Les faits sont décidément têtus : si les albums de Papercuts ont du mal à me passionner sur la longueur, les Ep, eux, y arrivent très bien. Après'Kathleen Says Ep'de 2019 et ses trois chansons (dont la très belle reprise de Blues Run The Game de Jackson C. Frank, Jason Robert Quever réussi à nouveau son coup avec 'Baxter's Bliss Ep' et ses cinq titres de toute beauté.
Cinq chansons donc au menu, dont deux reprises : When Will You Come Home de Galaxie 500 et The Partisan de Leonard Cohen. Si celles-ci sont réussies (la première très retravaillée, la seconde dans la lignée de l’originale), on succombera avant tout à Try Baxter's Bliss, à son piano et sa rythmique plein d'écho, à sa douce mélancolie et à ces petits côtés Casiotone and The Painfully Alone et Radiohead (qui irradie sur le refrain, la voix de Jason Robert Quever rappelant quelques élans de Thom Yorke).
Album : Baxter's Bliss Ep Année : 2021 Label : Psychic Friends
On ne les arrête plus. Après l'excellent 'Carnage' en début d'année, voilà que les deux compères de 30 ans remettent déjà le couvert avec la bande originale de 'La Panthère des Neiges', documentaire français de Marie Amiguet et Vincent Munier pour lequel les deux réalisateurs sont partis sur les traces de l'animal sur les hauts
plateaux tibétains, emmenant avec eux Sylvain Tesson ; et en
revenant, à en croire la bande-annonce, avec des images à couper le
souffle de beauté.
Les deux australiens se sont donc occupés de la musique. Et à en croire We Are Not Alone, le premier morceau dévoilé, cela promet d'être du même acabit que les images qu'on nous promet. Une mélodie mélancolique et déchirante, comme souvent avec eux deux, et qui n'est pas sans rappeler la chanson Skeleton Tree.
Album : La Panthère Des Neiges (Original Soundtrack) Année : 2021 Label : Lakeshore Records / Invada Records
Cela faisait quatre ans que je n'avais pas croisé la route des Felice Brothers. Et la dernière fois, c'est lorsqu'il avait officié comme backing band de Conor Oberst sur son 'Salutations' de 2017. Et les retrouvailles sont du genre très réussies pour ainsi dire avec 'From Dreams to Dust', le huitième album du groupe mené par les frères Felice.
Un album enregistré dans une vieille chapelle new-yorkaise désaffectée de la fin du XIXè siècle, entre folk-rock de bon aloi, balades sublimes, et soupçons jazzy du meilleur effet. Un disque de près de 55 minutes dont plus de huit sont consacrées à We Shall Live Again (en écoute aujourd'hui), titre qui clôt l'album de façon majuscule. Une longue mélopée dans un style très dylanien, qui voit s'enchaîner les couplets comme s'évadent les idées et les pensées du narrateur, assis dans un train à voir le monde se déchirer, et où à l'écoute de ces « We shall live again... We shall live again... » répétés comme un mantra l'on croit entendre « Wish I live again ». Une chanson en tous points sublime où se côtoient Proust, François d'Assise, Hegel, Graceland, ACDC, les plaines de l'Ouest et les montagnes de l’Argentine. Epic comme disent les américains.
Album : From Dreams to Dust Année : 2021 Label : Yep Roc Records
Connaissez-vous la ville de Marfa aux États-Unis ? Siège du comté de Presidio, située tout à l’ouest du Texas, Marfa est une petite bourgade de quelques milliers d’âmes (moins de 2000 au dernier recensement) qui fut fondée à la fin du XIXè siècle initialement pour permettre le ravitaillement en eau des différents trains qui passaient dans le secteur ; et qui est devenue une ville où l’art contemporain y a bonne place. Et notamment le minimalisme.
