Dernièrement, je retombe beaucoup sur des groupes croisés il y a bien longtemps. Il y a eu Joe Purdy. Et aujourd'hui, c'est au tour de Unkle Bob, un groupe écossais, dont le plus grand succès avait été de figurer dans la dernière scène d'un épisode d'une série à succès, Grey's Anatomy pour ne pas la nommer (l'extrait est à voir plus).
Et pourtant, le groupe valait mieux que cela. Car Swans, la fameuse chanson, très belle au demeurant, faisait partie d'un album de grande qualité, 'Sugar & Spite', le genre d'album pop qui aurait pu tomber du mauvais côté mais qui savait pas user des ficelles plus grosses qu'un scénario d'un livre de Guillaume Musso, que beaucoup de groupes (et souvent américains) de ce genre ne se font pas prier pour appliquer.
Perdu de vue depuis un joli 'Shockwaves', voilà t-y pas que les Unkle Bob reviennent dire bonjour avec un mini-album 'The Deepest Sea', après un Ep et un album entre temps. Un disque court (forcément), remplies de bluettes mélancoliques, tristes et de cœurs brisés, dont le principal défaut est de ne pas trop savoir comment terminer ses chansons.
Joliment chanté et réalisé, avec de belles mélodies, 'The Deepest Sea' de Unkle Bob n'est pas un disque mémorable. Mais pour peu que vous aimiez, comme moi, ce genre musical là, vous devriez y trouver votre compte. Et I Watched Your Heart est une sacrée belle chanson.
Album : The Deepest Sea Année : 2016 Label : Just Me / In Black Records
Nouvel album pour les furieux d'Action Dead Mouse et toujours peu de bruit par chez nous. Et pourtant, les italiens énervés - et qui chantent dans leur belle langue natale - auraient de quoi plaire au plus grand nombre.
Bon, d'accord, plus grand nombre est peut-être légèrement excessif. Il n'est pas en effet dit que leurs guitares math-rock ou parfois hardcore séduisent tout le monde. Mais quand même ! Surtout que leur dernier album 'Cascata' (« cascade » ou « chute » en italien), dans la lignée de leurs efforts précédents ('Revenge of Doormats and Coasters' et 'ä' pour ne citer qu'eux, deux albums chéris de ces pages), est un sacré disque, une nouvelle fois.
Si j'en crois ce que j'ai pu trouver (mon italien remonte au lycée), 'Cascata' est sorti via... 4 labels différents : Fallo Dischi, To Lose La Track, Screamore, È Un Brutto Posto Dove Vivere, sans que je sache vraiment pourquoi. Pour autant, le groupe n'a donc pas changé. Il aime toujours les pochettes arty, les albums courts (8 chansons ici) et les chansons aux noms débiles (Ginnastica nell'acqua (Gymnastique dans l'eau), Unghie (Ongles) ou encore Come lavare i vestiti puliti (Comme laver ses vestons propres).
Mais, et c'est le plus important, les Action Dead Mouse sont toujours aussi nerveux et n'en oublient jamais les mélodies ('Cascata' est d'ailleurs sans doute le plus mélodique de leurs albums). Alternant (et souvent dans le même morceau) calme - relatif - et longues chevauchées furieuses (et la voix entre chant et cris est du même acabit), mélangeant allégrement post-punk, math-rock (même s'ils continuent peu à peu de s'en éloigner) et indie-rock (si cela a le moindre sens), le groupe de Bologne enfonce une nouvelle fois le clou à grands coups de guitares, de rythmiques folle et de changements de direction. Comme quoi, entre les italiens d'Action Dead Mouse et les grecs de Bazooka, le rock européen se porte plutôt bien ! (sortie : 19 avril 2016)
'Cascata' d'Action Dead Mouse est en écoute sur Spotify et Deezer
Trois titres en écoute de ce 'Cascata' d'Action Dead Mouse. È un disgelo o un corso di nuoto? (en écoute également dans les lecteurs Spotify et Deezer à gauche), Alluvioni et enfin Unghie :
Pour terminer, le clip de Cantieri, cinquième chanson de ce 'Cascata' des Action Dead Mouse. Un plan fixe...uhm... humide dirons-nous :
Je parlais il y a quelques semaines de l'ouverture assez « couillu » du deuxième album de Mickael Kiwanuka avec un Cold Little Heartde 10mns, dont 5 premières minutes totalement instrumentales.
'Going, Going...', neuvième album de The Wedding Present, fait encore mieux. Pour un groupe qui a souvent démarré ses albums pied au plancher, la bande de David Gedge ouvre les 20 chansons du disque par quatre morceaux uniquement instrumentaux, alternant guitares très lourdes (Kittery) et atmosphères plus intimistes, minimales et lumineuses (point d'orgue avec Sprague, voir plus bas). Quatre premier titres donc qui peuvent induire en erreur l'auditeur qui pourra (comme l'auteur de ses lignes) se croire perdu dans une bande-originale de film, bien loin des standards habituels de The Wedding Present.
