jeudi 29 février 2024

MGMT - Loss Of Life [Mom + Pop / MGMT Records]

Je ne sais pas trop quoi penser de 'Loss Of Life', le nouvel album de MGMT. Grand cru en devenir ou disque joliment exécuté mais qui rejoindra leur 'MGMT' de 2013 au rang des albums mineurs d'un groupe pourtant majeur des quinze dernières années ('Oracular Spectacular', 'Congratulations', 'Little Dark Age') ? L'avenir nous le dira tant la musique et les compositions du duo Benjamin Goldwasser / Andrew VanWyngarden ne se dévoilent pas toujours aux premières écoutes (je fais partie de ces gens qui n'ont pas saisi le génie de 'Congratulations' immédiatement).

Quoiqu'il en soit, 'Loss of Life' est un de prime abord un disque réussi. MGMT va chercher son inspiration dans les années 80, pour le meilleur (Nothing Changes qu'on pense longtemps être une balade à la Cure, le parfait People In The Streets) comme pour le pire (le duo sans grand intérêt avec Christine and The Queens Dancing In Babylon, toutes ces guitares dégoulinantes marquées du sceau d'une époque un peu trop pompière et qui a plutôt mal vieillie, que Brian May n'aurait pas reniées) ; mais aussi dans les années 90 (évident Bubblegum Dog, le brit-pop Mother Nature, sorte de rencontre entre Oasis et Sophia).

Pas dénué de grands moments, c'est pourtant à la toute fin de l'album que MGMT vient composer un véritable miracle : Loss of Life. La chanson qui clôture le disque du même nom, alors que sa partie 2 l'ouvrait ; comme si l'album ne devait être qu'une boucle infinie. Un morceau sur notre impréparation à la mort d'un être cher (« You can sail off the edges of the earth, greet the workers of the universe, still nothing prepares you for loss of life »), qui sonne comme du Beach Boys époque 'Pet Sounds' qui aurait été produit par Air. Un titre somptueux et qui voit des cuivre s'avancer peu à peu, prendre de la place et de l'ampleur, qui ont moins à voir avec les trompettes de l'Apocalypse du Nouveau Testament qu'avec les trompettes de la déesse Pheme dans la mythologie grecque, qui déifiait les héros par ses chants de Renommée et qui sonnent ici comme une sorte de célébration du défunt et d'une porte d'entrée vers le Monde d'après.

Je ne sais donc pas si 'Loss Of Life' de MGMT va s'imposer dans mes oreilles cette année. Si chaque écoute va lui faire prendre une autre dimension. Ce qui est sûr par contre, c'est qu'il n'est pas dit qu'on écoute une chanson de clôture plus belle et plus touchante que Loss Of Life en 2024. (Sortie : 23 février 2024)

Plus :
'Loss Of Life' de MGMT est à l'écoute sur leur page bandcamp
'Loss Of Life' de MGMT est à l'achat sur leur page bandcamp
'Loss Of Life' de MGMT est également
en écoute et à l'achat ici

Trois chansons de 'Loss Of Life' de MGMT en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, ouvrons le bal avec le sublime Loss Of Life dont j'ai beaucoup parlé au-dessus (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Enchaînons avec People In The Streets. Et terminons par le très brit-pop Mother Nature :

Les clips de Bubblegum Dog et de Nothing To Declare, deux des singles extraits de 'Loss Of Life' de MGMT :

mercredi 28 février 2024

[Track of The Day] Mo Troper - The Billy Joel Fan Club

Quatre-vingt-trois secondes, c'est court pour dire des choses en musique, surtout quand le single de 3'30" a toujours été le maître étalon. Et pourtant, l'américain Mo Troper s'en sort très bien sur The Billy Joel Fan Club, second extrait de son cinquième album à venir dans quelques semaines, 'Svengali'.

Une chanson où il est question de tomber encore plus amoureux de quelqu'un qui partage vos centres d'intérêts - ici Billy Joel donc (et Mo Troper de préciser que cette histoire est vraie et qu'il a un jour vraiment adhéré à ce Billy Joel Fan Club). Une chanson, que dis-je, une balade qui prend ses racines dans une pop (et une production) de la fin des années 60, joliment orchestrée, avec quelques cuivres par ci, une guitare qui slide par là.

