Les remix et Four Tet, c'est comme Max Richter et les bande-originales de films ou de séries : c'est une seconde peau.
Alors que le dernier album en date de l'anglais est sorti il y a quelques semaines et que, je m'en rends compte, je n'ai toujours pas posé la moindre oreille dessus (hormis Two Thousand and Seventeen dont il était question dans ces pages), Four Tet continue donc de remixer à tout va.
Un des derniers exemples en date est celui de I Will Make Room For You, une chanson de Kaitlyn Aurelia Smith. Et comme à chaque fois, il excelle dès qu'il s'agit de la gente féminine.
Et si la pochette représente tout ce que je déteste, ce remix a plus de consistance que ces affreux cocktail-bars qu'on nous installe à tous les coins de rue. Bien plus.
Album : - Année : 2017 Label : Western Vinyl Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), le remix de Four Tet de I Will Make Room For You par Kaitlyn Aurelia Smith est également à écouter ci-dessous :
I Will Make Room For You par Kaitlyn Aurelia Smith, mais cette fois l’original, est quant à lui en écoute là :
Pour autant, suite à deux morceaux moins convaincant, je les ai mis de côté. Pour mieux les retrouver via Used and Confused, la chanson de septembre.
Un titre le plus « tubesque » des 11 parus jusque là. J'écouterais plus les radios commerciales, je me serais fendu d'un petit « Used and Confused ou la chanson la plus Rihanna-esque de Sin Fang, Sóley & Örvar Smárason ». Mais comme ma connaissance de la discographie récente de la plus célèbre des Barbadiens est quasi-nulle, je vais m'abstenir.
Mais Used and Confused a tout ce qu'il faut pour séduire le plus grand nombre : il a tous les atours d'une chanson mainstream très bien produite, aux effets de manche assez
imparable.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Used and Confused de Sin Fang, Sóley & Örvar Smárason est également en écoute sur un des deux liens ci-dessous :
PicaPica est avant toute chose un mélange de deux voix précieuses, qu’on dirait venues d’une époque révolue : celles de Josienne Clarke et Samantha Whates. Deux voix qui chantent, doucement, aux harmonies mélodieuses, sur les quelques accords de guitare qui les accompagnent.
PicaPica c’est également Adam Beattie et Sonny Johns, qui composent toute la musique de ce quatuor (si j'ai bien tout saisi).
PicaPica c'est enfin la nouvelle signature de Rough Trade Records, qui sortira le premier Ep du groupe, 'Spring & Shade' le 8 décembre prochain.
Small Time/Secret est le premier extrait de cet Ep (5 chansons au programme). Une très douce mélodie, des voix qui se mélangent pour n'en former qu'une, quelques accords qui donnent le la de l'affaire. Franchement anecdotique de prime abord, cette chanson de PicaPica se révèle pourtant très vite belle comme tout. Sans doute que ses atours de chant de veillée de Noël n'y sont pas pour rien.
Album : Spring & Shade Ep Année : 2017 Label : Rough Trade
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Small Time/Secret de PicaPica est également en écoute via son clip ci-dessous :
La seule fois où j’ai croisé Mari Samuelsen, c’était en 2015 lors de la sortie de ‘The Chopin Project’, le disque de Ólafur Arnalds et Alice Sara Ott. Elle participait à un des morceaux. Avant, après, je ne crois pas être tombé sur cette violoniste norvégienne (peut-être a t-elle déjà joué avec Max Richter ceci dit), et la découverte de son dernier album en date donne vraiment envie d’en savoir plus sur ses collaborations ou ses enregistrements précédents.
Or, c’est difficile, car les infos à son sujet sont parcellaires. Rien qu’un exemple : sa page wikipédia n’existe qu’en trois langues (le norvégien, forcément, le tchèque et l’espagnol) et tient en cinq lignes. RateYourMusic n’a rien à son propos. Discogs à peine plus.
Alors plutôt que perdre notre temps, parlons plutôt de ‘Nordic Noir’, le dernier album en date de Mari Samuelsen. Composé en partie par certains de ceux qui écrivent les bandes
originales des séries policières scandinaves, reprenant de l'autre des œuvres
d’Arvo Pärt ou d’Ólafur Arnalds, cet album de Mari Samuelsen est d’une beauté folle. Du genre à pouvoir mettre vos sens en émoi alors que vous n'aviez rien demandé.