Ce n'est que sur la cinquième chanson Two Bridges que l'on retrouve le groupe tel qu'on le connaît. Et ce n'est qu'à partir de là que le groupe retrouve ses guitares, ses mélodies et la voix de David Gedge. Et pour quel résultat ? De haute tenue. Force est de constater que 'Going, Going...' aurait mieux fait de s'appeler « Boing, Boing » tant The Wedding Present rebondit d'influences musicales en étalage de leurs sonorités.
Sans doute trop long certes (63 minutes pour les 15 derniers titres), 'Going, Going...' voit les Wedding Present passer par tous les états, d'un son lourd - presque stoner - à un plus proche de leurs élans originaux, de chansons mélancoliques (presque Arab Strapienne par moment, voir Little Silvertout) en passant par des mélodies et des sonorités qui rappellent leur fameux 'Take Fountain' et plus globalement leurs productions depuis leur reformation en 2004 (Rachel, en écoute dans les lecteurs Spotify et Deezer à gauche) et même des ambiances presque post-rock (fameuses 10 mns de Santa Monica qui closent l'album). Et malgré ce mélange, 'Going, Going...' s'avère très appréciable et suffisamment divers pour que la durée ne soit pas un obstacle. David Gedge chante toujours aussi bien et les idées mélodiques sont trop réussies pour ne pas emporter une adhésion franche.
Avec un disque comme 'Going, Going...', avec un début aussi instrumental, avec un album aussi long (80 mns au total !), pas dit que The Wedding Present (re)trouve le chemin du succès. Mais David Gedge semble s'être fait une raison. Comme il le dit lui même ironiquement sur Broken Bow, «The pain of failure is so much greater than the pleasure of success ». Dont acte. (sortie : 2 septembre 2016)
Trois chansons pour découvrir ce 'Going, Going...' de The Wedding Present. Rachel (en écoute dans les lecteurs Spotify et Deezer), ses paroles presque niaises (David Gedge est amoureux sur cette chanson, forcément) et qui n'aurait pas dépareillé sur 'Take Fountain', pour ouvrir le bal. Puis Birdsnest. Et enfin le très lourd Bear :
Enfin, pour finir, deux clips tiré de ce 'Going, Going...' de The Wedding Present : celui de Sprague, la chanson qui clôture la partie instrumentale du début, entre cordes et piano. Et enfin le clip de Rachel. Deux clips très contemplatif :
Trio féminin californien, L.A. Witch est la jolie découverte de ce week-end. Un groupe composé de Sade Sanchez (au chant et à la guitare), Ellie English (batterie) et Irita Pai (basse), formé en 2012 et dont 'Drive Your Car 7"' est la première sortie physique après un Ep ('L.A. Witch' en 2013) et deux singles. Et on ne peut pas dire qu'il manque d'énergie.
Plus garage que punk en face-A (Drive Your Car), blues-rock en face-B (Ain't Coming Home, la face-B), ce 45-tours des L.A. Witch promet en tout cas beaucoup. Les guitares fuzz sont de sorties, la production est bien pensée (de la reverb, la voix cachée derrière, et plus globalement lo-fi au sens strict du terme), les mélodies sont là. Et ce qui ne gâche rien, elles ont un très bon gout esthétique (je trouve pour ma part la pochette magnifique).
La suite logique de ce 45-tours est donc la sortie d'un premier album. On devrait en savoir un peu plus lors de leur passage en France (notamment) au printemps 2017 (pour les lyonnais, le 1er mars au Sonic). Curieux de connaitre la suite de leurs aventure.
Album : Drive Your Car 7" Année : 2016 Label : Black Mass Recordings Acheter
En plus des lecteurs Spotify et Deezer, Drive Your Car est en écoute sur le lecteur bandcamp de L.A. Witch :
Ain't Coming Home, la face-B de ce premier 45-tours des L.A. Witch, est également en écoute ci-dessous :
Pour finir, une version live de Drive Your Car, enregistrée en 2014 lors de leur passage au Sir Francis Festival :
C'est en flânant chez Charlu que j'ai appris que Joe Purdy continuait de sortir des disques. Joe qui ? Mais si, Joe Purdy, un artiste que des millions de gens de par le monde ont un jour écouté dans leur vie. Car Wash Away, la chanson qui habillait la fin de l'épisode 3 ('Tabula Rasa') de la saison 1 de LOST, c'était lui (la vidéo est à voir au bas de ce papier).
Qu'en dire donc ? Pas grand-chose à dire vrai. 'Who Will Be Next', son 13è album en 14 ans, n'est pas franchement renversant. Peut-être est-ce dû à une épure un peu trop grande. Peut-être est-ce dû à cette voix un peu trop maniérée par moments. Ou simplement qu'il singe parfois un peu trop ses glorieux prédécesseurs (Children of Privilege, très Dylan). Sans doute un peu tout cela à la fois qui fait que son folk, sa country ou ses chansons aux accents irlandais ne m'ont pas plus intéressé que cela.
Oh, une nouvelle fois rien d'infamant, il y a quelques beaux passages même (la chanson titre Who Will Be Next, en écoute aujourd'hui, est une vraie réussite) mais rien de bien remarquable dans l'ensemble. Seulement, revoir le nom de Joe Purdy m'a donné envie de retourné sur « The Eyeland ». Et rien que pour cela, merci Joe Purdy.