Certes, on pourra fustiger la durée de The Billy Joel Fan Club, se dire que c'est moins une véritable chanson qu'un simple refrain (à peine perturbée par un rapide pont) ou regretter que Mo Troper n'ait pas souhaité construire quelques couplets autour de cela. Mais la mélodie est belle, plutôt emballante et marquante même ; alors on remettra nos critiques à plus tard pour mieux replonger dans ces quatre-vingt-trois secondes de pure pop vintage.

EDIT : Accusé par son ex-compagne Maya Stoner du groupe Floating Room de violences physique et psychologique, Mo Troper a été lâché aussi bien par son management que par Lame-O Records qui finalement ne sortira pas le disque.

Album : Svengali
Année : 2024
Label : Lame-O Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, The Billy Joel Fan Club de Mo Troper est également en écoute ci-dessous :

Le clip de The Billy Joel Fan Club de Mo Troper :

mardi 27 février 2024

[Track of The Day] Maxwell Farrington & Le SuperHomard - Begging's Not My Business

Trois ans après un premier album remarqué, le duo franco (Le SuperHomard) australo-briochin (Maxwell Farrington) est enfin de retour, toujours chez Talitres, et toujours avec une pop orchestrale bien orchestrée dans sa besace.

Le disque s'appelle 'Please, Wait...' et s'il ne confirme pas totalement les promesses entendues sur 'Once' (la faute à des mélodies qui ne marquent pas vraiment), il contient une composition absolument sublime, sans conteste la meilleure à ce jour de Maxwell Farrington & Le SuperHomard.

Elle s'appelle Begging's Not My Business et ouvre la face-B de 'Please, Wait...'. Et de quelle manière ! Il y a tout dans cette chanson : du souffle, des arrangements soyeux, une mélancolie touchante, une production soignée et toujours cette voix entre Adam Green (même si Farrington est sans doute un meilleur chanteur que l'américain) et le Scott Walker des débuts, genre crooner qui ne se prend pas pour un crooner. 

Morceau quasi-symphonique, ample, à la production luxuriante et pleine d'emphase, Begging's Not My Business est en plus de tout ça d'une élégance rare. Qui en trois minutes met l'auditeur à genou.

Album : Please, Wait...
Année : 2024
Label : Talitres

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Begging's Not My Business de Maxwell Farrington & Le SuperHomard est également en écoute ci-dessous :

Autre très belle chanson de 'Please, Wait...' de Maxwell Farrington & Le SuperHomard, voilà Postprandial Promenade, avec le featuring de leur consœur de label Nadine Khouri :

Le clip de Plat du Jour, un des singles extraits de 'Please, Wait...' de Maxwell Farrington & Le SuperHomard :

vendredi 23 février 2024

[Track of The Day] Vampire Weekend - Capricorn

Groupe au succès certain au tournant des années 2000, avec A-Punk, tube qui aura fait date et qui continue de cartonner en synchro, Vampire Weekend est un groupe qui m'a toujours ennuyé. Je ne nie pas quelques qualités de compositions certes, mais rien n'y fait, je suis toujours passé à côté de leurs albums et n'ai jamais compris l'engouement dont il faisait l'objet.

Pourtant, les new-yorkais viennent d'annoncer la sortie d'un nouvel album pour le 5 avril prochain (leur cinquième et le premier depuis 2019). Il s'intitulera 'Only God Was Above Us'. Et si la référence à Dieu me fait d'avance freiner des quatre fers (le « was » laissant planer le doute, on n'est quand même pas chez The Welcome Wagon), je dois avouer que les deux premiers singles publiés en amont m'ont plus que tapé dans l'oreille. Deux chansons très riches, qui ont tout deux l’écho et la distorsion ancrées au coeur, et qui sont dans un style Vampire Weekend pur jus selon les fans (avis que je suis évidemment incapable de donner, n'ayant pas écouté le groupe depuis des années). A tel point qu'il est difficile de trancher entre la très belle balade Capricorn (en écoute aujourd'hui) et ses roulements de batterie, et l'énergique et pop Gen-X Cops.

