Repéré par le toujours de bon goût Louis chez Soul Kitchen, Danser Les Filles est le premier single de l'album du même nom de Bastien Lallemant (son cinquième). De qui ? Moi qui suis très chanson française, je suis en effet totalement passé à côté de ce monsieur, qui officie et publie de jolies choses depuis 2003 déjà (j'ai, rapidement certes, rattrapé mon retard depuis).
Difficile en tout cas, pour le néophyte que je suis, de ne pas faire le rapprochement avec Dominique A sur ce Danser Les Filles, tant le phrasé, la mélodie lascive et les guitares assez minimales rappellent l'univers de Monsieur Ané.
Mais cela serait réduire la très belle chanson qu'est Danser Les Filles (produite, soit dit en passant, par JP Nataf des Innocents) à un simple exercice de style, ce qu'elle n'est pas, qui plus est de la part d'un artiste qui a derrière lui 15 ans de carrière. Reste à savoir si cette chanson au tempo lent fera danser les filles.
Décédé il y a deux ans d'un cancer de l'estomac, Charles Bradley avait été célébré l'an passé par un album posthume, le joli 'Black Velvet'. Mais il gardait le meilleur pour la fin : Lonely As You Are.
Une chanson assez unique en son genre tant elle est un adieu voulu du chanteur de 68 ans à notre monde, qui nous salue et se réjouit presque de revoir tout ceux qu'il a aimé et qui sont partis depuis longtemps.
Enregistrée (mais non finalisée à l'époque) alors qu'il était déjà très malade, Lonely As You Are est une balade mélancolique où la belle mélodie n'a d'yeux que pour la voix de Charles Bradley qu'il pousse au maximum et dans ses tous derniers retranchements ; mais son chant est si habité que le résultat est vibrant et émouvant.
Et quand sa voix résonne une dernière fois sur « I love you and this is from Charles Bradley. Hope this one day gets out to the world », la larme qui grossissait depuis le début du morceau finit par couler pour de bon. Rassure toi Charles, Lonely As You Are a vu le jour. Il aurait été encore plus triste que ce ne soit pas le cas. Ah, dernière chose : sois sûr qu'on t'aime aussi.
Avec ses 4'28" au compteur, Drunk II est une petite surprise de la part de Mannequin Pussy. Car ce premier single de leur troisième album à venir, 'Patience', est la chanson la plus longue jamais composée par le trio de Philadelphie.
Il faut dire que leurs deux premiers efforts faisaient dans le minimal : un premier album de 18 mns (10 titres), un second de 17 (11 titres). Il semblerait donc que pour 'Patience', Mannequin Pussy ait décidé d'étirer ses chansons. Mais également de s'éloigner du punk et du garage de ses premières amours pour mieux se lover dans un grunge bien mélodique du plus bel effet.
Ce fameux Drunk II ouvre en tout cas de bien belles possibilités au groupe, qui rappelle beaucoup Screaming Females et dont la guitare a ce je ne sais quoi de Jay Mascis. Plus qu'épatant nouveau single.
Et le virage a été particulièrement bien négocié tant 'Dogrel' est une belle réussite et qui a le bon goût de prendre de l'ampleur au fur et à mesure des écoutes.
Punk et post-punk sous bien des aspects, presque grunge par moments (Hurricane Laughter), rappelant le Oasis des débuts - moins musicalement que dans la construction de ce premier album : leur « But I'm gonna be big » de la première chanson Big qui fait écho au « Tonight I'm a rock 'n' roll star » qui ouvrait 'Definitely Maybe' des mancuniens, ces quelques balades pop aguicheuses - et porté par un chant parfois j'm'en foutiste, avec un accent marqué et des plus savoureux, et des paroles sociales, 'Dogrel' a décidément tout pour lui. Les Fontaines D.C. étaient annoncés comme « The Next Big Thing ». Ils le sont. Indéniablement.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Too Real, sans doute le tube de ce 'Dogrel' de Fontaines D.C., est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson évidente, voilà Hurricane Laughter de Fontaines D.C.:
Il y a quelques jours de ça, nous fêtions les 30 ans de 'Doolitle', chef d’œuvre absolu des Pixies qui ouvrait avant l'heure les années 90 et en posait les bases.
