mardi 24 décembre 2024

[Track of The Day] Ben Folds - You Don’t Have to be a Santa Claus (The Mills Brothers cover)

24 décembre oblige, place à une chanson de Noël. Tirée, histoire de bien faire les choses, d'un album de Noël. Le disque s'appelle 'Sleigher', est l’œuvre de l'américain Ben Folds, et est paru au milieu de l'automne dernier. 

A la toute dernière plage de l'album, on trouve You Don’t Have to be a Santa Claus. Une reprise de The Mills Brothers, quatuor vocal jazz/pop des années 1930/1950, notamment connu pour avoir été le premier groupe afro-américain à avoir son show à la radio nationale.

You Don’t Have to be a Santa Claus est une chanson de Noël comme l'entendent les américains, que Ben Folds et ses comparses ne révolutionnent en mettant leur pas dans ceux de The Mills Brothers, mais qu'ils dépoussièrent grandement en lui donnant un vrai coup de frais et en accentuant son côté jazzy. Et à l'écoute, on l'imaginerait bien habiller la fin d'un d'une comédie de Noël, où un couple heureux danserait langoureusement, serré l'un contre l'autre, devant un feu de cheminée, avec la caméra qui agrandirait peu à peu son angle pour mieux reculer, s'échapper et les laisser à leur intimité.

Une très belle reprise qui conclue donc une année de 'Track of The Day' très fournie dans ces pages (cent-trente et une tout de même, sans doute le plus gros total depuis 2008 ou 2009). Place désormais au bilan de l'année, en quatre parties comme le veut la tradition, dès jeudi, avant un retour aux affaires courantes début janvier. Mais d'ici là, il y a Noël donc. Que je vous souhaite le plus joyeux du monde.

Album : Sleigher
Année : 2024
Label : New West Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, la reprise de You Don’t Have to be a Santa Claus de The Mills Brothers par Ben Folds est également en écoute ci-dessous :
 

La version originale de You Don't Have to Be a Santa Claus (When Christmas Comes Around) de The Mills Brothers : 

 

lundi 23 décembre 2024

[Track of The Day] Ella Thompson - Let There Be Nothing

Pour l'avant-dernière 'Track of The Day' de l'année publiée dans ces pages avant les traditionnels bilans (que voulez-vous, on ne se refait pas), voyons les choses, si ce n'est en grand, au moins en beau, avec Let There Be Nothing, la chanson qui ouvre 'Ripple On The Wing', le troisième et nouvel album de l'australienne Ella Thompson.

Un soupçon de jazz, un rien de trip-hop mais une tonalité générale très soul sixties, Let There Be Nothing, inspirée par la série The Sopranos, est une chanson smooth au possible, aux belles rondeurs mais à l'ambiance sombre et hantée (la flûte traversière n'y étant pas pour rien), portée par une orchestration et des arrangements très soignés (cette basse, ces cuivres mélancoliques dans la seconde partie) dans lesquels la voix d'Ella Thompson, juste et n'en faisant jamais trop (alors que tout s'y prête), vient se lover et pleurer. Un véritable petit bijou, aussi doux que noir.

Album : Ripple On The Wing
Année : 2024
Label : Hopestreet Recordings

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Let There Be Nothing d'Ella Thompson est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Let There Be Nothing d'Ella Thompson, chanson d'ouverture de 'Ripple On The Wing' :

vendredi 20 décembre 2024

[Track of The Day] Willi Carlisle - The Arrangements

Finissons cette semaine consacrée aux albums « must listen » de 2024 en évoquant 'Critterland', le troisième album de Willi Carlisle, un américain de 35 ans au chapeau de cowboy bien vissé sur la tête (notre homme vient du Kansas et habite dans l'Arizona, alors forcément). Un disque généreux de country-folk, à l'ancienne, avec du bluesgrass par ci et de l'americana par là, du banjo, de l’accordéon, du violon grinçant, de l'harmonica qui couine et de l'acoustique, rien que de l'acoustique (ou presque).