Il n’est donc pas anodin que Miranda Lambert, Jack Ingram et Jon Randall, acteurs phares de la country music américaine (ou en tout cas, ils semblent l’être), connaissances de longue date et qui ont déjà travaillés ensemble, aient choisi ce lieu précis pour enregistrer leur premier album commun dans le désert environnant de Marfa et qu’ils lui aient donné le nom de 'The Marfa Tapes'. Car eux aussi font ici dans le minimalisme et le dénuement le plus total : deux micros, deux guitares acoustiques et les voix des trois pour chanter par dessus des mélodies qui ne s’en laissent pas compter.
Ici, pas de studio d'enregistrement pour Miranda Lambert, Jack Ingram et Jon Randall. Non. Tout au plus un vieux ranch perdu dans le désert ; un feu de camp avec le soleil qui part s’échouer au fond de la plaine, balançant avec lui quelques magnifiques couleurs chaudes ; ou l’arrière d’un pickup, avec quelques coyotes qui gémissent au loin. Et pas question de retoucher les voix, les notes ou de refaire vingt prises. Les trois compères connaissent leurs chansons, leurs guitares n’ont plus de secret pour eux. Alors ils ont fait très peu de prises pour chacune des quinze chansons qui composent 'The Marfa Tapes'. Sans rien couper de leurs petits ratés, de la voix qui s’amuse le temps de trois mots et d’un sourire qu’on imagine franc, des petites réactions qui concluent chaque morceau.
C’est là toute la force de Miranda Lambert, Jack Ingram et Jon Randall : avoir fait de 'The Marfa Tapes' un disque qui n’est pas retouché, qui ne recherche pas la perfection sonore, qui ne recherche pas le tube. Comme si les trois avaient décidé de revenir aux fondamentaux de la country et de la folk music : une guitare, une mélodie, des voix et des textes qui parlent de la terre, des Hommes, du désert, et d’amour (évidemment). Minimaliste oui. Et tellement ample à la fois.
'The Marfa Tapes' est un album qui est un peu dans l’esprit de 'The Wide, Wide River' de James Yorkston and The Second Hand Orchestra, autre grand disque de 2021 enregistré au débotté, sans savoir vraiment où il va et où l’alchimie est comme innée. A la différence près qu’avec Miranda Lambert, Jack Ingram et Jon Randall, tout est beaucoup moins habillé et bien plus rustique. Mais n’en est pas moins touchant et incroyablement sincère. Le genre d’albums one-shot tombés du ciel, au temps suspendu et touchés par la grâce.Un disque pas corseté pour un sou, qui respire et vit. Comme le dit Miranda Lambert à la toute fin de I Don't Like It : « Beautiful... »(Sortie : 7 mai 2021)
Plus : 'The Marfa Tapes' de Jack Ingram, Miranda Lambert et Jon Randall est à l'achat (en vinyle) ici 'The Marfa Tapes' de Jack Ingram, Miranda Lambert et Jon Randall est, notamment, en écoute chez Spotify et Deezer Le documentaire 'The Marfa Tapes', consacré à cet album de Jack Ingram, Miranda Lambert et Jon Randall, est à voir ici
Trois chansons de 'The Marfa Tapes' de Jack Ingram, Miranda Lambert et Jon Randall en écoute. I Don't Like It pour débuter (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer et Youtube). Puis le sublime The Wind's Just Gonna Blow. Et enfin le fun Homegrown Tomatoes :
Trois clips extraits de 'The Marfa Tapes' de Jack Ingram, Miranda Lambert & Jon Randall : Anchor, Tin Man et Am I Right or Amarillo :
'The Marfa Tapes' de Jack Ingram, Miranda Lambert & Jon Randall a également fait l'objet d'un documentaire, dont voici le trailer :
Se donner comme nom de scène Giant Cats dans une époque où les chats sont - encore - un des sujets favoris des internautes relève, si ce n'est de la folie, au moins de la gageure. Mais cela ne semble pas effrayer Matt Williams, américain originaire d'Orange County en Californie et dont 'Giant Cats! Ep' est la première sortie.