Mais l'important est ailleurs. Pour la première fois, je suis hypé par un disque de Vampire Weekend. Seize ans après leur premier album. Il faut un début à tout. Il parait bien qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Album : Only God Was Above Us
Année : 2024
Label : Columbia Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Capricorn de Vampire Weekend est également en écoute ci-dessous :

Le second single extrait de 'Only God Was Above Us' de Vampire Weekend est à découvrir ci-dessous :

jeudi 22 février 2024

Aline - La lune sera bleue (2009-2015) [–]

Est-ce pour pouvoir rejouer ensemble sur scène ? Est-ce pour écrire le vrai point final de leur courte discographie ? Ou est-ce plutôt une sorte de galop d'essai pour voir si le public répond présent et si cela peut leur donner des idées pour un vrai troisième album ?

C'est sans doute avec toutes ces hypothèses en tête qu'Aline a décidé de remettre le travail sur l'ouvrage et de revenir du cimetière des groupes disparus bien trop tôt et bien trop vite après deux albums de haute volée ('Regarde Le Ciel' et 'La Vie Électrique') dont le premier reste un classique absolu de la pop à guitare française (que de tubes !).

Pour leur retour, les Aline ont décidé de publier 'La Lune Sera Bleue', compilation de sept inédits et de deux reprises (Tombé pour la France d’Étienne Daho et Moi je joue de Brigitte Bardot) enregistrés entre New-York et Marseille de 2009 à 2015. Un disque financé par crowdfunding, dont la campagne a été un grand succès, prouvant par la même que malgré neuf années d'absence, le quintet n'a jamais été oublié.

Sur les sept inédits, on retrouve La Rivière Est Profonde, chanson déjà chroniquée dans ces pages il y de cela dix ans, à l'occasion d'un Ep 'France 2014', et plus... publié par Hands and Arms et Eyes Minded. Un titre totalement instrumental, à la rythmique tendue et aux guitares eighties, sur lequel une fillette vient réciter un extrait d'un texte de Guy Debord. Sans doute la meilleure des chansons non publiées par Aline à ce jour, à laquelle on adjoindra notamment La lune sera bleue, envoyée en éclaireur au moment du lancement du crowdfunding, l'autre instrumental Acier Géant et le très réussi Marc, qui ouvre le disque.

Une bonne partie de ces inédits, Aline sont venus les défendre sur scène le temps d'une mini-tournée de quelques dates, toutes sold-out. La première avait lieu il y a tout juste deux semaines au Sonic de Lyon, dans une péniche blindée pour l'occasion et prête à danser. Et danser, autant le dire tout de suite, elle le fit. Avec un groupe souriant, content d'être là et un Romain Guerret en forme, venus avec quelques blagues (et pas toutes préparées en amont), le concert a été un moment généreux à souhait, plein de plaisir et de mélodies parfaites. Devant un public totalement acquis, il s'est ouvert par l'évident Avenue des Armées (meilleure chanson de 'La Vie Électrique') avant de prendre une dimension supplémentaire dès Je bois et puis je danse, tube parmi les tubes, pour se finir en rappel sur un décapant et toujours aussi parfait Teen Whistle.

Il fallait voir les visages de la centaine de personnes venue se masser dans la chaleur du Sonic au sortir de ces 1h20 de concert. Des sourires, rien que des sourires. Un feel-good concert comme on en fait finalement assez peu. Je ne sais pas ce qu'Aline recherchaient exactement avec cette tournée et la sortie de ce disque de face-b. Mais s'ils cherchaient à savoir s'ils avaient manqué au public et si celui-ci les aimait toujours autant, la réponse a été claire et limpide. Ne reste plus qu'à espérer que cette collection de face-b ne soit pas le chant du cygne définitif d'Aline : ces (plus si jeunes) gens ont sans doute encore des choses à dire. Et des chansons à composer. (Sortie : 16 février 2024)


Plus :
'La lune sera bleue (2009-2015)' d'Aline est à l'achat sur Caramba Records
'La lune sera bleue (2009-2015)' d'Aline est en écoute, notamment, sur Deezer et
Spotify

Trois chansons de 'La lune sera bleue (2009-2015)' d'Aline en écoute aujourd'hui. Le superbe instrumental La rivière est profonde pour ouvrir le bal (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis La lune sera bleue. Et enfin Marc :

lundi 19 février 2024

[Track of The Day] Green Day - Bobby Sox

A quoi voit-on qu'on vieillit inexorablement, quand bien même on essaie de faire comme si de rien n'était ? Quand on se lève la nuit pour pisser. Quand il nous faut non pas une journée entière (ça c'est quand on a 35 ans) mais au moins deux pour se remettre d'une cuite. Et quand les disques qui ont fait notre adolescence fêtent leurs 30 ans.

