jeudi 13 novembre 2025

Damien Jurado - Private Hospital [Maraqopa Records / This Is A Test]

Et voilà donc Damien Jurado qui ouvre une nouvelle voie. Peut-être a-t-elle déjà ouverte pas d'autres, mais sans doute pas, à ma connaissance, de la part d'un artiste de cette envergure. Damien Jurado donc, auteur-compositeur qu'on ne présente plus (carrière longue de déjà trente ans, folkeux admirable et conteur formidable) vient d'annoncer, à l'occasion de la sortie de son nouvel album 'Private Hospital' (le second de l'année) que désormais, dans un souci de préservation de l'environnement, il ne presserait plus aucun de ses albums, aussi bien en vinyle (raison évidente) qu'en cd. Mais pour ne pas proposer que du digital, Damien Jurado va publier ce disque en book form comme il dit. A savoir que le support sera un livre, dans lequel on pourra trouver une carte postale (dessinée par Damien Jurado lui même), les paroles écrites à la main, des photos choisies par l'auteur, ainsi que deux codes pour télécharger l'album (évidemment) mais aussi un disque bonus (et disponible nulle part ailleurs) contenant toutes les démos de 'Private Hospital'. Et s'il est revenu dans un plus récent post substack sur son ambition de ne plus publier ses disques qu'en digital (« Not to worry, I plan on going to back to physical releases again. No timeline as to when though », lire ici), cela reste tout un programme donc.

Il faut admettre que si la démarche tout à fait respectable, très égoïstement, je suis un peu frustré tant j'aime posséder une version physique d'un disque que j'aime. Et ce 'Private Hospital', je l'aime. Et beaucoup. Un album court (onze chansons dont deux skits, 32 minutes), qui s'éloigne de son folk (rock, psyché, indie, traditionnel) habituel pour embrasser une synth-pop aux nappes profondes, aux contours folktronica et indietronica, un rien arty-pop, qui lorgne parfois vers une sorte de r'n'b léger, pour un ensemble plein de mélancolie. Et tout cela lui va très bien au teint. En sortant de sa zone de confort, Damien Jurado séduit étonnamment, et sans doute plus que sur ses derniers albums. Là, tout est brillant, de la belle ouverture Celia Weston, aux engageants Heaven's a Drag ou Howard Morton, en passant par Vic Tayback que Damien Jurado accompagne d'une simple piano qui donnerait presque des frissons, et le morceau de clôture Call Me, Madam, superbe version noire et synthétique d'une chanson aux deux visages qu'il avait publié l'an dernier dans des ambiances beaucoup plus orchestrées, léchées et enjouées (que ce soit dans sa version smoking ou non smoking) qui conte la réalité d'une fumeuse (ou d'un fumeur), et dont on ressent qu'elle n'est pas anodine et qu'elle veut dire beaucoup pour lui. 

Dernier épisode d'une pentalogie débutée avec 'Reggae Film Star' en 2022 (et complétée depuis par 'Sometimes You Hurt The Ones You Hate', 'Motorcycle Madness' et 'Passing The Giraffes'), 'Private Hospital' est un album magnifique et presque déroutant de la part de Damien Jurado, à côté duquel il serait dommage de passer, aussi bien pour sa réalité uniquement digitale que parce qu'il pourrait se retrouver noyer dans la profusion d'inédits et de démos que l'américain publie régulièrement. Car c'est sans doute un des meilleurs disque de Damien Jurado depuis quelques temps déjà, tout empreint de sincérité et de beauté qu'il est. (Sortie : 30 octobre 2025)

Plus :
'Private Hospital' de Damien Jurado est à l'écoute sur sa page bandcamp
'Private Hospital' de Damien Jurado est à l'achat sur sa page bandcamp
'Private Hospital' de Damien Jurado est à l'achat au format livre ici
'Private Hospital' de Damien Jurado est à l'écoute, notamment, sur Spotify, Deezer ou Tidal


Trois chansons de 'Private Hospital' de Damien Jurado en écoute aujourd'hui. Call Me, Madam (
en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog)son texte répétitif, ses nappes sublimes et sa longue montée en puissance. Puis Heaven's a Drag, presque un tube indietronica. Et enfin la chanson d'ouverture de 'Private Hospital', Celia Weston :

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