Trois décennies plus tard, difficile de ne pas voir l'ombre de la bande à Black Francis et Kim Deal flotter au-dessus de 'Rat Blanket', premier Ep de Wych Elm, groupe de Bristol. Un quatuor (3 garçons et une fille, au chant) assez peu disert à son sujet et qui renvoie à chaque fois vers les mêmes informations : « Wych
Elm, after the folktale namesake, birth a macabre string of stories
with their ear shredding fragile guitar parts and rattling drums ». Tout un programme.
Ceci dit, cette courte présentation ne ment pas sur le produit. Le nom du groupe vient de l'histoire de cette femme retrouvée morte en 1943 dans le comté de Worcestershire en Angleterre, la main coupée et le corps enfoncé dans le tronc d'un orme blanc (« wych elm » en anglais donc) ; mort que certains attribuent à un rituel de sorcières. Les paroles ne font pas dans le détails elles non plus, tant il est souvent question de douleur - quand il n'est pas question de mort. Enfin, l'adresse du bandcamp du groupe comporte le nombre 666. Bref, autant le dire tout de suite, les Wych Elm ne sont pas venus pour nous conter fleurette.
Et d'un point de vue purement musical ce 'Rat Blanket Ep' ? Indie/alt rock fin 80s/début 90s au programme mais surtout Pixies donc - et Breeders, forcément - pour l'essentiel. Et dès la chanson d'ouverture, Monkey Jaw (tiens, un « monkey » là aussi), les références sont évidentes ; que ce soit sur le rythme, la façon de construire leurs morceaux, de faire sonner leurs guitares, de faire durer leurs chansons (7 titres en 14 mns, you do the maths) ou ses nombreuses allusions à la religion, tel Black Francis sur 'Doolittle'.
Composé de sept chansons (quatre singles déjà publiés, tous ré-enregistrés, et trois nouveautés,
laissant juste de côté un Bag of Worms qui aurait peut-être mérité d'y
être), 'Rat Blanket Ep' est une longue montée vers de beaux - et macabres - sommets où l'on retrouve les deux meilleurs titres aux toutes dernières positions : School Shooter, leur excellent premier single sorti en 2017 et qui avait eu son petit succès (c'est triste à dire mais on en est là : plus de 100 000 écoutes sur Spotify) et Susan Smith, ses paroles terrifiantes, sa mélodie et son chant désespéré (« Why'd you do this to me, as your baby, you made me, you made me »), climax et clôture d'un Ep de très haute volée.
Car puissant, cohérent, homogène, inspiré, court, incisif et à la belle mélancolie sauvage, 'Rat Blanket Ep' frappe fort. Et place les Wych Elm en très bonne position de la course à la prochaine révélation - si tant est que cela ait un quelconque intérêt. (Sortie : 22 mars 2019)
'Rat Blanket Ep' de Wych Elm est à l'écoute, notamment, chez Spotify et Deezer
Trois chansons de 'Rat Blanket Ep' de Wych Elm en écoute ce jour. Susan Smith pour commencer (également en écoute dans les playlists Spotify / Deezer et dans la colonne de gauche de ce blog), Puis School Shooter, autre single évident (je vous laisse imaginer de quoi il est question). Et enfin Woman :
Pour finir, deux chansons en un clip avec le diptyque qui ouvre 'Rat Blanket Ep' de Wych Elm, Monkey Jaw et Help Me :
S'il n'a pas une consistance qui lui permet de tenir la longueur, il y a de belles choses sur ce 'What Chaos Is Imaginary', troisième album du duo angeleno Girlpool, que je découvre à cette occasion. Beaucoup de chansons allant chercher leurs influences dans un indie-rock des années 90, quelques passages plus légers/rêveurs et mélancoliques (moins marquant à mon goût) et même du synthé ici et là.