Accompagnée de piano, de violoncelle et plus généralement d'une orchestration de qualité, Mari Samuelsen rend le tout plus beau avec son violon qu'elle mène d'un doigté délicat.
Entre musique de chambre et néo-classique, aussi cinématographique (la première partie) qu’évanescent, chuchotant et quasi ambient (tout le milieu de l’album), ce ‘Nordic Noir’, est d'une mélancolie à se damner et d’une grande beauté. Et Timelapse, le morceau qui ouvre l'album (en écoute ce jour), une merveilleuse porte d'entrée.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Timelapse, le morceau qui ouvre 'Nordic Noir' de Mari Samuelsen, est également en écoute ici :
En 2008, pour la chronique de 'Fantasma Parastasie', l'album qu'il avait sorti avec Tim Hecker, j'avais compté le nombre de sorties discographiques qu'Aidan Baker avait à son actif, collaborations comprises. A l'époque donc, nous en étions à 113 albums.
Réapparu dans mon radar grâce à Mathieu de Random Songs, profitons donc pour faire un point. Ainsi, le canadien basé à Berlin en est, neuf ans plus tard, à 136 albums (dont 24 live), 20 Ep… et tout ça cette fois sans compter tous les autres groupes dans lesquels il a officié ou officie encore.
Bref, les années passent mais Aidan Baker ne change pas ses habitudes. Enregistrer, toujours plus enregistrer. Chacun jugera d'une telle productivité.
D'ailleurs, 'Noplace', le disque dont il est question aujourd'hui est son cinquième de l'année. Sorti il y a 15 jours, il ne sera même pas le dernier de 2017 vu qu' 'Aberration' est prévu pour début décembre !
Mais revenons à 'Noplace'. Composé avec Simon Goff (violoniste anglais) et Thor Harris, (batteur de Swans qui faisait déjà des merveilles sur 'The Past is not a Flood' de Hospital Ships), deux artistes avec lesquels Aidan Baker a déjà collaboré, 'Noplace' est un disque langoureux, uniquement instrumental, rempli de longues mélopées lancinantes, extatiques ; ticket pour un voyage en apesanteur. De l'ambient avec pour seules armes guitare, violon et batterie.
Album : Noplace Année : 2017 Label : Gizeh Records
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Tin Chapel du trio Aidan Baker / Simon Goff / Thor Harris est également en écoute ci-dessous :
Aux premiers mots chantés par Phoebe Bridgers, j’ai cru que la chanteuse de The Weepies avait abandonné Steve Tannen pour mieux se lancer en solo. Il n’en est finalement rien, les deux n’étant pas les mêmes.
Pourtant, il y a dans le grain de voix de Phoebe Bridgers une douceur et une sensibilité que l’on ressentait dans celle de Deb Talan. Et qui se répercute dans les compositions de ce beau premier album.
Un disque mélancolique à souhait, où Phoebe Bridgers dévoile des compositions souvent simples mais toujours belles, avec une prédominance pour les guitares et un piano grave. Mais mieux, quand elle prend ses aises et ose quelques arrangements plus toufus, l’américaine n’en est que plus convaincante en (magnifique Scott Street).
Très joliment produit, Phoebe Bridgers invite sur ce ‘Stranger in the Alps’Conor Oberst sur Would You Rather ; et, maligne, elle garde pour la fin la plus belle chanson de l'album (You Missed My Heart, en écoute aujourd'hui, aux paroles à pleurer).
‘Stranger in the Alps’ s'impose assez vite comme le genre de douceur dont il est difficile de se passer en cette période de temps gris, froid, pluvieux et déprimant. Car bien que sorti à la toute fin de l’été, cet album à tous les atours pour être un album hivernal.
NdA : j'apprends grâce à Erwan
que You Missed My Heart est en fait une reprise de Mark Kozelek et Jimmy
LaValle, qui date de 2013. Très jolie aussi (forcément), mais pas du tout avec la même ambition musicale ; à
choisir, je prends la version plus simple mais plus touchante de Phoebe
Bridgers.
Album : Stranger in the Alps Année : 2017 Label : Dead Oceans Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), You Missed My Heart de Phoebe Bridgers est également en écoute ci-dessous :
Autre belle chanson de ce 'Stranger in the Alps' de Phoebe Bridgers, voilà Scott Street qui ne cesse de prendre de l'ampleur de ses 5'05" :
Il y a encore quelques années, les disques de Bright Eyes brillaient de mille feux. Puis, peu à peu, Conor Oberst et ses copains ont perdu la flamme, leurs derniers albums ne contenant que de simples flammèches. Et ce projet a été mis entre parenthèses.