Album : Who Will Be Next Année : 2016 Label : Mudtown Crier Records
En écoute dans les lecteurs Deezer et Spotify, Who Will Be Next de Joe Purdy est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson de ce 'Who Will Be Next' de Joe Purdy, Kristine qui me fait beaucoup penser à Shawn Mullins :
La vraie raison de cette chronique de l'album de Joe Purdy, c'est tout de même ça : la fin de l'épisode 3 de la saison 1 de LOST. Comme disait Jack à Kate : « We have to go back ! » :
Encore un disque à côté duquel j'étais passé jusque là : le premier effort solo de Cullen Omori, la voix de Smith Westerns.
Smith Westerns est un groupe américain de Chicago auteur de deux premiers albums pas forcément essentiels mais dont le dernier en date 'Soft Will', qui n'aurait dû être pour moi que l'album d'un été, avait fini par être mon disque pop de l'année 2013.
Depuis, les Smith Westerns se sont séparés (c'est moche mais c'est la vie). Et le chanteur, Cullen Omori, est donc parti voir si l'herbe était plus verte tout seul. Il a donc sorti en mars dernier son premier effort solo, 'New Misery', chez Sub Pop (encore eux !).
Un disque dans la continuité de ceux de Smith Westerns, rappelant par moment aussi bien les Sleepy Jackson (presque éphémère groupe australien que le chanteur quittera pour mieux aller former Empire of the Sun, uhm) que MGMT, n'hésitant pas à jouer la carte du indie-guitar hero par moment, avec toujours en tête l'idée de pondre des mélodies de haute tenue sur lesquelles il chante de sa voix presque androgyne, le tout entouré d'une production pleine de réverb'. Et surtout un disque de pop assez psychédélique, qui confirme en 11 chansons le bien fondé de l'aventure solo de Cullen Omori.
Mieux, plus les écoutes s'enchainent, plus ce 'New Misery' s'impose presque quotidiennement dans mes enceintes. Décidément, ce type a un truc pour faire de chacun de ses disques un grower.
Travis fut un temps héraut de la pop britannique. C'étiat en 1999 lors de la sortie de 'The Man Who'. Depuis, Travis n'a pas disparu et continue de sortir à un rythme régulier des albums.
Oui mais voilà, Travis est retombé dans l'anonymat le plus total depuis un Sing sur-matraqué sur les ondes en 2001. Personne ne s'intéresse plus vraiment à ses sorties et je ne suis pas sur que leurs singles émeuvent encore les kids anglais.
Travis est devenu en quelque-sorte une équipe de milieu de tableau de Division 1 de football. Une équipe capable de proposer un jeu léché, brillant, plein d'envie, et d'attirer sur elle tous les regards le temps d'une saison ('The Man Who' vendra la bagatelle de 3M de copies rien qu'en Grande-Bretagne !) ; et de peiner ensuite à retrouver un jeu flamboyant, rapide, aux idées de jeu claires et pleines d'allant.
Il y a bien eu un retour de flamme ('Where You Stand' en 2013 était un bien bel album) où Travis méritait de retrouver les sommets des charts, mais rien n'y fait, malgré la grande qualité de l'ensemble, tout le monde ou presque s'en fout.
Alors, sans le vouloir, le soufflé retombe, comme prévu. La preuve avec leur dernier album en date donc. Oh, rien qui
l'envoie en deuxième division. Non, ils sont en Division 1 et ils y sont bien.
Mais sur 'Everything at Once', Travis perd en finesse (un comble pour eux) et ne propose plus qu'un jeu au
milieu de terrain qui ne prend pas de risques, aligne deux récupérateurs
besogneux qui jouent une partition répétitive (aussi bien dans les
mélodies que leurs constructions) et oublie de placer des ailiers virevoltant sur les côtés pour lancer quelques mélodies qui font mouche à la première écoute.
A un coup d'éclat (Strangers on a Train, vraie pépite de l'album, en écoute aujourd'hui) et une chanson très Travis dans l'esprit mais réussie près (All of The Places), rien de bien notable ici. Bien assez pour se maintenir en championnat (la concurrence n'est pas forcément meilleure), mais pas vraiment de quoi espérer faire un coup dans une des deux coupes. Reste plus qu'à espérer un nouvel entraîneur : ces mecs là ont trop de talent pour rester englué dans le ventre mou d'une pop anglaise pas forcément formidable.
Album : Everything at Once Année : 2016 Label : Red Telephone Box
Et donc Allo Darlin' a décidé de dire au-revoir. Non pas à la sortie d'un album raté. Non pas à la suite de tensions internes au groupe. Non. Juste parce que le groupe mené par la belle voix d'Elizabeth Morris était arrivé au bout du chemin. Comme ils le disaient eux-mêmes en septembre dernier (le post entier est à lire ici) :
« Many years ago we took the decision that our friendship was more important to us than our ”career ”as a band. This meant that we didn’t tour relentlessly and didn’t let the music business get in the way of what brought us together in the first place: the joy of music and the thrill of playing with people you were lucky enough to call your friends. »
Et suite à cette très respectable décision, Allo Darlin' a décidé de faire cela bien. Suite à un 'We come From The Same Place' de haute tenue qui venait compléter une courte discographie de qualité ('Allo Darlin'' en 2010 et 'Europe' en 2012), le quatuor londonien a donc décidé de terminer son histoire par deux concerts à Londres dans quelques jours.