Mais il y a surtout Hire, superbe chanson qui nous fait imaginer Elliott Smith et Eels se retrouvant dans un studio pour enregistrer au débotté une chanson mêlant leurs deux univers, tout en rajoutant quelques grammes de grunge. Son unique défaut est peut-être de ne durer que 2'55". Heureusement, il reste la fonction « repeat », c'est un moindre mal. Mais quel morceau !
Après des années à se faire discret, Scott Kannberg a décidé d'accélérer le tempo. Dix-huit mois après un 'Doris and the Daggers' sympathique à défaut de mieux, revoilà le guitariste de Pavement avec un nouvel album, le troisième sous son fameux alias Spiral Stairs.
Sorti sur le label texan Nine Mile Records (qui vient d'ailleurs de rééditer les deux albums de Preston School of Industry et le premier Spiral Stairs), 'We Wanna Be Hyp-No-Tized', à l'instar de son prédécesseur, a un démarrage des plus enthousiasmants. Très vite, on se rend compte que Spiral Stairs a monté le braquet et qu'il a décidé de s'amuser, de se faire plaisir et par la même de nous en mettre plein la vue en invitant saxophone, trompette, chœurs et claviers. Et en prenant la voix (c'est lui qui le dit) de Van Morrison.
Et cela s'en ressent tant l'ensemble déborde d'énergie (et qui est plutôt communicative d'ailleurs) et d'envie où rien n'est (ou ne semble) feint. Alors oui, tout n'est pas bon, il y a quelques effets de manche dispensables ou trop appuyés, des arrangements pompiers ou d'assez mauvais goût. Mais il n'empêche : pas révolutionnaire pour un sou, 'We Wanna Be Hyp-No-Tized' est un disque plaisant, avec quelques chansons réussies (comme ce The Fool, en écoute aujourd'hui).
Disons le clairement : 'Whoosh' n'est pas un disque de son époque. Oh, non pas qu'il soit rétro ou qu'il baigne dans des influences de cinquante ans d'âge. Non. Simplement, ce premier effort de The Stroppies, quatuor de Melbourne (composé de Gus Lord, Rory Heane, Claudia Serfaty et Adam Hewitt), n'a pas l'immédiateté que réclame l'époque actuelle pour faire d'un disque ou d'une chanson un succès.
Car quand après 34 minutes, les dernières notes de Switched On s'éteignent, 'Whoosh' a tout sauf l'allure d'un album prêt à rester dans les mémoires. Pour autant, il ressort de cette première écoute une envie bizarre, presque un besoin : celui de la relancer. Comme si cet anecdotique disque de prime abord pouvait être bien plus que cela. Comme si une voix nous disait que derrière ces 10 chansons, il y avait quelque-chose en plus. D'impalpable.
Les écoutes suivantes vont confirmer le sentiment que 'Whoosh' de The Stroppies a quelque-chose que les autres n'ont pas. Et qu'il n'est pas un énième album lambdacomme il en sort tous les jours - et pas que le vendredi.
Déjà ils ont des mélodies. Elles ne sont pas forcément immédiates, mais dès qu'elles se sont insinuées dans votre oreille, il est difficile de ne pas les remarquer (My Style, My Substance pour ne citer que cette chanson). Et puis ce côté slacker (branleur certes mais pas trop) et lo-fi (le fait que le disque ait été enregistré en deux jours, faute de moyens supplémentaires, explique sans doute cela) et qui donne aussi bien du corps, de l'unité qu'une vraie ambiance à l'ensemble. Et puis ce côté Sonic Youth, le côté noise en moins, le côté pop en plus. Et puis ces deux voix (une féminine - qui rappelle par moments d'ailleurs celle de Kim Gordon -, une masculine) qui se partagent le chant. Et puis cet accent qui fait parfois penser qu'ils ne chantent pas dans leur langue maternelle. Et puis ces claviers presque cheaps mais diablement mélodiques qui rappellent Mates of State. Et puis le combo guitare-basse qui ne s'énerve jamais trop. Et puis cette production étouffée. Et puis. Et puis.