La carrière de Conor Oberst ne s’est pour autant pas arrêtée, et vu son talent de compositeur comme de parolier, c'eut été ballot vous admettrez.
Il a ainsi multiplié les disques que ce soit sous son propre nom, accompagné de The Mystic Valley Band ('Outer South') ou formant le temps d'un album un super groupe, Monsters of Folk, dont l'intérêt se limita finalement aux membres le composant (Conor Oberst donc, Jim James, M. Ward et Mike Mogis). Rien de bien remarquable en somme. L’an passé, Conor Oberst a sorti ‘Ruminations’, son sixième album solo. Un disque guitare-harmonica-piano-voix assez dénudé, très cru, joli et que sombre mais assez anodin au final.
Mais l'américain semble tenir énormément à ce disque vu qu’il a décidé de lui donner une seconde vie en le réenregistrant entièrement en compagnie d'un groupe cette fois (ce qui, soit dit en passant, n'est pas vraiment la norme dans ce sens là). Et ce sont les Felice Brothers qui s'y sont collés, plus Jim Keltner, batteur qui a officié sur bon nombres de disques ces dernières décennies, dont certains de Neil Young, Bob Dylan,
John Lennon, George Harrison et même... Starmania.
A l'écoute de 'Salutations' (c'est donc le nom de cet album full band), une chose est sûre : si la pochette est plus lumineuse que celle de 'Ruminations', l'homme qui flotte a priori sans vie au milieu de sa piscine nous rappelle vite que les chansons sont les mêmes (agrémentées de sept nouveaux titres), et qu'on n'est pas là pour rigoler.
Sans doute trop long, l'ensemble prend en tout cas un second souffle bienvenu. Et cela va définitivement au teint et surtout la voix de Conor Oberst. Mieux, les sept chansons supplémentaires se révèlent être parmi les meilleures du disque ; Empty Hotel by the Sea, en écoute aujourd'hui, est d'ailleurs la plus réussie (et est une sorte de suite textuelle au Let's Not Shit Ourselves (To Love and to Be Loved) de Bright Eyes).
Plus Dylanien que jamais sur certains passages (Napalm en est le meilleur exemple, et à tous les niveaux), Conor Oberst ne ressuscite peut-être pas avec ‘Salutations’ ses Bright Eyes. Mais il en ranime l'esprit lors de quelques - courts - passages.
Espérons que ceux-ci lui donneront envie de relancer la machine d'un des groupes qui m'a procuré certains de mes plus beaux émois musicaux des années 2000. Parce que franchement Conor, ça fait bientôt 7 ans, il est temps mon gars.
Album : Salutations Année : 2017 Label : Nonesuch Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Empty Hotel by the Sea de Conor Oberst est également en écoute ci-dessous :
S’il est le nom d’une des cinq tribus fondatrices de la nation iroquoise (c’était le court instant wikipédia du jour), Oneida est aussi le nom d’un groupe originaire de Brooklyn et qui vient de fêter ses 20 ans.
Un groupe qui aura touché à beaucoup de choses en 20 ans : au psychédélisme, au noise, au rock simple et efficace mais aussi à l'expérimental. Entre autres choses.
Oneida aura joué toute sa carrière en deuxième division, alors que certains de ses disques aurait mérité clairement une qualification en Ligue des Champions. Foutues voies du succès sont décidément impénétrables.
Après cinq ans de silence, revoilà Oneida de retour aux affaires. Et ils nous font ça à l’ancienne : tout d’abord un 45-tours chez Joyful Noise (la face-A est en écoute ce jour) avant de sortir un double album au printemps prochain (qu’on peut raisonnablement imaginer voir sortir chez Jagjaguwar, leur label de - presque - toujours), qui ne contiendra pas ces deux chansons.
Parmi ces deux chansons, il y a la face-A donc, Town Crier, 2’50 mns pied au plancher, avec un gimmick des plus entêtant. Un retour un peu aux sources pour Oneida, rappelant assez 'Secret Wars'. Et ce n’est pas pour me déplaire, ce dernier faisant partie des tous meilleurs sortis dans les années 2000.
Album : Town Crier / Golden Age of the New Pariah 7"
Algiers ne s’est pas embêté pour son deuxième disque : la meilleure chanson a le même titre que l’album. Placée en troisième position, The Underside of Power est effectivement une grosse réussite. Une chanson qui fait s’imaginer la rencontre entre Tamla Motown et Tv On The Radio sous le haut patronage de Xiu Xiu. Bien que produite avec tous les boutons poussés dans le rouge, le résultat est explosif, extrêmement festif et dansant.