Mais avant de remiser pour de bon leur twee et leur indie-pop, leurs chansons sucrées et leurs
mélodies ensoleillées, Allo Darlin' sort un dernier 45-tours, digital (en tout cas jusque là), non prévu, composé de deux chansons : Hymn on the 45 (tout un symbole) et Wanderlust. Deux chansons qui sont une belle conclusion à leur carrière, qui veulent dire beaucoup et où l'on sent le groupe prendre vraiment plaisir à enregistrer.
Et deux titres qui nous font dire que sans jamais avoir révolutionné quoique ce soit dans la musique de cette décennie, un groupe aussi sympathique et aux mélodies aussi attachantes qu'Allo Darlin', forcément, il va manquer.
Album : Hymn on the 45 / Wanderlust (Digital 7") Année : 2016 Label : - Acheter
Indisponible sur Spotify et Deezer, les deux chansons de cette dernière sortie de Allo Darlin' sont en écoute sur le bandcamp du groupe et ci-dessous. Tout d'abord Hymn on the 45 :
S'il y a une tradition américaine ou anglo-saxonne que j'ai toujours beaucoup aimé, c'est cette passion qu'a ce pays pour les chansons de Noël. Depuis 70 ans, ils sont nombreux les groupes ou les artistes solos à s'écheniller chaque mois de décembre à sortir un disque ou un single autour de ce thème là.
Tradition peu répandue de ce côté là de l'Atlantique (la perfide Albion mise à part), elle a commencé à prendre corps chez nous au milieu des années 2000 avec les sorties (notamment) des deux sublimes coffrets de Sufjan Stevens.
Mais Low est un groupe américain et a donc cette routine bien ancrée au corps ; et ce depuis longtemps (le 'Christmas Ep' en 1999). Le trio de Duluth au Minnesota vient de remettre son chapeau de Père Noël le temps d'un Some Hearts (at Christmas Time) et qu'ils dédient à nous tous :
« To friends who have moved away and friends who have passed on this year. To one and all, especially those who are alone, we wish you a Merry Christmas and new hope for the new year. May we all find ways to lift each other.
With love,
Mimi, Alan and Steve »
Un single dans la lignée de leur précédent album 'Ones and Sixes' - dont on espère un successeur pour 2017 - et qui vient ici lancer une mini-tournée en Angleterre et en Irlande (et qui évite soigneusement la France). Vu la qualité des concerts de Low, c'est peu de dire que nos voisins sont vernis.
Album : Some Hearts (at Christmas Time) Digital Single Année : 2016 Label : Sub Pop Acheter
En écoute dans les lecteurs Deezer et Spotify à gauche, Some Hearts (at Christmas Time) de Low est également en écoute ci-dessous :
Alors qu'on est désormais capable de poser un petit robot de 100 kgs sur un comète lancée à 75 000 km/h, le tout à des millions de kilomètres de là, alors que la découverte de Mars continue et s'intensifie et qu'on projette d'y aller d'ici quelques années, rien de plus normal que d'évoquer dans ces pages un disque qui fait la part belle aux voyages stellaires et autres randonnées dans l'espace, fussent-ils métaphoriques.
Voilà donc 'Astronaut Meets Appleman', dernier album en date de King Creosote, émérite artiste écossais dont les nouvelles productions semblent à chaque fois supplanter les précédentes. Et ce disque là ne fait pas exception. Car après avoir chanté son amour pour son pays et le déchirement qu'il a dû être de le quitter sur 'From Scotland, With Love', Kenny Anderson (aka King Creosote donc) parle ici de voyages, d'espace (il n'y a qu'à avoir le clip de Love Life, avec des images tirées, j'imagine, de la Station ISS tournoyant au-dessus de nos têtes), d'étoiles, de Bételgeuse, d'amours déçus, quittés ; et même de Scarlett Johansson.
Un vrai voyage où se mêlent mélodies mélancoliques (superbe Melin Wynt, mais aussi Faux Call, Betelgeuse ou Rules of Engagement), tubes pop (Love Life, Wake Up to This) ou preque electro (énergique Surface) sous couvert des usuelles guitares, basses et batteries auxquelles viennent se joindre cornemuse, harpe, violons ou encore violoncelles.
'Astronaut Meets Appleman' s'ouvre et se termine par deux morceaux fameux. You Just Want tout d'abord (en écoute dans les lecteurs Spotify et Deezer), longue mélopée de 7mns où tous les instruments cités se succèdent pour former un tout irrésistible - et limite prog - aux chœurs à fredonner plus que de raison.
Et si je réécris l'histoire en disant que The Long Fade clôt ce 'Astronaut Meets Appleman' (ce titre n'est que la face-A du bonus 10" disponible sur l'édition collector de l'album), il n'en reste pas moins une très belle chanson folk-pop, dans une veine plus classique où King Creosote déroule pendant presque 10 mns une belle mélodie et des « what have I done ? » répétés à l'envie.