Enregistré dans sa chambre et publié chez les écossais d'In Black Records, ce disque compte six morceaux, dont le premier est un remix d'Admlithi de Knock On Koffins, ... la seconde chanson de l'Ep (ce qui n'est pas commun, nous en conviendrons).
Avec une voix sur la tangente, Giant Cats déroule ensuite une indie-pop lo-fi et jangle plutôt séduisante, notamment sur So Far Away (en écoute aujourd'hui), climax de cet Ep, à l'enregistrement frustre, à l'écho dans la voix et au gimmick de guitare pas loin d'être irrésistible.
Album : Giant Cats! Ep Année : 2021 Label : In Black Records
Forcément, Sub Pop allait s'intéresser à eux. C'était presque écrit. Il faut dire que le duo Sweeping Promises avait fort pour un premier album'Hunger for a Way Out'. Composé de Lira Mondal (chant, basse) et Caufield Schnug (guitare, synthé et tout le reste), le duo avait publié un disque de post-punk-art-rock-lo-fi d'une incroyable qualité, catchy à souhait et qui avait été largement salué dans ces pages. Un album dont émergeait notamment Cross Me Out, chanson qui ne demandait rien de moins que de finir dans les oreilles de tout amateur d'indie-rock qui se respecte.
Mais surtout, avec pas moins de neuf (oui 9 !) pressages de 'Hunger for a Way Out', les Sweeping Promises ont fait fort. Rendez-vous compte, plus de 8000 disques vinyles vendus ! Un chiffre colossal pour un label indépendant - fut-il américain.
Les voir sortir un nouveau single chez Sub Pop n'est donc pas une surprise. Et il est tout autant réjouissant de constater que les Sweeping Promises ont la reconnaissance du ventre vu que le morceau est édité en coproduction avec Feel It Records (à eux les États-Unis et le Canada, à Sub Pop le
reste du monde).
Quant à la chanson en elle même, elle s'intitule Pain Without a Touch et reprend peu ou prou là où nous avait laissés 'Hunger For A Way Out'. Orné d'une pochette à la belle iconographie là encore, Pain Without a Touch est un excellent morceau, à la production étouffée, au post-punk sur la jante mais à l'énergie très efficace. Plus que jamais, ces Sweeping Promises iront loin.
Album : - Année : 2021 Label : Feel It Records / Sub Pop
Annoncé à grands renforts de tweets dithyrambiques par Slumberland, le premier album de Chime School était attendu dans ces pages. Et il ne déçoit pas. En tout cas pour tous ceux qui, comme moi, aiment une indie-pop à guitares des années 80, entre jangle et twee-pop, avec une vibe C86.
Toute l'esthétique musicale autant que visuelle est orientée vers cette période. Il n'y a qu'à voir les clips avec ce grain, si ce n'est sépia, au moins passé. Et on ne tombe pas de notre chaise en voyant Andy Pastalaniec, l'Américain derrière Chime School, dans le clip de Taking Time to Tell You jouer devant une moto qu'on dirait être celle du 'Steve McQueen' de Prefab Sprout.
Entre influence américaine (Wait Your Turn et ce côté REM des débuts, en écoute aujourd'hui) et anglaise, 'Chime School' est en tout cas un disque qui ne se pose pas trop de questions, qui alignent les mélodies sur un rythme échevelé et dont la sincérité ne semble pas une seconde feinte.
Album : Chime School Année : 2021 Label : Slumberland Records
Si comme moi, Julien Ribot est un nom qui ne vous dit rien, commençons par le commencement et présentons le bougre. Sachez donc que Julien Ribot, en plus d'être né le 19 mai 1973 à Nice, « est le trisaïeul de Théodule Armand Ribot, créateur de la Revue Philosophique (1876) et auteur de l'Essai sur l'imagination créatrice (1900) ». Voilà pour le point Wikipédia.