Ce qui est un peu plus dommage, c’est le reste de l’album qui, porté par cette production agressive, lasse plus qu’il ne convainc totalement. A confirmer sur scène, Algiers étant en tournée en France actuellement.
Album : The Underside of Power Année : 2017 Label : Matador Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog),The Underside of Power d'Algiers est également en écoute via son clip ci-dessous :
On ne peut pas dire que je fais dans le court en ce moment. Après les 13'30" de Kamasi Washington, les 20 minutes de Max Richter hier, place aux près de 8 minutes de James Holden & The Animal Spirits.
Repéré par Nathan F de Playlist Society, voilà un disque totalement instrumental mais flamboyant en de nombreux points.
James Holden m'étant inconnu, je suis rentré dans ce 'The Animal Spirits' à l'aveugle.
Et j'ai été happé dès les premières secondes par cette ambiance si particulière et ce melting-pot de sonorités et d'influences. Il y a ici de la musique orientale, du (free) jazz, de l'expérimental, de l'électro, des beats, du folk sous-acide, des saxophones ivres...
Enregistré en une prise live pour chaque morceau, laissant place à l'improvisation sans pour autant que cela parte dans tous les sens et n'ait ni queue ni-tête, 'The Animal Spirits' rappelle aussi bien le premier album de Pivot quand ils ne s'appelaient pas encore PVT ('O Soundtrack My Heart') que le 'Live at the South Bank' de Kieran Hebden, Steve Reid et Mats Gustafsson (accessoirement mon album de l'année en 2011).
Mais surtout, en construisant brillamment leur propos (tout ici découle très simplement), James Holden & The Animal Spirits rendent cet album d'une consistance et d'une facilité d'écoute sidérante. Avec en point d'orgue ce Thunder Moon Gathering.
Album : The Animal Spirits Année : 2017 Label : Border Community Acheter
Une fois n'est pas coutume, Thunder Moon Gathering de James Holden & The Animal Spirits est uniquement disponible dans les playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog). Mais d'autres extraits de 'The Animal Spirits' sont en écoute. Deux pour être exact : Each Moment Like The First et Pass Through The Fire.
L’autre jour, alors que nous étions quelques-uns sur un forum musical à deviser de Kamasi Washington, cette réflexion à propos de 'The Epic', le disque gargantuesque du saxophoniste américain en 2015, m’a interpellé : « Ce n'est pas qu'il impressionne, c'est qu'il dure près de trois heures, et qui a le luxe de pouvoir écouter trois heures de musique sans être dérangé/interrompu ? ».
Bonne question effectivement. Car dans cette course effrénée où une nouvelle chasse une autre en 30 mns, où l’on semble toujours vouloir en faire plus alors qu'on n'en a pas les moyens, prend-on encore le temps ? Qui n’a pas perdu une heure un soir, pourtant de fatigue avancée, à faire le tour (une énième) fois d’Internet, à lire ou relire des articles inintéressants au possible, à regarder des vidéos de sites-à-clics totalement débiles plutôt qu’aller se coucher ou de plonger dans un roman ? Comme happé par ces objets sur lesquels nous passons déjà une immense partie de notre journée ?
Pire : sommes-nous encore capable de regarder un film à la télévision sans faire des pauses « smartphone », à vérifier twitter, facebook ou les dernières news d’un autre réseau social comme si notre vie en dépendait ? Peut-on encore passer une soirée avec ses amis, sans participer à une conversation whatsapp de personnes absentes ? Sait-on encore lancer un disque (ou ne serait-ce qu’une chanson) sans rien faire d’autre que l’écouter, sans se laisser distraire par quelques jeux mobiles à la con qui occupent nos pauses ou notre ennui ? Je ne suis pas sûr que la réponse à ces questions soit positive. Ainsi, si on prenait aujourd'hui le temps de prendre le temps ?
La chanson du jour s’y prête. Extraite de ‘Three Worlds : Music From Woolf Works’, elle vient conclure ce nouvel album de Max Richter (ce n’est pas vraiment le dernier vu que l’allemand semble produire des bande-originales de film ou de séries à la chaîne). Elle dure 21'38" minutes et est l’aboutissement d’un disque construit autour de trois livres de l’écrivaine Virginia Woolf.