Une réussite du début à la fin, 'Astronaut Meets Appleman' est sans doute le meilleur album à ce jour de King Creosote (c'est dire pour l'écossais !). Il serait ballot de passer à côté d'un si beau voyage et d'un disque de cet acabit avant de refermer 2016.(Sortie : 2 septembre 2016)
Son : 'Astronaut Meets Appleman' de King Creosote est disponible au format physique ou digital Le site officiel de King Creosote aux couleurs de 'Astronaut Meets Appleman' 'Astronaut Meets Appleman' de King Creosote est en écoute sur Spotify et Deezer
Trois chansons en écoute de 'Astronaut Meets Appleman' de King Creosote. You Just Want, la chanson qui ouvre l'album de façon parfaite (en écoute dans les lecteurs Spotify et Deezer). Puis, les tubes pop de l'album, Wake Up to This et Love Life :
Après les grecs de Bazooka, continuons nos pérégrinations musicales encore plus à l'est et posons nous quelques minutes pour parler de Gaye Su Akyol, une artiste turque, fille d'un célèbre peintre (Muzaffer Akyol), qui vient de sortir son deuxième album, 'Hologram Ĭmparatorluğu' (soit Empire Hologrammique en français).
Un disque découvert via cet article de The Quietus (dont la qualité des articles ne se dément pas) et finalement assez surprenant. Apparaissant de prime abord comme de la musique traditionnelle turque ou moyen-orientale, il s'avère très vite comme un mélange de celle-ci et de sonorités plus occidentales.
Influencé par les années 80, que ce soit stylistiquement (la pochette, affreuse, faite de collages criards, le clip totalement Do It Yourself de Eski Tüfek) ou par la musique de ces années là (celle de par chez nous s'entend), Gaye Su Akyol n'hésite pas à ramener guitares, basses et post-punk de cette époque là et de les distiller tout au long de ces compositions (les guitares de Fantastiktir Bahti Yarimin ou de Eski Tüfek, le sombre Dünya Kaleska, les basses de Nargile ou de Berduş, en écoute aujourd'hui).
Difficile de comprendre un traitre mot de ce que chante Gaye Su Akyol vu qu'elle le fait dans sa langue maternelle, mais il semble que ses paroles aient une vraie visée politique (et les sujets ne manquent pas en Turquie depuis quelques mois), tout au moins sur quelques morceaux.
Je n'en dirais pas plus histoire de ne pas évoquer quelque-chose de rapporté et insisterais plutôt sur le fait que que 'Hologram Ĭmparatorluğu', tout « difficile » d'accès qu'il est pour le français que je suis (et qui n'a pas un engouement particulier pour les musiques du monde), est pourtant un album sur lequel je me suis surpris à revenir plus que régulièrement. Il y a ici une belle osmose qui s'opère entre deux univers musicaux sur le papier assez distant et au final plus proche que cela. Sans doute cela la marque des grands disques en somme. (Sortie : 11 novembre 2016)
'Hologram Ĭmparatorluğu' de Gaye Su Akyol est en écoute sur Spotify et Deezer
Trois titres en écoute : Berduş, en écoute également dans les lecteurs Spotify et Deezer à gauche, et qui clôt de belle façon 'Hologram Ĭmparatorluğu' de Gaye Su Akyol ; Eski Tüfek (je vous conseille le clip plus bas également) et enfin Kendimden Kaçmaktan :
Et comme ci cela ne suffisait pas, voilà le clip entre DIY et WTF de Eski Tüfek, premier single tiré de 'Hologram Ĭmparatorluğu' de Gaye Su Akyol :
Groupe découvert grâce à Lau Esta (pour la suivre sur Twitter, c'est ici), Vital Idles est un quatuor écossais de Glasgow qui après quelques démos se lance dans le grand bain avec sa première sortie officielle, un 45-tours chez Not Unloved Records.
Deux chansons au programme et leur bandcamp ne ment pas : oui Vital Idles fait dans le punk (My Sentiments en face-A gueulée presque à contre-temps) mais aussi dans la pop (The Garden, joliment orchestré, avec un chant et un texte finalement punk, en face-B).
Difficile à dire ce qu'il adviendra des Jessica, Matthew, Nicholas et Ruari formant Vital Idles ; si ce premier essai en amènera d'autres. Mais ce 45-tours est prometteur, notamment The Garden (en écoute aujourd'hui) qui a une belle ambition pop. De là à penser qu'ils sauront rapidement se faire un nom, qui plus est dans une ville comme Glasgow dont l'apport au monde de la musique est inestimable, il n'y a qu'un pas. A suivre donc.
Album :My Sentiments / The Garden 7" Année : 2016 Label : Not Unloved Records
Stephin Merritt n'est décidément pas un compositeur comme les autres. Alors que l'on fête cette année les 20 ans de son chef d’œuvre '69 Love Songs' (la réédition me de l’œil depuis trois semaines chez mon disquaire), le leader de The Magnetic Fields (groupe dont je ne saurais jamais s'il faut lui accoler un « The » ou non, quoiqu'en disent leurs récentes pochettes d'albums) vient d'annoncer la sortie du prochain album - le 11è - du groupe pour le printemps prochain.