Un très bel album qui s'ouvre par Critterland, parfaite pour donner le ton et qui se referme par un morceau de spoken word (The Money Grows on Trees). Mais la chanson la plus belle et la plus marquante de 'Critterland', c'est The Arrangements. Une chanson folk au possible, qui déroule dans un très simple appareil (il y a bien une guitare qui slice au fond mais c'est bien peu) ; mais surtout un titre très personnel (ou en tout cas, on peut l'imaginer). L'histoire d'un homme qui voit son père mourir alors qu'il le détestait (« He was dead inside my head long before he died ») à cause de sa violence, de son alcoolisme. Et bien que ce sentiment lui ait permis de ne pas perdre de temps à essayer de le sauver de sa maladie (« So making the arrangements felt natural, felt nice, no medicine for saving him from cigs and booze and salt. Feels pretty nice to say, I thought his sadness was my fault »), le narrateur ne peut s'empêcher de ressentir de la tristesse pour sa disparition (« It's still sad when bad men die »). Peut-être parce qu'il ne peut s'empêcher de voir dans ses échecs ses propres défaillances (« So don't ask about blame or forgiveness, It's still sad when bad love dies. Oh, I'm full of shit and you're over it, take the last word in my pride ») et de se rendre compte à quel point il est la propre image détestable de son père (« I'm my father's spitting image and I spit upon the mirror I see the old man's still here (...) I'm my own father now  »).

Bien que sonnant très personnelle, est-ce que cette chanson est inspirée de la propre vie de Willi Carlisle ? Je n'en ai aucune idée. Et à dire vrai, je m'en fiche un peu. Car si comme l'américain le dit lui-même (voir clip plus bas), The Arrangements est une chanson pour les mauvais pères, elle raconte surtout une tranche de vie, avec autant de justesse que de sincérité, et nous interroge sur qui nous étions, qui nous sommes, qui nous serons. Du folk sublime dans sa plus pure tradition.

Album : Critterland
Année : 2024
Label : Signature Sounds

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, The Arrangements de Willi Carlisle est également en écoute ci-dessous :

Autre très belle chanson de 'Critterland' de Willi Carlisle, voilà Higher Lonesome :

Une version live de The Arrangements de Willi Carlisle :

jeudi 19 décembre 2024

[Track of The Day] Sam Lee - Bushes and Briars

Après 'Thesis' de Godfather Don et 'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan, continuons sur notre lancée et évoquons pour cette - véritable - dernière semaine de 2024 un autre grand album qui aura fait mon année et à propos duquel je n'avais pas encore écrit quelques mots. Et faisons le par le prisme de sa magnifique chanson d'ouverture Bushes and Briars.

Le disque s'appelle 'songdreaming' et est paru en mars dernier. Il est le quatrième album en douze ans d'un certain Sam Lee, un anglais de bientôt 45 ans. Bushes and Briars (en écoute aujourd'hui) résume à elle seule ce qu'on trouve dans cet album : une (avant-)folk très onirique, habillée de cordes plaintives qu'on dirait sorties d'un quartet néo-classique, qui planent au-dessus de guitares sèches et discrètes et d'un piano presque joueur mais essentiel, avant que des guitares électriques plus nerveuses et profondes s'invitent à la fête et ferment le ban.

Bushes and Briars est une chanson superbe, pleine de mélancolie enrobée de douceur, qui sonne comme la rencontre mélodieuse entre Richard Dawson et Lankum. Elle est donc surtout la rampe de lancement parfaite de 'songdreaming', disque poétique à bien des égards, centré sur la nature et tout ce que nous sommes en train de lui faire subir sans jamais ciller, et qui est notamment porté par Trans Voices, une chorale transgenre londonienne dont ce sont les débuts ici. Un album évanescent, qui sait respirer et prendre son temps comme être sujet à quelques poussées de fièvre irrésistibles. Et qui est aussi enchanteur que touchant.