Plus prosaïquement, Julien Ribot est surtout un artiste aux multiples facettes, ce qui est peu de le dire vu qu'en plus d'être un auteur-compositeur pour lui ('Do you feel 9?' est son cinquième album) et arrangeur pour les autres, il réalise des films, des clips (dont celui de Son of Mystery d'Orouni) ou encore monte des pièces de théâtre. Tout un programme.
Et donc, quasiment dix ans après 'Songs for Coco', Julien Ribot s'est remis à composer et sort 'Do you feel 9?' chez December Square. Et autant le dire tout de suite, cet album est un petit bijou de pop orchestrale très bien orchestrée et qui n'a pas oubliée ses années 70.
Entièrement chanté en anglais (sauf les quelques mots de la fin du dernier morceau prononcés par une enfant), composé autour de la personnalité et de l'histoire d'un certain Neon Juju, 'Do you feel 9?' est un disque qui va puiser son inspiration chez David Bowie (et pas que sur We Obi Diva, évidente ode à l’œuvre du Thin White Duke), Air ou MGMT, tout en faisant de l’œil aux dernières aventures plutôt symphoniques des Foxygen. On a droit ici une certaine idée de la pop des 70s, léchée et lettrée. On pense aussi aux Polyphonic Spree dès que les choeurs, qu'ils soient d'enfants ou d'adultes, se taillent la part du lion (Hey You Know Wonderland!, Time Is A Fruit et Neon Juju).
Peu d'écoutes (en fait une seule) sont nécessaires pour se rendre compte à quel point Julien Ribot a composé là un album majuscule et ambitieux, aux neuf chansons immédiatement irrésistibles. 'Do you feel 9?' est un disque sidérant de beauté, de classe, qu'il distille entre pop baroque et glam-rock, aidé par quelques invités de marque (Fred Frith à la guitare sur quatre titres ; Jimi
Tenor, croisé au mitan des années 2000 et son époque Kitty-Yo,
qui ramène sa flûte sur Annabelle (Part. I) ; Olivier "O" Marguerit, Barbara Carlotti et Rémi Antoni
d'Orouni qui viennent faire les backing-vocals de Neon Juju ; to name a few...) qui apportent tous leur écot à l’œuvre géniale d'un compositeur génial. D'ailleurs, arrêtons de tourner autour du pot, et ne mentons ni sur la
marchandise ni à nous même : ce disque de Julien Ribot n'est ni plus ni
moins qu'un chef d’œuvre. (Sortie : 29 octobre 2021)
Trois chanson de 'Do You Feel 9?' de Julien Ribot en écoute. Hey You Know Wonderlandet ses choeurs à tomber pour ouvrir le bal (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer et Youtube). Puis, We Obi Diva, chanson hommage à David Bowie (dont le titre est presque l'anagramme). Et enfin la chanson d'ouverture, Do You Feel 9? :
Deux clips tirés de 'Do You Feel 9?' de Julien Ribot. La chanson titre Do You Feel 9? et Hey You Know Wonderland! :
Silencieux depuis six ans, il aura fallu une pandémie mondiale pour voir débarquer les écossais d'Admiral Fallow se remettre à composer et sortir une suite 'Tiny Rewards'. L'album (leur quatrième) s'appelle 'The Idea of You' et vient de sortir chez leurs compatriotes de Chemikal Underground (avec donc, et sans surprise, Paul Savage à la production). Un disque qui prend son temps et déroule de belles mélodies mélancoliques.
Pour autant, de cet album, on retiendra surtout Dragonfly, chanson poussée (et calibrée) comme single en amont de la sortie. Et à raison : chanson la plus enflammée du disque, elle ferait presque regretter le calme (certes relatif) qui règnent dans les huit autres compositions. Car avec son énergie et ses « la lalalalala » communicatifs, ce titre embrasse une pop enlevée, et qui, s'il ne réinvente pas la roue, est sacrément efficace à tout le moins.
