Alors oui, je sais, on vous a sûrement déjà ressassé les oreilles avec cet album là. A quoi bon donc en parler dans ces pages alors que 2017 a ouvert ses bras et que 'Teens of Denial' est sorti en juillet 2016 ? Parce qu'il mérite qu'on en dise à nouveau le plus grand bien. Et parce que des albums comme cela, on n'en trouve pas à tous les coins d'un label.
Mais qui sont donc les Car Seat Headrest ? Avant tout, ce groupe est le projet d'un seul homme Will Toledo, jeune et prolifique américain de 24 ans, qui a enregistré en l'espace de 3 ans pas moins de 11 albums dans son coin (et tous en écoute sur bandcamp, voir plus bas). Des disques lo-fi et brinquebalant, entre bedroom pop et garage-car (oui, certains de ces disques ont été enregistrés dans sa voiture, d'où Car Seat Headrest, littéralement « appuie-tête de voiture »), évidemment très Do It Yourself.
Repéré par Chris Lombardi de Matador Records (excusez du peu), Will Toledo signe en 2014 sur le label des Yo La Tengo, Liz Phair et autres Pavement. Mais Matador veut faire les choses bien et croit beaucoup en son nouveau poulain - et il y a de quoi. Ainsi, plutôt que brûler tout le potentiel du bonhomme et histoire de présenter à un plus large public, il le laisse ré-enregistrer à l'automne 2015 certaines de ses premières compositions. 'Teens of Style' parait, le disque ne souffre pas d'avoir perdu son côté DIY et le garçon se fait un nom. Car Seat Headrest s'enrichit alors de trois membres pour donner plus de corps à sa musique et à ses ambitions et embraye un an plus tard avec son premier album pour un label, 'Teens of Denial'.
Prévu en mai dernier, il voit sa sortie repoussée à cause d'un Rick Ocasek (leader de The Cars) pas vraiment complice qui lui reproche un sample non-clearé de son titre Just What I Needed (et ce n'est pourtant pas faute à Matador et à Car Seat Headrest d'avoir fait les démarches en ce sens, de longs mois avant). Rappel de tous les disques déjà envoyés à travers tout le pays, destruction de ceux-ci, réenregistrement et changement de titre pour la chanson incriminée (de Just What I Wanted/Not Just What I Needed, elle devient Not Just What I Needed, même si l'influence reste manifeste). Deux mois plus tard, 'Teens of Denial' voit officiellement le jour. Et met une baffe à beaucoup, et en premier lieu à l'auteur de ses lignes.
En 12 titres, Car Seat Headrest, porté par une production moins lo-fi que ses précédents enregistrements et particulièrement bien vue, assène dès les premières secondes de l'album un riff diabolique qui donne le ton (Fill in the Blank). La suite ne dévie pas de la trajectoire. Étirant ses morceaux comme jamais sans pour autant les rendre ennuyeux ou sans arriver à leur trouver une porte de sortie, Car Seat Headrest affiche ses ambitions, rappelle à lui Pavement (Destroyed by Hippie Powers notamment mais pas que), Nada Surf (la construction de Drunk Drivers / Killer Whales et cette façon d'amener et d'hurler le refrain), Sebadoh et autres groupes du genre. Il en profite même pour piquer aux Doors la guitare de leur L.A. Woman (Connect the Dots (The Saga of Frank Sinatra)).
Contant avec une voix trainante des histoires d'une jeunesse désabusée, qui s'ennuie, qui s'emmerde, qui se foire et qui ne trouve même plus son remède dans l'alcool et la drogue, Car Seat Headrest compose ici aussi bien des hymnes rock (Drunk Drivers / Killer Whales) que des balades à fredonner à tue-tête (fameux « drugs are better, drugs are better with friends are better, friends are better with drugs... » sur (Joe Gets Kicked Out of School for Using) Drugs With Friends (But Says This Isn't a Problem) ou tout simplement tuantes (les 11mns parfaites de The Ballad of Costa Concordia qui rappelle Okkervil River dans sa première partie).
Brillant album, à tous les niveaux, 'Teens of Denial' est une vraie révélation pour votre serviteur. Sans doute le disque le plus écouté 2016, cet album de Car Seat Headrest pose toutefois quelques questions : ce projet restera t-il celui de Will Toledo qui, tel un Eels, ferait tourner les membres autour de lui ? Intitulera t-il tous ses prochains albums Teens quelque-chose ? Quand reviendra t-il ? Après 12 albums et une compilation, a-t-il encore des choses à dire ?
Une chose est sûre cependant : quoi qu'il en dise sur les derniers mots de Joe Goes To School qui cloture ce 'Teens of Denial', Car Seat Hedarest n'est en aucun cas une simple « tourist attraction ». J'ai même comme l'impression qu'on vient d'en prendre pour un moment. Tant
mieux. (Sortie : 20 mai 2016)
Son :
'Teens of Denial' de Car Seat Headrest est en écoute (partielle) sur le bandcamp du groupe
'Teens of Denial' de Car Seat Headrest est à l'achat, toujours sur le bandcamp du groupe
Les 11 premiers efforts de Car Seat Headrest sont en écoute sur son bandcamp
On y trouve également la « compilation » 'Teens of Style'
Enfin, pour en savoir plus sur l'histoire de Car Seat Headrest, pré 'Teens of Denial', cet article de Rolling Stones US est à lire.
Beaucoup de choses à écouter aujourd'hui et à voir de ce 'Teens of Denial' de Car Seat Headrest. Tout d'abord, Drunk Drivers / Killer Whales, hit en puissance (en écoute également dans les lecteurs Spotify et Deezer à gauche). Ensuite, Vincent et son intro parfaite.
Pas plus de titres de disponibles sur le bandcamp de Car Seat Headrest ? Rabattons nous donc sur les clips. Tout d'abord Fill in The Blank qui ouvre parfaitement ce 'Teens of Denial' (ah ce riff) :
Ensuite, le clip de Drunk Drivers / Killers Whales, longue balade sur le bitume et sur l'eau :
Enfin, le clip de Vincent, évidemment édité (l'originale fait 7'45'', voir plus haut) :
2 commentaires:
j'avais zappé ce billet ;) mais CloudNothing m'a fait y retourner
Drunk Drivers est excellent, j'écoute le reste !
Ah ben je veux bien ton retour là dessus oui !
Ce disque tourne toujours et est toujours aussi parfait, même pas trop long !
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