Et autant vous dire que 1994 n'est pas exempte de grands disques. Il y a quelques jours, c'était 'Crooked Rain, Crooked Rain' de Pavement. Dans les prochains mis, on aura droit aux 30 ans 'Definitely Maybe' d'Oasis, 'Grace' de Jeff Buckley, 'Smash' de The Offspring, 'Dummy' de Portishead, j'en passe et certains meilleurs (mais découverts plus tard à l'âge adulte, du genre Low, Johnny Cash et consorts).

Le premier février dernier, nous fêtions l’anniversaire de 'Dookie', l'album iconique de Green Day, avec son nom débile (littéralement « caca ») et son hit ultime Basket Case, une des chansons majeures des années 90. Sans doute le disque de punk-à-roulettes le plus vendu de tous les temps (plus de 20 millions d'exemplaires), genre musical qui leur colle à la peau et dont ils sont à jamais les icônes absolues.

Trente ans ont passé, et Green Day existe toujours, avec toujours le même line-up, avec toujours le même Billy Joe Armstrong au chant. Le trio qui vient même de publier un nouvel album, 'Saviors', quelque part entre 'Nimrod' et 'American Idiot', leur dernier disque marquant à ce jour.

Et la formule n'a pas changé. Du punk-à-roulettes très efficace, que d'aucuns diront pompier, et plutôt engagé (The American Dream Is Killing Me, Coma City entre autres) où ça crie, ça hurle, ça riff, ça tape. Alors certes, c'est sans doute un peu ridicule de voir Billie Joe Armstrong hurler « do you wanna be my girlfriend » à 50 ans bien tapés (sur Bobby Sox, excellent single, Green Day jusqu'au bout des ongles, en écoute aujourd'hui). Mais c'est tout aussi mignon de le voir chanter Father To A Son, preuve que lui et ses deux compères ne jouent pas qu'aux éternels adolescents qui veulent en découdre.

Et puis au final, qui s'en soucie ? Les Green Day ne se sont jamais pris pour d'autres, ont toujours suivi la même formule, faite de chansons rapides, de guitares énervées et de wouhou faciles. Et trente ans après 'Dookie', ils le font toujours aussi bien, avec un son bien à eux, reconnaissable entre mille et une voix qui ne semble pas avoir bougé en presque trente-cinq de carrière. Ils auraient d'ailleurs tort de vouloir faire autrement : c'est sans doute à cause de ça que je (et beaucoup d'autres avec moi) garde pour eux une tendre affection.

Album : Saviors
Année : 2024
Label : Reprise Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Bobby Sox de Green Day est également en écoute ci-dessous :

Autre extrait de 'Saviors' de Green Day, le punk-à-roulette par excellence 1981 :

Le clip de Bobby Sox de Green Day :

jeudi 15 février 2024

[Track of The Day] METZ - Entwined (Street Light Buzz)

Avec l'aventure solo impeccable d'Alex Edkins sous le moniker de Weird Nightmare, on en avait presque oublié que METZ était toujours actif. A notre décharge, il faut dire que le trio de Toronto, dont Edkins est le chanteur autant que le guitariste, s'est fait plutôt discret depuis 2020 et 'Atlas Vending' (à un split Ep avec Adulkt Life et un single avec Joe Talbot d'Idles en 2022 près).

Mais la suite arrive enfin. Le cinquième album de METZ est prévu pour le 12 avril prochain, s'intitulera 'Up on Gravity Hill', comptera quelques invités de marque (Owen Pallett, étonnamment, et Amber Webber, (ex?) chanteuse Black Mountain) et sortira à nouveau chez Sub Pop (et Dine Alone au Canada). Pour l'instant, deux chansons ont été dévoilées, 99 et surtout Entwined (Street Light Buzz) (en écoute aujourd'hui), pleine de rage, d'une basse presque métal, d'une guitare qui hésite entre rock et post-punk, d'un pont irrésistible où le feu gronde sous la glace, mais aussi de contours pop où l'influence de Weird Nightmare est certaine.