Un disque de 50 chansons, dont chacune traitera une année de la vie de Stephin Merritt. Notre homme a eu l'idée de ce concept album lors de ses 50 ans en 2015. Un nouvel opus donc qui s'annonce très autobiographique (et cela lui fait un peu peur d'ailleurs, lire ici ce papier du Boston Globe) :
« My friends and relatives will hear the album, so I better not misrepresent them. (...) My mother will be in the audience listening to me singing about her. There’s a lot more vulnerability than I’m used to. »
Et un '50 Song Memoir' qui s'annonce extrêmement ambitieux. Mais les Magnetic Fields l'ont toujours été, que ce soit donc avec '69 Love Songs' (69 chansons d'amour, de cœurs brisés ou d'espoirs déchus), 'i' (un disque où toutes les chansons commencent par un « i ») ou les deux autres disques de la no-synth trilogy ('Distortion' qui porte bien son nom et 'Realism' et son british-folk si bien écrit), pour ne parler que des plus récents.
Jusque là, cinq chansons de '50 Song Memoir' sont connues. Et elles promettent beaucoup. Si ma préférence va à l'emphase de Be True to Your Bar (la chanson consacrée à 2002) et son texte très drôle (« Be true to your bar, And don’t let it down, Or else it may not always be around, Be true to your friends, And let your friends know, Without your bar you’d have no place to go », en écoute aujourd'hui), les quatre autres morceaux ne sont pas à mettre de côté.
Que ce soit How I Failed Ethics (chanson de l'année 1986) et son histoire d'un examen raté à cause d'un professeur borné, la déclaration d'amour de Big Enough For Both of Us (chanson de l'année 2013),l'évocation de l'enfance sur No (chanson de l'année 1974) ou l'amitié des années fac de Me and Fred and Dave and Ted (chanson de 1993).
Musicalement, ces quatre premiers extraient confirment également que '50 Song Memoir' sera un album très divers, à l'instar de la discographie des Magnetic Fields. Décidément, cette annonce d'un nouvel album du groupe de Stephin Merritt est la meilleure nouvelle de ce mois de novembre qui n'en finit pas.
Album : 50 Song Memoir Année : 2017 Label : Nonesuch
En plus des lecteurs Spotify et Deezer à gauche, Be True to Your Bar de The Magnetic Fields est également en écoute ci-dessous :
Nonesuch a donc mis également 4 autres chansons de '50 Song Memoir' à disposition. Deux sont en écoute ci-dessous : How I Failed Ethics (1986) et Big Enough For Both of Us (2013) :
Groupe chéri de ces pages depuis la sortie de 'The Meaning of 8', Cloud Cult est revenu en février dernier avec un nouvel album, 'The Seeker'.
Totalement inconnu (ou presque) dans nos contrées européennes, la «faute» à un engagement environnemental de chaque instant qui les empêche de venir jouer chez nous (tout chez eux est pensé écologiquement : de leur studio d'enregistrement aux boîtiers de disques en carton recyclé en passant par les encres vegan utilisés pour l'impression), le groupe de Duluth au Minnesota, mené par le couple Minowa continue son petit bonhomme de chemin aux États-Unis, à l'abri des spotlights (ce dixième album n'a pu voir le jour que via un financement via Pledge Music) et d'une reconnaissance qu'il mériterait tant.
Car Cloud Cult est un groupe qui aura sorti, et peu peuvent en dire autant, un des tous meilleurs disques des années 2000, 'The Meaning of 8'. Un album de pop et de rock-indé, baroque et mélancolique, nerveux comme délicat, qui venait confirmer (et de quelle façon !) un début de carrière discographique parfait.
Une carrière marquée à vie par la mort de leur fils de 2 ans en 2002. Pendant très longtemps, le couple Minowa s'est longtemps servi de la musique comme thérapie. Puis, le temps a passé et les sujets ont commencé à tourner autour d'autres choses, sans jamais vraiment trop s'en éloigner.
C'est un peu ce qu'on ressent à l'écoute de 'The Seeker'. Car si l'histoire de l'album est celle d'un homme qui aime, qui est heureux, qui souffre, qui cherche un sens à la vie et tout ce qui l'entoure, que ce soit dans Dieu ou dans les étoiles, on sent poindre des références au drame qui les a touchés il y a 15 ans.
Cette homme trouvera t-il les réponses à ses questions, toute la question est là. Ce qui est cependant clair, c'est qu'après deux albums moins inspirés ('Light Chasers' et 'Love'), Cloud Cult connaît un retour de flammes magnifique. Il y a ici une cohérence, une grande habilité pour faire vibrer les cœurs, et surtout un retour vers des mélodies qui rappellent leurs
meilleures productions.
Entre chansons pop divines (No Hell), mélancolie toujours à fleur de peau (touchant Come Home), guitares de sorties (To The Great Unknown), folk-songs (Time Machine Invention) et titres quasi- instrumentaux
composés à grands renforts de cordes et de cuivres (Living in Awe) ou totalement instrumentaux (Chromatica et son ambiance naturelle), Cloud Cult retrouve un élan
qu'on ne lui avait pas connu depuis 'Feel Good Ghosts (Tea-Partying Through Tornadoes)'.