The Waves: Tuesday (puisque c’est d’elle dont il s’agit) est un océan de douceur mais surtout de langueur. Donnant d’ailleurs sa pochette à l’album, ce morceau est le point culminant de ce disque magnifique qui voit Max Richter revenir à ses premières amours et mélanger musique néo-classique et littérature ('The Blue Notebooks'et Franz Kafka, 'Songs from Before' et Haruki Murakami).
The Waves: Tuesday débute doucement, avec la voix de Gillian « Scully » Anderson lisant le dernier texte écrit par Virginia Woolf, juste avant son suicide (et c'est quelque-chose). Derrière, les vagues semblent passer au loin. Quelques notes lumineuses arrivent, discrètes et répétitives. Presque lointaines. Puis la voix s’éteint, la brise musicale commence à se lever et Max Richter amène lentement et délicatement tous les instruments mais aussi cette voix (qui n'est pas sans rappeler son Sarajevo tiré de son premier album en 2002) qui vont permettre à la chanson de décoller de manière magnifique et puissante sur la toute fin.
The Waves: Tuesday est un morceau qui prend ses aises, qui ne brusque pas les choses, qui laisse le temps suspendre son vol. Beau comme jamais, il s'agit sans doute là d'une des compositions les plus abouties de Max Richter. Et quand les dernières notes s'évanouissent, le choc est tellement fort que la meilleure chose à faire est d'écouter le silence. De ne rien faire. Et de continuer à prendre son temps.
Album : Three Worlds: Music From Woolf Works Année : 2017 Label : Deutsche Grammophon Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), The Waves: Tuesday de Max Richter est également en écoute ci-dessous :
Finissons la semaine en beauté avec un titre fabuleux et du niveau de l’Ep sur lequel il sort.
Kamasi Washington, saxophoniste de son état (la Californie pour le coup), 34 ans et déjà des collaborations pas les plus dégueulasses (il a été le saxophoniste de scène de Snoop Dogg, Lauryn Hill ou Raphael Saadiq, et a joué sur 'To Pimp A Butterfly' de Kendrick Lamar, excusez du peu).
Mais Kamasi Washington c'est aussi et surtout une carrière solo depuis 2007 avec trois albums à la clé, dont le dernier en date, 'The Epic' (2015), portait bien son nom (17 titres, 3 disques, 3h de musique).
Découvrant notre homme avec 'Harmony of Difference Ep', je serais bien incapable de vous dire quoi que ce soit sur ce gargantuesque album, sauf qu'il m'est très recommandé par tous ceux qui y ont posé leurs oreilles.
Mais revenons à nos moutons : 'Harmony of Difference Ep'. Pour le coup, Kamasi Washington fait court, avec six morceaux et 32 mns de musique. Qui ne forme qu'un seul et même tout. Et le résultat est époustouflant. Sur une base jazz, on sent toute une kyrielle d'influence qui viennent danser derrière le saxophone de l'auteur.
Mais mieux, 'Harmony of Difference Ep' se termine par un Truth. Et que dire à part que c'est somptueux ? Morceau sidérant de près de 14mns, il fait la synthèse des cinq précédents, le tout en deux temps. Construisant sa chanson par strates, sachant calmer le tempo pour mieux le raviver, apportant des chœurs splendides, permettant aux cordes de répondre aux guitares ou à un piano virevoltant, Kamasi Washington crée un jazz soulful au possible, où son saxophone gère le tempo tout du long.
Surtout, Truth, malgré mes écoutes déjà nombreuses, semblent receler d'une foultitudes de détails qui se dévoilent les uns après les autres. Le genre de morceau qui pourrait ne jamais arrêter de nous surprendre.
Album : Harmony of Difference Ep Année : 2017 Label : Young Turks Acheter
En plus des playlist Spotify et Deezer, Truth de Kamasi Washington est également en écoute ci-dessous :
Dans la série « les groupes entre rhône et saône » ont du talent, après Decibelles et autres Satellite Jockey, voilà Luje. Découvert lors de leur remplacement au pied levé de Bøbine en première partie de Mountain Bike, Luje est quatuor monté par quatre étudiants en musicologie.
Et cela s'entend. Très inspiré par les années 90 (et la fin des années 80), tout est carré et très bien produit. Au-delà des mélodies, au-delà de l’énergie qui se dégage de leurs compositions, c'est ce qui frappe à l'écoute de leur premier Ep, 'You'll Never Go', compilation de leurs six premiers titres.