Album : Up on Gravity Hill
Année : 2024
Label : Sub Pop / Dine Alone

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Entwined (Street Light Buzz) de METZ est également en écoute ci-dessous :

Le clip de 99, l'autre single extrait de 'Up on Gravity Hill' à venir de METZ :

mercredi 14 février 2024

[Track of The Day] The BV's - I Can't Stand The Rain

Parce qu'une basse qui démarre les hostilités, c'est toujours bon à prendre. Parce qu'une guitare qui mène la danse tout du long de sa mélodie plutôt lumineuse, ça marche encore et ça marchera encore longtemps. Parce que cette jangle-pop qu'on dirait avoir 35 ans d'âge ne vieillira jamais. Parce que cette belle voix un peu effacée et à l'écho léger apporte un supplément de charme à l'ensemble. Parce que tout ceci mis bout à bout fait dodeliner de la tête et donne envie de se lancer dans un pas de deux. Voilà pourquoi I Can't Stand The Rain, un des extraits de 'Taking Pictures of Taking Pictures', troisième et nouvel album des anglo-allemands de The BV's qui sort ce vendredi, est une chanson tout à fait attachante et immédiate. Un morceau qu'on a l'impression d'avoir entendu mille fois mais qui fait mouche quasiment instantanément. Une madeleine en somme.

Album : Taking Pictures of Taking Pictures
Année : 2024
Label : Kleine Untergrund Schallplatten / Shelflife Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, I Can't Stand The Rain de The BV's est également en écoute ci-dessous :

Le clip de I Can't Stand The Rain de The BV's :

mardi 13 février 2024

[Track of The Day] The Miserable Rich - Crows

Avec sa mélodie au piano toute répétitive qui se multiplie et se transforme, Crows est une chanson pour le moins entêtante. Elle est aussi la plus réussie de 'Overcome', le quatrième album de The Miserable Rich, quintet originaire de Brighton (dont je ne sais rien) qui après trois premières sorties assez confidentielles avait mis la clé sous la porte au tournant des années 2010 avant de revenir début février.

Crows est surtout une chanson faussement naïve. Portée par des arrangements nombreux et des couches qui n'arrêtent pas de se superposer, elle a tous les atours de la chanson simplement pop et joliment enivrante. Sauf qu'on se rend très vite compte que sa mélodie lumineuse est un leurre. Plus les minutes passent, plus Crows n'est plus seulement entêtante, elle devient tout à fait obsédante : l'ambiance se fait plus pesante, les claviers se chevauchent toujours un peu plus, les notes résonnent et se répètent en boucle comme si elles avaient l'intention de vous rendre fou alors que la mélodie garde son cap, sans dévier, pleine de lumière. Et alors que quelques dernières notes de piano s'évaporent, il y a comme un sentiment d'exaltation qui prédomine. Définitivement, une très grande chanson pop, à la richesse insoupçonnable.

Album : Overcome
Année : 2024
Label : Rags To Ruin Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Crows de The Miserable Rich est en écoute ci-dessous :

Le clip de Crows de The Miserable Rich est en écoute ci-dessous :

lundi 12 février 2024

[Track of The Day] Ryan Adams - I Can See The Light

Il y a des artistes qui, avec leur label, planifient la sortie de leur nouvel album avec minutie, en faisant monter la sauce semaine après semaine, mois après mois, en dévoilant une à une les chansons les plus marquantes ou remarquables au fur et à mesure. Et puis il y a Ryan Adams.

Auteur de quelques albums remarqués au début des années 2000 ('Heartbreaker' et surtout 'Gold', publié deux semaines après les attentats du World Trade Center), l'américain a publié le 1er janvier dernier pas moins de cinq nouveaux albums : quatre studio et un live. Soixante-dix-sept chansons (dont soixante-cinq nouvelles). D'un coup, sans crier gare - ou presque, alors que tout artiste normalement constitué aurait étalé les sorties tout au long de 2024. Allez comprendre.

Je vais essayer de parler de chacun de ces disques dans les semaines et les mois à venir car s'il y a plus à boire qu'à manger, ceux-ci ne sont pas exempts de jolies chansons (notre homme sait composer, ce n'est pas nouveau) et bons moments. Et ce n'est pas parce que Ryan Adams a décidé d'envoyer paître la promotion en bazardant tout ça d'un coup qu'il ne faut pas s'y attarder, ne serait-ce que quelques minutes.

Ouvrons le bal avec 'Sword & Stone'. Sans doute le plus « facile » des quatre albums. Un disque pas renversant pour un sou, fait de chansons pop-rock lorgnant régulièrement vers des sonorités presque FM, mais dans lequel on trouve quelques pépites cachées comme la très belle balade Manhattan in the Rain et surtout, I Can See The Light, rock nerveux qui n'est pas sans rappeler les 22-20s, où Ryan Adams semble jouer sa vie et où son chant transpire de sincérité.