Et puis encore plein de choses au final qui font de cet album de The Stroppies une des meilleures choses entendues cette année. Écoutez-le, prenez votre temps : ce diable de 'Whoosh' est un disque discret, un peu timide et qui ne se livre pas facilement. (Sortie : 1er mars 2019)
Plus :
'Whoosh' de The Stroppies est à l'écoute sur la page bandcamp du groupe
'Whoosh' de The Stroppies est à l'achat sur la page bandcamp du groupe
'Whoosh' de The Stroppies est également en écoute sur Deezer et Spotify
Trois chansons de cet album de The Stroppies en écoute aujourd'hui. My Style, My Substance (en écoute également dans les playlists Spotify et Deezer, dans la colonne de gauche de ce blog) pour commencer, sans doute la meilleure chanson de 'Whoosh'. Puis First Time Favourites, histoire d'avoir quelques claviers. Et enfin Nothing at All, la chanson qui ouvre le disque :
'Whoosh' de The Stroppies a déjà trois singles à son actif. Trois chansons (et pas les plus dégueulasses : Entropy, Nothing At All et Cellophane Car) qui ont également droit à leurs clips :
Difficile de passer à côté de ce deuxième album de Corey Cunningham, sorti sous le nom de Business of Dreams. Déjà parce que j'ai raté le premier (éponyme, en 2017). Ensuite parce qu'il est édité par Slumberland. Enfin parce que notre homme est membre de Terry Malts, jolie découverte de 2017, et Smokescreens dont le 'Used to Yesterday' était un des plus importants albums de 2018 à mes oreilles.
Corey Cunningham donc qui s'est lancé dans ce projet solo suite au décès il y a quelques années de son père. Une douleur qui lui a demandé un retour aux sources familiales et dont le résultat est ce 'Ripe for Arnachy'.
Un album charmant et discret, avec un peu de Smiths ici et là, à la production très à-propos, d'où s'échappe régulièrement une mélancolie touchante, et qui est porté par sa chanson titre, magnifique single en puissance, aux quelques accents d’Étienne Daho.
Premier extrait du deuxième album de Johanne Swanson, américaine de Brooklyn qui officie donc sous le nom de Yohuna, Mirroring est en même la chanson titre. Une chanson courte, sorte de bedroom pop fatiguée et de guingois, basée sur une guitare presque déglinguée, où Yohuna se pose énormément de question.
L'album ('Mirroring' donc) sortira début juin chez Fear of Missing Out Records, label que je découvre et qui a, ne nous mentons pas, le meilleur nom au monde.
Quand on sait à quels points les réseaux sociaux sont primordiaux pour la promotion d'un album, et quand on sait à quel point Facebook est d'un puritanisme exacerbé et d'une tolérance zéro dès qu'un bout de poitrine féminin est visible (bizarrement, cela pose moins de souci quand il s'agit d'un homme), il est assez couillu de la part de Jenny Lewis d'emballer son dernier album en date, 'On The Line', avec une telle pochette.
Quatrième album pour l'américaine, le premier en cinq ans, et qui compte quelques invités de marque aussi bien sur le disque lui-même (Beck à la production, Ringo Starr à la batterie sur Red Bull & Hennessey) que dans le clip de son dernier single (Red Bull & Hennessey là encore, où Mac DeMarco, St Vincent ou encore Jeff Goldblum sont de la partie). Un disque où Jenny Lewis fait le point sur sa vie, entre rupture, décès de sa mère et temps qui passe.
Un disque moins inspiré que par le passé (la production n'aide pas) mais où elle fait montre à nouveau de son don pour écrire des textes brillants, souvent drôles, même si l'humour est plutôt sombre. Plus que jamais une sorte de mélange entre Fiona Apple et Aimee Mann, Jenny Lewis subjugue même sur Wasted Youth (en écoute aujourd'hui), chanson où elle revient sur son enfance, l'absence de son père et les addictions de sa mère, en mettant plein de « doo-doo doo-doo doo » au moment du refrain ; à fredonner plus que de raison.