La chanson Cover Me en est la meilleure preuve. Luje y fait sonner ses guitares comme si James Ford étaient aux manettes. Autre preuve ? Écoutez donc Afternoon et son ambiance qui semble toute droit sortie de l'esprit tortueux de Kevin Shields. Quant au reste ? Il est à l'avenant.
Devenu quintet depuis quelques semaines avec l’arrivée d’un clavier, on n'a pas fini d'entendre parler de Luje. Mieux, à en croire leur page facebook, il va se passer des choses du côté de Luje ces prochains mois. Sans doute qu'un album est sur le feu. Et ils semblent avoir trouvé un label. Heureusement, sans ça, je relançais Without My Hat Records derechef.
Album : You'll Never Go Ep Année : 2017 Label : - Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Cover Me de Luje est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson sortie cette année par Luje, The Bouncing Man :
‘Strange Peace’. Oui, une paix étrange. Car il n’y a toujours rien de paisible dans la musique de METZ ; ce n’est pas ce troisième album qui changera la donne.
Pour autant, si METZ reste METZ, reste dans un noise-rock qu’il ne laisse jamais reposer, si les guitares sont toujours aussi aiguisées et martyrisées, si le chant est toujours aussi punk, et si la virulence du trio de Toronto est toujours aussi forte, il semble y avoir quelque-chose qui a changé. Un je ne sais quoi dans la production peut-être, cette fois confiée à Steve Albini.
Comme si METZ changeait de braquet. Pour autant, la mise en lumière plus forte de leurs mélodies et un ensemble sans doute plus accessible que les deux premiers disques, sans pour autant que le groupe se fourvoie d’une quelconque manière, rend l’ensemble euphorisant.
De toutes les chansons de ‘Strange Peace’, Drained Lake (en écoute aujourd'hui) est sans doute la plus percutante. Rappelant mélodiquement Wasted (sortie sur leur premier album), elle débaroule en force portée par une basse étouffante et une batterie millimétrée, rendant l’ensemble quasi-martial. METZ que de roca !
Album : Strange Peace Année : 2017 Label : Sub Pop Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer, Drained Lake de METZ est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson tirée de ce ‘Strange Peace’ de METZ, voilà Raw Materials, qui clôt l'album par ailleurs :
Dans la série « nos lyonnais ont du talent », laissez-moi présenter pour ceux qui ne les connaîtraient pas Satellite Jockey, sextet pop originaire d'Annecy mais depuis installé à Lyon.
Moins influencé par Blur que ce que pourrait faire croire son titre, 'Modern Life vol. 1' joue plutôt dans la cour d'une pop ouvragée des années 60. Mais pas que. Car les
Satellite Jockey ne se limitent pas à une relecture de quelques
inspirations classiques de cette époque là. Il y a de tout dans ce
‘Modern Life vol.1’ : du Beatles évidemment, du Love d'Arthur Lee assurément, du Elliott Smith forcément, mais aussi The Thrills et
pas mal de Sleepy Jackson (Copernicus la chanson qui ouvre l’album
aurait très bien pu trouver sa place sur 'Lovers', le premier des deux albums des australiens).
Composé de 11 titres, 'Modern Life vol.' est construit en deux parties. Une première très enlevée, qui s'achève sur un Long is the Road aux guitares volontiers solistes, avant un Opacity à tiroir, s'ouvrant sur un folk racé et lumineux, avant qu'une fin en forme de reggae futuriste prenne le relai ; pour mieux le passer à des chansons plus calmes et pas moins belles, où le mélange des voix qui se répondent fait merveille.
Très joliment produit, 'Modern Life vol.' des Satellite Jockey se distingue surtout par sa capacité à faire intervenir beaucoup d'instruments, avec une si grande justesse. Au-delà des classiques guitare/basse/batterie, le groupe amène avec lui trombone, contrebasse, sitar, clavecin et autre erhu (instrument traditionnel chinois), pour ne citer qu'eux. Et le résultat sonne merveilleusement bien : il suffit d'écouter l'arrivée de la trompette sur Long is the Road ou le clavecin en maître d’œuvre sur Modern Life (qui n'est pas sans rappeler le 'First' des Bee Gees) pour s'en convaincre.
