est impensable de passer à côté. Et si en plus vous rajoutez qu'il a ce je-ne-sais-quoi de Leonard Cohen, alors là...
01. Car Seat Headrest - Twin Fantasy (Face-to-Face) [Matador]
L’album évident de l’année, c’est lui. Alors oui, on me rétorquera que ce n’est qu’un simple ré-enregistrement de l’album de 2011. Sauf que ces premières versions lo-fi deviennent de simples démos tant les compositions prennent ici une ampleur folle, accompagné qu’est Will Toledo (ils sont six autour de lui). Long (10 chansons, 71 minutes) mais toujours passionnant, 'Twin Fantasy (Face-to-Face)' est un album d’une grande unité, cohérence et homogénéité, qui balaye tout le spectre de l'histoire de la musique rock, pour mieux l’assimiler voire la synthétiser. Alternant balades et purs moments de rock'n'roll, ce disque est absolument brillant et essentiel. Et bien plus qu’un simple album de l’année, il pourrait être l’album d’une vie. A une autre époque, nul doute qu’il aurait été l’album d’une génération.
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Bilan 2018 :
Top « Albums » (40-21)
Top 50 « Chansons »
Top 15 « Ep, 7", Compilations & Rééditions »
Comme promis, voilà donc un player Spotify et un player Deezer proposant - dans l'ordre
croissant - une chanson de chacun des albums présentés ci-dessus.
La chanson de The Dead Mantra n'étant disponible sur aucune des plateformes, elle est en écoute via leur player bandcamp. Bonne(s) écoute(s) !