'The Seeker' est un disque épatant et qui s'accompagne d'un film musical du même nom, d'une durée d'une heure, sans dialogue, juste habillé par les chansons de l'album et qui peut compter dans les rôles titres Alex McKenna et Josh « Ted Mosby » Radnor, excusez du peu. Un film qui raconte l'histoire d'une jeune fille, marquée par un drame pendant son enfance, et qui doit apprendre à vivre avec en grandissant et en devenant femme.
Alors 'The Seeker', un album original de Cloud Cult ou une simple bande-originale de film ? A l'écoute des nombreux titres marquants de l'album, et quand bien même les passages instrumentaux, je penche pour la première solution. Parce que Cloud Cult n'a jamais été aussi proche de son inspiration des débuts. Et surtout parce qu'il y a une cohérence et une ambition créative qui me font dire que 'The Seeker' a été vu avant tout comme un disque, auquel vient se greffer un film, plutôt que l'inverse.
Mais quoiqu'il en soit, qu'il est bon de les retrouver à un tel niveau. Ils sont rares les artistes à avoir autant intégré ma vie. Ils sont rares ceux qui continuent à le faire, malgré quelques années de séparation artistique. Cloud Cult est un de ceux-là. (Sortie : 12 février 2016)
Trois chansons en écoute comme le veut la tradition. No Hell, premier (et a priori seul jusque là) single de 'The Seeker' (en écoute dans le lecteur Spotify et Deezer à gauche). Ensuite, 'You Were Never Alone'.Enfin, Through The Ages (merci à Paste Magazine), chanson qui conclu ce dixième album de Cloud Cult :
Pour finir, une homemade lyric vidéo de No Hell :
Enfin, le trailer de The Seeker, le film de Cloud Cult avec Josh Radnor et Alex McKenna :
Et ça continue, encore et encore, mais 2016 est bientôt terminé, d'accord d'accord... Bonne route donc chère madame à l'énergie contagieuse et à la voix si prenante. Vous allez nous manquer. Vraiment.
La première chose qui frappe à l'écoute de 'Love & Hate', le deuxième album de Michael Kiwanuka, c'est que cet homme est couillu. Et même doublement couillu. Car sortir un disque en plaçant en chanson d'ouverture un titre de 10 mns est déjà une chose peu commune pour un artiste signé chez une major. Mais si vous ajoutez à cela qu'il faut attendre 5 minutes (tout pile !) pour entendre la belle voix de Michael Kiwanuka chanter ses premiers mots, vous admettrez que l'on est dans l'improbable le plus total.
Pour autant, impossible de lâcher ce Cold Little Heart. Ces chœurs, cette guitare particulièrement Gilmour-ienne, tout est fait pour amener sur un plateau d'argent la voix suave pleine de grâce de Michael Kiwanuka. Et il faut bien avouer qu'on ne l'a pas vu venir.
Car si ses premières sorties furent saluées avec l'enthousiasme qu'il se doit dans ces pages (voir là, ici ou encore là), le premier album de Michael Kiwanuka ne m'avait pas vraiment retourné. Un disque propret, gentillet, faisant la part belle à une certaine idée de la soul des années 70, mais rien de plus. Rien d'infamant, bien au contraire, mais un ensemble sans vrais coups d'éclats.
C'est donc une sacrée surprise de tomber sur une chanson aussi ambitieuse que Cold Little Heart en ouverture de ce 'Love & Hate'. Un disque qui va garder globalement tout du long de ses 10 chansons le niveau de ce premier titre. Car qu'il s'agisse de changer de tempo (le tube potentiel qu'est One More Night, que l'on aurait pu imaginer dans la bouche de Aloe Blacc), d'inviter quelques parties de cordes à venir fricoter avec ses belles mélodies (sublime Love & Hate, en écoute aujourd'hui), ou de s'entourer de musiciens au garde à vous, qu'il soit mélancolique, engagé (Black Man in a White World, Love & Hate) ou qu'il sorte les guitares fuzz, tout lui réussi.
Autre point fort du disque, sa production. Laissée à Danger Mouse, ce dernier donne à 'Love & Hate'un son plein de rondeur tout et qui se rapproche du blues. Mieux, en sachant trouver le juste écart entre la voix de Michael Kiwanuka et celles de ses choristes (ceux-ci ayant une importance fondamentale sur la beauté de cet album), en ne reléguant pas la rythmique au rôle de simple faire valoir et, surtout, en donnant - plus qu'- une teinte très seventies à l'ensemble (et pas que pour la guitare, essentielle dans l'album), Danger Mouse, comme souvent, sublime ce qu'on lui met dans les mains.
Finalement, la seule déception de ce 'Love & Hate' de Michael Kiwanuka, c'est sa pochette, tant elle est passe-partout est bien loin de ses premières sorties, où le vintage se mêlait à une classe naturelle. Dommage oui, car bien que dominé par les deux chansons écrasantes que sont Cold Little Heart et Love & Hate, tout est bon dans cet album. Un disque jamais tape à l’œil mais juste très beau, soul mais pas que, et même rapidement évident. Une consécration pour un artiste dont le potentiel semblait évident. Et Dieu qu'il chante bien ! (sortie : 15 juillet 2016)
NB : En tournée en France actuellement, il faut foncer voir Michael Kiwanuka. Les retours sont excellents. Et bientôt ce grand et talentueux ne jouera pas dans d'aussi petites salles.