Album : Sword & Stone
Année : 2024
Label : Pax Am Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, I Can See The Light de Ryan Adams est également en écoute ci-dessous :

Autre belle chanson de 'Sword & Stone' de Ryan Adams, voilà Manhattan in the Rain :

mercredi 7 février 2024

[Track of The Day] OldBoy Rhymes, Sage Francis, Rituals of Mine, Alxndrbrwn - Master Cleanse

« The Flag Shop is Out of Stock, I hang myself. Don't waive your rights with your flags »
. Voilà comment se terminait Makeshift Patriot, chanson coup de poing de Sage Francis après les attentats du 11 septembre 2001 sur l'attitude de son pays et de ses concitoyens, à contre-courant de l'ambiance de l'époque. Depuis ce titre, sur tous ses albums, Sage Francis s'est imposé comme un des (si ce n'est le) rappeurs les plus engagés de sa génération - et des suivantes d'ailleurs. Et si les années ont passé, l'américain n'a rien perdu de sa verve. Et l'actualité funeste au Proche-Orient ces derniers mois vient nous le rappeler.

Depuis les attentats abjects perpétrés le 7 octobre dernier où plus de 1200 israéliens de tous âges ont péri sous les balles du Hamas, Gaza vit sous un déluge de bombes de représailles et fait face à un massacre sans nom. Quatre mois où la haine du gouvernement Netanyahou semble n'avoir aucune limite et frappe de façon irrésolue et indifférenciée dans une violence tout à fait indicible, où les morts s'accumulent (près de 30 000 officiellement, beaucoup plus pour certains observateurs) et où les mutilés sont encore plus nombreux (peut-être le double ou le triple). Pas un jour sans des images ou des récits tous plus ignobles les uns que les autres, touchant toutes les strates de la population gazaouie, massée et nassée dans le sud de la bande de Gaza et qui doit faire face à l'horreur des bombes, de la famine, des maladies.

Devant ce génocide qui ne veut pas dire son nom, Sage Francis a répondu à l'invitation de OldBoy Rhymes (rappeur américain qu'il allait signer sur son label Strange Famous avec l'intention de sortir son premier album) venu lui présenter une démo d'une de ses compositions intitulée Master Cleanse (« grand nettoyage ») et qui traitait de ces évènements. Sage Francis y a mis sa patte le temps d'un long couplet très engagé, très vite rejoint par la rappeuse Rituals of Mine, OldBoy Rhymes ouvrant et fermant le bal avec deux couplets particulièrement brillants, tandis qu'Alxndrbrwn prenait en charge la production.

Quant au morceau ? Pesé et soupesé (Sage Francis l'avoue lui-même dans un long thread sur Twitter), Master Cleanse reste un morceau qui ne mâche pas ses mots contre la violence aveugle et sans limite du gouvernement israélien mais aussi contre les États-Unis (leur alignement derrière un de leurs alliés historiques sans que jamais soit remis en question une seconde le comportement innommable de celui-ci) et sa sphère médiatique (qu'on peut sans doute étendre à l'Occident) qui garde le doigt sur la couture, ne moufte pas, préférant relayer un seul et unique récit, par peur de représailles ou par simple lâcheté.

Master Cleanse est sans doute le titre le plus féroce (on n'écoutera pas de chanson plus politique cette année) auquel Sage Francis a participé depuis l'incroyable Slow Down Ghandi en 2005 (auquel on peut d'ailleurs le rapprocher). Un morceau puissant, à la production qui monte en intensité au fur et à mesure et peut-être un des premiers depuis quatre mois à voir des artistes se lever et dénoncer l'infamie de la situation actuelle qui se déroule sous nos yeux sans qu'on, et nos gouvernants avec, y fassent grand chose. Alors certes, il y a peu de chance que Master Cleanse fasse bouger les choses. Mais comme le chante Rituals of Mine : « Give me something to believe in ».

NB : Master Cleanse de OldBoy Rhymes, Sage Francis, Rituals of Mine et Alxndrbrwn est en téléchargement en « pay what you want » sur la page Bandcamp de Sage Francis. Page sur laquelle on retrouve l'intégralité des paroles de la chanson.