Disséminant clin d’œils sixties ici et là (on ne me fera pas croire que l’aboiement du chien sur You Hide From Love, que faire sonner la sitar comme sur The Ones You Dares ou balancer un « hare krishna » sur Inside est totalement fortuit), chantant dans un anglais ne sonnant pas français pour un sou, intégrant un peu de bossa sur ~~~~~ (oui, elle s'appelle comme cela) et s'entêtant à faire progresser leurs chansons sans jamais s’appesantir sur une simple mélodie, aussi efficace soit-elle, les Satellite Jockey sortent là un disque pop classieuse, de grande qualité, qui aurait sans doute fait plus de bruit s'il avait eu l'étiquette « Canada » ou « Brooklyn » accolée sur sa bio.
Si l'on s'attache au titre 'Modern Life vol.1', ce nouvel album des Satellite Jockey est donc appelé à avoir une suite. Et vu comme ce disque m'obsède depuis 6 mois, c'est plutôt une excellente nouvelle. (Sortie : 21 avril 2017)
Trois titres de ce 'Modern Life vol.1' de Satellite Jockey. Commençons par Long is the Road (également en écoute dans les playlists Spotify et Deezer dans la colonne de gauche de ce blog). Enchaînons par Modern Life, magnifique conclusion de l'album. Et finissons avec United Nations et son côté Love :
Pour conclure, soyons fous, voilà les trois clips de 'Modern Life vol.1' de Satellite Jockey : celui de Copernicus (qui ouvre le disque), Opacity (la chanson pivot) et le tout dernier en date, Misery :
Comme quoi les belles découvertes ne tiennent pas à grand-chose. Alors que j’étais il y a quelques mois à la recherche d’informations sur Gregory and The Hawk, beau projet de Meredith Godreau dont j’avais apprécié les quelques albums qui étaient arrivés jusqu’à mes oreilles, j’étais tombé sur Fabric of Time, une chanson qu’elle partageait avec un certain Man at War. D’ailleurs, la chanson était de lui.
Le temps de remonter rapidement le fil, je découvre l’Ep dont est tiré cette chanson : ‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care’. Un disque de six titres, dont la beauté m'aura, en moins d'une écoute, donné envie d'en savoir plus.
Man at War n’est pas un groupe mais un projet solo, celui de Ryan Rebo, un jeune homme né à Seattle, qui a vécu une partie de sa vie dans le Montana et qui est désormais installé à Portland. Après avoir passé quelques années à sortir quelques disques sous son vrai nom, (un Ep par ci, un album par là, quelques singles au milieu), Ryan Rebo a décidé il y a deux ans de se lancer dans un nouveau projet : Man at War donc.
Et si au départ, son premier Ep 'Número Uno' (2015) est enregistré à plusieurs (et notamment avec l’aide de Meredith Godreau de Gregory and The Hawk), Man at War devient vite un vrai projet solo, où Ryan Rebo joue de tout et se produit tout seul. Et donne naissance à ‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care Ep', un vrai disque Do It Yourself, mais qui n’en connaît pas les écueils, et donc auto-produit.
N'y allons pas par quatre chemins : ‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care’ est un disque beau, tout simplement. La musique de Man at War navigue entre pop et folk (avec prédominance de la guitare et du piano), fourmille d’idées et de détails, de mélodies simples mais justes, de jolies productions (celle de Fabric of Time notamment, avec ce piano aussi aérien que plein de reverb) et d'instruments qui se répondent sans cesse. Mieux, Ryan Rebo rend l’ensemble si cohérent qu’on croirait entendre un groupe aguerri et plein d’envie au-dessus duquel planerait sa voix et ses compositions.
Quant aux paroles ? Bien que contenant le mot « God » dans son titre, et bien que porté par une pochette le représentant enfant lors d’un évènement religieux intitulé « Rainbows », les textes de de cet Ep de Man at War n’ont rien de sacré. Ou en tout cas, rien d’explicite.
Ryan Rebo dépeint tout au long des 6 chansons de ‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care Ep’ un personnage plein de question, à la recherche de l’amour, un peu désabusé (« Sometimes it gets so hard to believe in anything », I Guess I Showed You), qui s’interroge sur son pays (« “Proud to be an American” No not really, I’m just a citizen », Digital Mind), sur la société actuelle (« I can't say why we run around in little machines surrounded by material things that we don't need », Low Times), qui est avant tout perdu (« All alone and I don’t need to be but now I kinda wanna be alone » sur On An Empty Street At Night, qui n’est pas sans rappeler le « I was afraid to be alone Now I'm scared that's how id like to be » d’Azure Ray) mais qui n'en oublie pas de distiller quelques références indie du meilleur effet (‘Crooked Rain, Crooked Rain’ de Pavement, ‘Goats Head Soup’ des Stones), le rendant encore plus attachant.