Album : songdreaming
Année : 2024
Label : Cooking Vinyl

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Bushes and Briars de Sam Lee est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson de grande qualité de 'songdreaming' de Sam Lee, voilà Meeting Is A Pleasant Place (avec la participation de la chorale Trans Voices) :

Le clip de Bushes and Briars de Sam Lee, chanson d'ouverture de 'songdreaming'

mercredi 18 décembre 2024

Kelly Finnigan - A Lover Was Born [Colemine Records]

Il y a quelques semaines, alors que nous devisions entre deux dossiers sur nos derniers coups de cœur musicaux, lui dans tout ce qui est rap/hip-hop, moi tout ce qui touche plus au rock ou à la pop (quelle surprise), mon collègue Aymeric m'avait dit la chose suivante : « Tu devrais écouter Kelly Finnigan. Ce mec là est au-dessus de la mêlée dans tout le revival soul actuel où tout se ressemble et est d'un platitude sans nom ». Une analyse sévère, certes, mais au final assez juste. Surtout, un conseil des plus avisés.

Kelly Finnigan donc. Un américain d'une quarantaine d'années, originaire de San Francisco et qui en parallèle d'une carrière au sein de formations diverses (Destruments et Monophonics pour les plus connues) s'est lancé en 2019 dans une carrière solo qui ne fait pas les gros titres - ni les moyens d'ailleurs - mais dont la qualité n'est pas à remettre en cause.

'A Lover Was Born' est son troisième album, paru à l'automne dernier. Kelly Finnigan y chante divinement bien (il a ce grain et cette façon de chanter qu'avaient certains de ces glorieux devanciers dans les années 60/70), sait être aussi expansif que câlin ou tout en retenue (All That's Left, Count Me Out). Mais comme une belle voix ne suffit pas à faire de grandes chansons, notre homme s'est entouré d'une équipe de musiciens triés sur le volet pour mettre en musique ses compositions : Joe et Max Ramey de The Ironsides, Jimmy James, Sergio Rios, J-Zone et Joey Crispiano, des Dap Kings, le groupe de feue Sharon Jones.

Et le résultat est sans appel : chacune des onze compositions de l'album résonne de guitares et de basses savamment jouées, d'une rythmique soyeuse, de cuivres euphoriques et langoureux, de cordes légères et promptes à soumettre le premier des hésitants à d'autres plus tendus et aiguisées, de piano qu'on aurait piqué à un club de jazz et de chœurs propres à venir relever chacun de ses élans vocaux.

Plein de groove, de soul, de funk (superbe Chosen Few) et globalement de tout un son racé qui va chercher le meilleur de ce qui a fait la légende de ce genre musical, 'A Lover Was Born' est un album remarquable, qui voit Kelly Finnigan monter en gamme après ses deux premiers disques (dont un, vu que c'est la période, très recommandable album de Noël 'A Joyful Sound'), que ce soit au niveau de la production que des arrangements aussi classieux que amples. De Prove My Love en ouverture et son orchestration qu'on dirait venue de la fin des années 60 à Count Me Out, la superbe chanson de clôture, à la belle langueur et aux chœurs divins, en passant par le très cuivré His Love Ain't Real, Love (Your Pain Goes Deep) et ses cordes discrètes mais vraies pierre angulaire du morceau ou le sublime Cold World et son piano jazz qu'on dirait presque à contretemps, tout ici n'est que soul. Northern, Midwest, Pop, que sais-je encore et même tout ce que vous voulez. Mais pas de la commune, non. De la très grande Soul. (Sortie : 18 octobre 2024)

Plus :
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'écoute sur bandcamp
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'achat sur bandcamp
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'achat et l'écoute un peu de partout


Trois chansons de 'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan en écoute aujourd'hui. Le choix a été dur mais partons en premier lieu sur Love (Your Pain Goes Deep), sans doute un des deux tubes de l'album (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Continuons avec le superbe Count Me Out, la chanson de clôture de 'A Lover Was Born'. Et finissons par Cold World, le morceau qui m'a renversé à la première écoute.