Album : -
Année : 2024
Label : Strange Famous Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Master Cleanse de Sage Francis OldBoy Rhymes, Rituals of Mine et Alxndrbrwn est en écoute ci-dessous :
 
 
Le clip de Master Cleanse de Sage Francis OldBoy Rhymes, Rituals of Mine et Alxndrbrwn (soumis à une limite d'âge et à avoir un compte en bonne et due forme) :
 

mardi 6 février 2024

[Track of The Day] The Vaccines - Another Nightmare

Est-ce que le monde a encore besoin de The Vaccines en 2024 ? D'instinct j'aurais répondu par la négative tant le groupe n'a jamais fait les gros titres en dehors d'Angleterre et que les belles années du quatuor londonien semblaient bien loin, presque abimées par une collection d'albums tout à fait quelconques.

Pourtant, il s'avère que 'Pick-Up Full Of Pink Carnations', sans bouleverser l'histoire de la musique, ce début d'année ou même cette semaine, est plutôt une bonne surprise. On sent bien que les Vaccines essaient de revenir, au moins en partie, à leurs origines pour proposer ce qu'ils ont toujours su faire de mieux : des chansons power-pop/rock toutes guitares dehors, des mélodies attachantes, qui restent en tête et qu'on a envie de chanter à tue-tête, le tout avec le pied enfoncé sur l'accélérateur. Avec toujours la voix impeccable de Justin Young en meneuse de revue.

Alors oui, ce ressenti général sur 'Pick-Up Full Of Pink Carnations' vient peut-être du fait que le quatuor a mis en ouverture les trois singles de l'album. Alors oui, on aura sans doute oublié l'existence de ce disque dans quelques semaines. Pour autant, même si l'on sent tout du long que les Vaccines recherchent leur nouveau Post Break-Up Sex (leur grand œuvre. Un single absolument parfait et sans conteste le plus anglais des années 2010) sans jamais le trouver, il se dégage quelque-chose d'assez attachant de ce sixième album, concis, efficace et qui transpire la sincérité. 'What Did You Expect From The Vaccines?' demandait le groupe sur le fronton de son premier album. Ça. Juste ça. Pas plus, pas moins messieurs.

Album : Pick-Up Full Of Pink Carnations
Année : 2024
Label : Thirty Tigers

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Another Nightmare de The Vaccines est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson réussie de 'Pick-Up Full Of Pink Carnations' de The Vaccines, voilà Lunar Eclipse :

Le clip de Heartbreak Kid de The Vaccines, un des trois singles extraits de 'Pick-Up Full Of Pink Carnations' :

jeudi 1 février 2024

[Track of The Day] Omni - INTL Waters

Il aura fallu un peu plus de quatre ans pour le trio d'Atlanta Omni pour donner suite à 'Networker', disque tout à fait sous-estimé d'art-math rock et post-punk qui ne se laissait pas amadouer facilement mais dont la qualité, une fois révélée, sautait aux oreilles. Et quatre ans, dans le monde de l'indie-rock c'est long, surtout quand chaque nouvel album fait la une quelques heures avant d'être remplacé par un autre.

Mais à l'écoute des singles déjà publiés pour promouvoir leur quatrième album 'Souvenir' (toujours chez Sub Pop), pas dit que les Omni aient perdu leur temps. Notamment sur Plastic Pyramid (sur lequel ils ont invité Izzy Glaudini d'Automatic pour un morceau remarquable et immédiat) et INTL Waters (en écoute aujourd'hui), chanson qui fait toujours l'art-rock mais avec des soupçons pop beaucoup plus prononcés que par le passé (un piano en pièce maitresse qui s'amuse ici et là, à son bon vouloir), une allure à la Foxygen, et qui termine dans une sorte de grand barnum électrique et riffeur. Vous me direz, deux singles c'est peu pour se faire une idée. Certes. Mais difficile à leur écoute de ne toutefois pas se dire que ce 'Souvenir' d'Omni, prévu pour le 9 février, promet énormément.

Album : Souvenir
Année : 2024
Label : Sub Pop

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, INTL Waters d'Omni est également en écoute ci-dessous :

Autre single plus que conseillé de ce 'Souvenir' à sortir, Plastic Pyramid avec la participation de Izzy Glaudini d'Automatic : 

Le clip de Plastic Pyramid Waters d'Omni :