Tirant son nom, non pas de la très belle chanson longtemps restée inédite de Radiohead mais de celle de Daniel Johnston (« Daniel is a major hero of mine » dit-il), publiée sur ‘More Songs of Pain’ en 1983, Man at War est une véritable révélation. Une superbe découverte. Et 'I'm A Rainbow, A Promise of God's Care Ep' un disque d'une douceur, d'une subtilité et d'une mélodicité à tomber par terre. Sans conteste une des plus belles choses entendues cette année.
Les américains ne semble pas s’intéresser (encore ?) à son cas (seriously America ?). Et alors qu'il prévoit de sortir son prochain disque au printemps prochain (« I am almost always working on something new », précise-t-il), puisse la France, terre d’asile des artistes américains talentueux et ignorés (entrez ici Jeff Buckley et autres Jude), lui ouvrir ses oreilles et ses bras : Man at War le mérite 1000 fois. (Sortie : 18 avril 2017)
‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care’ de Man at War est également en écoute sur Spotify mais malheureusement pas encore sur Deezer
Trois chansons de ‘I'm A Rainbow, A Promise of God's Care Ep’ de Man at War en écoute. Le sublime Fabric of Time, en duo avec Gregory and the Hawk (en écoute également dans les playlists Spotify et Deezer dans la colonne de gauche de ce blog). Puis Digital Mind, chanson qui ouvre l'Ep. Et le très beau Low Times pour finir :
Non présente sur 'I'm A Rainbow, A Promise of God's Care Ep', voilà pour finir la reprise de Man at War de Daniel Johnston par Ryan Rebo, enregistrée en 2013. Évidemment, bien moins bancale et plus pop que l'originale, mais très réussie :
Qu’il semble loin le temps où Iron & Wine me faisait vibrer. D'ailleurs, il est loin. La dernière fois, c'était il y a 10 ans pour la sortie de 'The Shepherd's Dog', le troisième de l'aventure de Sam Beam.
Depuis, on sent qu'il a perdu soit le mojo, soit sa besace à mélodies. Il est rentré dans le rang et 'Beast Epic' ne change pas grand chose à la donne.
Un joli disque, mais sans réel coup d'éclats, un peu trop chargé, qui s'étire en longueur (un comble pour un album de 35 mns). Parfois, une fulgurance voit revenir Sam Beam au meilleur de sa forme (Call It Dreaming, en écoute ce jour ou Bitter Truth) avant de retomber dans une sorte de routine ronronnante. Lui qui avait cette vraie marque, ces mélodies qui n'appartenaient qu'à lui, il est devenu avec le temps un chanteur folk sans grande personnalité. Dommage, quand on se souvient des débuts d'Iron & Wine. Ceci dit, le deuil est fait depuis des années déjà, donc...
Album : Beast Epic Année : 2017 Label : Sub Pop Acheter
En plus des playlists Spotify et Deezer (voir la colonne de gauche de ce blog), Call It Dreaming d’Iron & Wine est également en écoute ci-dessous :
Ne soyons pas chien : autre réussite de ce 'Beast Epic' d'Iron & Wine, voilà Bitter Truth :
Découvert il y a quelques semaines de cela via ‘Profession Chanteur’, best-of de Benjamin Schoos, Freaksville est décidément un label épatant. Dernière découverte en date, Barbarie Boxon, un duo à l’activité discographique très réduite.
Créé en 2011 par Barbara Malter-Terrada et Thierry Bodson, désormais groupe (Didier Van Uytvanck et Guillaume Magne ont rejoint le duo), Barbarie Boxon vient de sortir ‘Ciel Bleu Ep’, son deuxième disque… en près de 7 ans d’activité.
Ces jeunes gens prennent leur temps. Leur pop en prend moins pour accrocher l’oreille, dodeliner de la tête et ensorceler l’auditeur de ses rythmes lascifs, pas toujours réguliers, de ses guitares grincantes ((Baiser) la mort) ou de cette basse vraiment belle tout du long.
Piochant ses influences aussi près de Gainsbourg que de Tricatel et Burgalat, Barbarie Boxon est un groupe qui n'aurait pas dépareillé sur le 'Broken Homeland' de Valparaiso ((Baiser) la mort y avait sa place). Et dont Ciel Bleu, en écoute ce jour, a un sacré potentiel.