Album : The Idea of You Année : 2021 Label : Chemikal Underground
L'arrivée d'Internet a été une malédiction pour l'industrie du disque. Et une bénédiction pour tous ces artistes oubliés qui, il y a vingt, trente ou quarante ans, n'avaient pas su gagner le cœur des auditeurs dans des époques remplies de groupes et d'albums mémorables.
Margo Guryan fait partie, à l'instar de Rodriguez, de cette clique d'artistes dont on aura découvert le talent sur le tard, au tournant du siècle, au détour d'un téléchargement soulseek (c'est mon cas) ou d'une chronique dithyrambique sur un blog spécialisé. Les carcans explosaient et on pouvait enfin se pencher sur tout ce que nous, et nos parents avant nous, avions raté.
Margo Guryan est américaine et auteure d'un seul et unique album, 'Take A Picture', sorti en 1968 en pleine effervescence musicale. Une femme dont le refus de spotlights, et par la même de jouer le jeu de la promotion, lui ont couté une carrière qu'elle ne désirait sans doute pas vraiment. Et pourtant, il y aurait à dire sur ce très beau disque, bien dans son époque, pop autant que baroque, élégant, aux soupçons de jazz et de musique classique et à la mélancolie chantée d'une voix d'ange. Un album pas très loin du merveilleux, superbement mis en musique et grande œuvre de Margo Guryan, qui vient de s'éteindre à 84 ans, de la même manière qu'elle a vécu : en toute discrétion.
Jusque-là, j'avais catalogué le label grec Inner Ear Records dans la catégorie label punk/rock, la faute aux formidables (et aimés dans ces pages) Bazooka et à leurs albums de furieux, dont le dernier était sorti sur le label de Patras. Et puis j'ai découvert Rosey Blue, jeune grecque qui, elle, n'a pas le punk chevillé au corps et l'envie de martyriser des guitares électriques. Rosey Blue préfère plutôt les belles mélodies joliment orchestrées.
'Swans' est son premier disque. Un album assez court (neuf titres, 35 minutes), avec un instrumental à chaque extrémité (le malignement nommé Interlude et sa musique de chambre en ouverture, le fantasque The World en clôture). Entre ces deux morceaux, sept chansons qui naviguent entre pop-rock à l'américaine, quelques brins d'americana, un rien d'acoustique, un titre seventies à souhait (sublime Swans, le seul chanté en grec), quelques cordes pour soutenir la belle voix de Rosey Blue, des passages plus ouvragés ; et deux duos, dont The Moon avec Panos Birbas, membre du groupe hellène Dustbowl. Une chanson comme les deux faces d'une pièce, Rosey Blue chantant en pleine lumière, Panos Birbas restant dans l'ombre à marmonner comme un crooner, pour un résultat charmant et charmeur, où les deux voix se marient de façon évidente et où orgue et trompettes ne font pas que de la figuration. Une très belle chanson d'amour, aux paroles bien trouvées (« And swear with a lie before you go ») et sommet de ce réussi premier album, très bien produit et qui ne manque pas d'ambition.
Album : Swans Année : 2021 Label : Inner Ear Records
Il y a de cela presque cinq ans jour pour jour, lors d'un banal tweet de Dale Grundle sur une chanson du deuxième (et dernier) album des Catchers, je lui avais demandé s'il pensait nous donner des nouvelles de The Sleeping Years, son dernier projet dont l'unique album 'We're Becoming Islands One By One' avait bouleversé à l'époque le fan de pop mélancolique que je suis. Il m'avait répondu qu'il y aurait un second album dans les mois qui arrivaient. Si la nouvelle m'avait empli d'émoi, j'avais vu mes espoirs douchés au cours d'une année 2017 où rien de nouveau n'avait pointé le bout de son nez.