Vendredi 18/11 - Rock School Barbey, à Bordeaux Dimanche 20/11 - L’Épicerie Moderne, à Feyzin (Lyon) Lundi 21/11 - La Laiterie, à Strasbourg
'Love & Hate' de Michael Kiwanuka est en écoute aussi bien chez Spotify que chez Deezer.
Vous pouvez vous procurer 'Love & Hate' de Michael Kiwanuka (notamment) ici ou là
Trois chansons en écoute donc, comme l'exige la tradition, de ce 'Love & Hate' de Michael Kiwanuka. Mais exceptionnellement, pas des versions tirées de l'album. Les trois sont tirées d'une live-studio-session. Au programme donc, Love & Hate (dont la très belle version album s'écoute dans les lecteurs Spotify et Deezer à gauche). Puis le magnifique Cold Little Heart (le fameux titre d'ouverture). Et enfin Rule The World :
Pour finir, deux clips. Tout d'abord celui de One More Night, possible tube de ce 'Love & Hate' de Michael Kiwanuka :
Et celui de Black Man In A White World, premier single de ce 'Love & Hate' de Michael Kiwanuka
Alors qu'il vient de mettre un point final à sa trilogie familiale 'The Family Tree' ('The Roots', 'The Branches' et 'The Leaves' au printemps dernier. Il est à noter d'ailleurs qu'un très joli site permet d'en savoir plus et de se perdre dans son histoire familiale ici) mais aussi à sa série d'Ep 'The Bastards' (les chansons composées sur le même sujet mais ne rentrant pas exactement dans la série 'The Family Tree'), arrêtée au nombre de quatre (et depuis éditée officiellement), Ben Cooper, plus connu sous le nom de Radical Face, va pouvoir se consacrer à de nouveaux sujets.
L'auteur du chef d’œuvre qu'est 'Ghost' en a même décidé de changer sa façon de travailler :
« I think I'm pretty done with the record cycle for the time being. Coming down from such a long drawn out project has made me a lot more excited for something rapid. I want less space between recordings and releases. And I'm much less interested in being so specific about the length. Not everything has to be a record. Some ideas might just be a single song, not connected to anything. Or one 20 minute piece. Or an EP of 5 songs. Or a series of EPs. If I have an idea that would need a normal length record to get across, that's fine. But I think, because that's the format we always work in, I tend to shelve, or outright discard, ideas that don't fit into that mold. »
Un exemple donc, avec ce premier single post-'The Family Tree', Sunn. Une chanson dans l'esprit de Radical Face (ses mélodies sont reconnaissables entre mille !), mais plus « électronique » (tout ceci est très relatif), à la mélancolie évidemment très présente. Une chanson qui devrait faire partie d'un Ep à venir dans les prochaines semaines dont, raconte l'auteur, aucune chanson ne devrait ressembler à une autre. Et qui sortira sur le propre label de Radical Face, Bear Machine. Impatience quand tu nous tiens.
NB : Deux pochettes pour le prix d'une. L'officielle est celle-ci contre, l'officieuse est celle en tête de l'article, réalisée par un certain Gordonmcb.
Je dois avouer que la mort de Leonard Cohen est arrivée comme quelque-chose de totalement inattendu pour moi. Pourtant notre homme avait 82 ans. Pourtant, je savais que la mort de sa muse Marianne Ihlen (qui lui ont inspiré, notamment, So Long, Marrianne et Bird on a Wire) l'avait touché et qu'il lui annonçait dans sa dernière lettre qu'il la suivrait de près (ce très beau texte est à lire là). Pourtant son dernier album, aussi bien de par son titre 'You Want It Darker' que par les paroles de la chanson du même nom (« I'm ready my Lord »), annonçait la couleur. Pourtant, le même dernier album regorge de passages exprimant une fin prochaine (« I'm leaving the table... I'm out of the game »). Pourtant, sa voix était plus que caverneuse que jamais. Et pourtant, s'il est un disque pieux, cet album peut se lire doublement, comme des adieux à sa muse de toujours.
Et malgré tout ce faisceau d'indice, je suis tombé tristement des nues dans la nuit de vendredi quand la famille de Leonard Cohen a appris au monde entier son décès. Sûrement parce que, justement, son dernier album est une splendeur et qu'on arrive - presque - à en oublier le côté sombre. Parce qu'il y apparait magnifique. Parce que ses textes sont beaux. Parce que sa voix sombre, sans doute jamais aussi grave qu'aujourd'hui, est belle de douceur et de force. Parce qu'on y trouve de beaux silence. Et parce qu'on arrive à déceler quelques moments lumineux.
Leonard Cohen s'en va donc sur cet album et un dernier morceau, String Reprise / Treaty, comme une bien sublime façon de dire au-revoir. Ah, quel testament que ceci !