Il aura donc fallu attendre quatre ans de plus pour avoir enfin de nouvelles compositions de la part de Dale Grundle. Alors ce ne sera pas sous l'entité The Sleeping Years mais sous celle de Catchers, groupe discret et auteur en 1995 de 'Mute', un de ces albums qui comptent et qu'on oublie un peu trop souvent de citer lorsque l'on évoque les années 90.
Deux ans donc après la réédition de 'Mute' par Les Disques du 7è Ciel, Catchers s'est mis en tête de revenir avec de nouvelles chansons. Un nouvel album est même envisagé pour 2022. Vu l'échange cité plus haut, on restera donc prudent. Mais pour autant, on ne cachera pas notre plaisir d'écouter Something's Taking Over Me, premier single du groupe depuis 23 ans. Un titre moins Catchers que The Sleeping Years, mais d'une beauté qui manquait. Et puis qu'importe, l'essentiel est ailleurs : les nord-irlandais se sont remis à composer. C'est bien là le principal.
Album : - Année : 2021 Label : The Sleeping Years Records
Sept ans après avoir lancé le projet (Paris SA), quatre ans après avoir sorti leur dernier single (Le Grand Bain), le duo SNGPR (prononcez « Singapour ») remettent le pied à l'étrier et publient La Fille Au Souffle Coupé, premier single de leur premier Ep, 'Rimjhim', à venir le 3 décembre prochain.
SNGPR ou la version 2.0 de Mondrian - groupe aimé de ces pages s'il en est vu que 'Isn't It Fun?', leur premier (et unique) album a vu le jour sous l'étendard Without My Hat Records il y a de cela bientôt neuf ans. Même formation (toujours Les Gordon et Roman Oswald aux manettes) mais ambition musicale moins pop/folk et plus electro pop/pop synthétique. Semble t-il revenus de leurs occupations respectives, SNGPR a donc relancé la machine et tout ceci est prometteur : La Fille Au Souffle Coupé est une bien belle bluette mélancolique, qui ne manque pas de charme pour des retrouvailles. Il faut dire, nous nous sommes tant aimés...
Album : Rimjhim Ep Année : 2021 Label : Morning Crash Records
Chi va piano va sano. Voilà sans doute le nouveau credo de la confrérie norvégienne Team Me qui depuis sa reprise d'activité en 2019 est pour le moins discrète en ne sortant de nouvelles chansons qu'avec parcimonie. Et c'est plutôt dommage tant à chaque nouveau single, on se rappelle à quel point ce groupe a du talent pour composer de belles mélodies de groupe, où chaque voix compte.
Le single de 2021 s'appelle donc Song For A Drummer. Une chanson plus légère que leur Into The Wild de l'an passé et qui elle non plus ne révolutionnera pas le monde de la pop. Mais vu que ce n'est pas ce qu'on leur demande, ce n'est pas très important. Plus simplement, Team Me reprend ici tous les codes du single pour le meilleur : une mélodie légère mais immédiatement attachante, des choeurs qui donnent du corps à l'ensemble pour une chanson rapidement entêtante et qu'on se surprend à fredonner à tue-tête ; en attendant leur prochain single, sans doute prévu pour courant 2022.
Album : - Année : 2021 Label : Propeller Recordings
Après un voyage dans l’Angleterre du Moyen-Âge en 2017 (formidable 'Peasant') puis son négatif en 2020 ('2020' le bien nommé, tout aussi réussi), l'anglais Richard Dawson revient en cette fin d'année 2021 avec un nouvel album, 'Henki', qu'il partagera avec les finlandais de Circle, groupe de trente ans d'âge mené par Jussi Lehtisalo, au roster maintes fois remanié depuis 1991, et dont Dawson est fan.
Un disque que la maison de disque présente en ces quelques termes : « Unlike any metal album you have heard before,
Henki’s seven tracks deal with special plants throughout history, making
it the greatest flora-themed hypno-folk-metal record you’ll hear this
year ». Tout un programme donc, entre fleurs, folk et métal.
Histoire d'annoncer la bête, Richard Dawson et Circle ont à ce jour, en plus de la magnifique pochette, dévoilé deux extraits : Methuselah, où il est effectivement de botanique, et Lily (en écoute aujourd'hui), superbe chanson un rien baroque, pleine de mystères et de fantômes, où couplets (mélodie et chant lourds) et refrain (chœurs et voix haut perchée de Richard Dawson) se répondent avec bonheur. Et entre ces deux chansons et le fait que Richard Dawson est un des artistes les plus intéressants de ces dernières années, on peut être sacrément confiant sur le résultat final. Infusion à déguster le 26 novembre prochain.
Album : Henki Année : 2021 Label : Domino Recordings
Dans le film de Cameron Crowe 'Jerry Maguire', alors que Tom Cruise est en train de déclarer sa flamme à la femme qu'il aime et qu'il essaie de reconquérir, Renée Zellweger le coupe, amoureuse et séduite, et à cette réplique devenue célèbre : « You had me at "Hello" ».
Hé bien pour 'Another Place', Danny George Wilson had me at "Lost Future". En quinze secondes, l'affaire était pliée, entendue. Il a suffi de quelques notes, de cette guitare qui vibre et qui a ce je ne sais quoi de Heroes de David Bowie, pour que j'embarque dans ce bien beau voyage de 40 minutes tout pile, bras dessus bras dessous avec cet anglais à la carrière longue de vingt ans avec les groupes Grand Drive, Bennett Wilson Poole et Danny & The Champions Of The World.
Pour autant, il n'est nullement question des groupes sus-mentionnés. Car 'Another Place' est un album solo de Danny George Wilson - le second de sa carrière et le premier depuis seize ans. Mais avant tout une révélation. Celle d'un sacré songwriter (le mot anglais est très approprié ici) et à la voix belle et stupéfiante. Un timbre et un chant où l'on jurerait entendre Bob Dylan (Heaven For Hiding), Jonathan Donahue de Mercury Rev (I Wanna Tell You) et surtout le regretté Vic Chesnutt - dont l'ombre plane quasiment tout du long.
Naviguant dans un univers pop où divers effets sur la voix l'empêchent d'être lisse et gentillet, où country et folk ne s'en laissent jamais compter, où les mélodies volettent au bras tantôt de guitares électriques nerveuses et de pedal steel chatoyantes, tantôt de guitares acoustiques et délicates, où violoncelle, bruits en tous genres et tout ce qui se rattache de près ou de loin à un piano (piano, piano et clavecin électrique, orgue, mellotron et autre celesta, excusez du peu) sont de la partie, 'Another Place' est un vrai beau voyage qui respire une classe toute anglaise et aux textes à la mélancolie comme sereine.
Sorti chez les toujours délicieux Loose Music - label précieux dont on
oublie trop souvent (et moi le premier) de célébrer les sorties -, aidé dans son œuvre par, entre autres, l'australienne Emma Swift (avec qui Danny George Wilson reprend en duo I Would Be in Love (Anyway) de Frank Sinatra), Gerard Love de Teenage Fanclub et Jeff Tweedy de Wilco (tous deux sur We've Got a Lot to Learn), 'Another Place' est le genre de disque franchement impeccable, aux mélodies soignées, dont les écoutes confirment chaque fois un peu plus la beauté. Et qui donc s'ouvre merveilleusement bien. (Sortie : 15 octobre 2021)
Trois chansons de 'Another Place' de Danny George Wilson en écoute. A tout seigneur tout honneur, débutons par Lost Future, qui ouvre donc parfaitement l'album (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer et Youtube). Puis Right Place, qu'on jurerait chantée par Vic Chesnutt. Et enfin le poppy Heaven for Hiding :
Trois clips de 'Another Place' de Danny George Wilson : We've Got a Lot to Learn (la chanson où viennent dire bonjour Gerry Love et Jeff Tweedy), Heaven For Hiding et I Wanna Tell You et ses faux-airs de Mercury Rev :